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Le sexisme, le féminisme et Ségolène Royal

Publie le dimanche 19 novembre 2006 par Open-Publishing
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de Clotilde Monteiro

Des femmes politiques et une féministe se prononcent sur l’action et les idées de Ségolène Royal relatives aux femmes, et sur les attaques dont la candidate à l’investiture socialiste est l’objet.

« Est-ce qu’on dirait ça d’un homme ? », c’est la question renvoyée par Ségolène Royal aux deux journalistes (masculins) de Ouest-France qui lui demandaient, le 31 octobre dernier, si elle était « autoritaire, voire cassante », comme l’affirment « certains de ses adversaires ». La candidate à la candidature socialiste pour la présidentielle de 2007 avait commencé par répondre : « Je ne pense pas être cassante, je suis exigeante. Peut-être y a-t-il aussi dans cette critique une dimension sexiste. » Depuis que les sondages l’ont rendue populaire, l’actuelle présidente de la région Poitou-Charentes fait l’objet de critiques ayant parfois à voir avec le fait qu’elle est une femme. Que pensent les femmes de ces difficultés supplémentaires qui leur sont imposées dès lors qu’elles évoluent dans un univers majoritairement masculin, voire machiste ? Qu’elles soient femmes politiques ou éminente féministe, l’ensemble de leurs points de vue, parfois antagonistes, donne la mesure de la complexité de la réponse, et pose la question du « féminisme » de Ségolène Royal.

Michèle Sabban, vice-présidente du conseil régional d’Île-de-France, juge sévèrement la nature de la réponse faite par Ségolène Royal à Ouest-France. Elle estime qu’« en récusant son autoritarisme, Ségolène Royal joue avec une certaine représentation de la femme. Louise Michel ou Indira Gandhi étaient des femmes autoritaires et l’assumaient. Pourquoi une femme dans l’exercice du pouvoir devrait-elle véhiculer une inévitable image maternante, qui serait implicitement le propre de toute femme ? » Cette proche de Dominique Strauss-Kahn reproche à la présidente de Poitou-Charentes de prôner le concept « travail, famille, maison » et de ne pas porter le combat féministe. Par conséquent, Michèle Sabban a décidé avec certaines élues socialistes, telles qu’Annick Lepetit et Anne Hidalgo, de soumettre le 24 novembre, au lendemain de l’investiture, au candidat ou à la candidate élu(e), cinquante questions relatives aux femmes et à la santé, élaborées « avec un panel de militantes et de militants socialistes ».

Si Laurence Rossignol, chargée des droits des femmes au Parti socialiste et vice-présidente de la Région Picardie, approuve la candidature d’une femme aux plus hautes fonctions de l’État, elle ne manque pas de porter un regard critique sur les positions de la candidate à l’investiture. Selon cette proche de Laurent Fabius, Ségolène Royal se situe « en dehors du combat féministe et s’est construite en marge de la confrontation collective du parti, d’où un parcours solitaire plus que solidaire ». Ce qui explique qu’elle « se positionne davantage sur un plan féminin que féministe ». Ces réserves n’empêchent pas Laurence Rossignol d’approuver sa réponse aux journalistes de Ouest-France, réponse qu’elle ne juge pas essentialiste. Elle préfère souligner la nature sexiste de ces attaques « récurrentes » dirigées contre les femmes qui briguent ou exercent un pouvoir majoritairement détenu par des hommes : « Cette question était clairement destinée à obliger Ségolène Royal à se justifier en tant que femme, il était donc tout à fait légitime de sa part de répondre sur ce registre. »

La chargée des droits des femmes au PS impute malgré tout une part de la responsabilité à Ségolène Royal, qui, selon elle, prête le flanc à ce type d’attaques en prétendant faire de la politique autrement, au seul motif qu’elle est une femme : « Quand elle parle de démocratie participative, dans l’implicite, celle-ci propose une alternative personnelle à la politique faite par des hommes et à la crise démocratique. » D’où l’importance de critiquer Ségolène Royal sur le projet politique dont elle est porteuse, qui « a pour objectif, non formulé par elle-même mais clairement par son entourage, de transcender le clivage droite/gauche ». Laurence Rossignol ajoute que ces attaques sexistes ne font pas avancer le débat : « Ceux qui cherchent à déstabiliser Ségolène Royal devraient plutôt lui demander ce qu’elle pense, par exemple, de l’allocation parentale d’éducation, comme d’autres dispositifs de la politique de la famille, qui contribuent à maintenir à l’écart du monde du travail des milliers de femmes. »

Lire la suite dans Politis n° 926

(1) Elle fut l’une des huit militantes qui déposèrent, en août 1970, une gerbe sous l’Arc de triomphe en l’honneur de la femme du soldat inconnu (acte fondateur du MLF) et une des fondatrices, avec Simone de Beauvoir, de la revue Nouvelles Questions féministes, qui existe toujours.

Messages

  • Une vision du monde dans laquelle les opposé(e)s de sont pas conçu(e)s comme complémentaires conduit inevitablement à ce constat.
    Il reste cependant que, dans les comportements de la majorité des représentant(e)s ou élu(e)s de ce que l’ on a coutume de nommer la "gauche", y compris au niveau associatif, l’ autoritarisme a de beaux jours devant lui....qu’ il s’ agisse de défendre des territoires réels ou symboliques, il y a tjrs ququ’un(e) pour incarner la doxa, la défendre en se drapant dans des suffrages, des sondages ou tout autre justification, un peu comme un(e) voyageur(e) de commerce collectionne les facturettes d’ hôtels ou de restaurant pour se faire rembourser. "Ne prends pas avantage sur ce que tu connais, et je ne prendrais pas avantage sur ce que tu ignores" nous dit Andrée Chedid dans l’ Autre.
    Donc on s’ approprie : les idées, les comportements, les trucs à la mode, les crapauds sonores à dose de venin pour jouer à "prête-moi ton camion de pompier dans le bac à sable de la maternelle existentielle". Et pendant ce temps, des êtres humains meurent alors que nous avons enfin les moyens d ’assurer la survie de tous .......
    on nous demande de faire des "sacrifices" comme autrefois "sa courtoise suffisance" nous le demandait, le mot revient même dans le discours d’ un candidat à la redaction en chef de Libé. Et toujours en filigrane, le même autoritarisme qui pointe son nez......file droit , fais tes preuves, montre ton mérite (à gauche comme à droite), et pendant ce temps des êtres humains meurent.alors que nous avons enfin les moyens d ’assurer la survie de tous ......
    fermons vite la porte car celui-là, celle-là a trop de talent, il va me piquer ma place, mon plaçou, dirait-on en Corrèze....et pendant ce temps des êtres humains meurent alors que nous avons enfin les moyens d ’assurer la survie de tous ......
    les psychorigides, nous en connaissons tous, à droite comme à gauche, la psychorigidité n’ a pas de genre non plus, la psychorigidité est la partie immergée de l’ iceberg de l’ autoritarisme, et pendant ce temps des êtres humains meurent alors que nous avons enfin les moyens d ’assurer la survie de tous
    Ni l’ apanage des hommes, ni l’ apanage des femmes, la psychorigidité commence dans le bac à sable de la maternelle existentielle, se poursuit en combattant les rêves de nos petits frères et soeurs, en détruisant toute la beauté de leur monde de surréalité, oui, vous savez, cette frontière entre le rêve et la réalité, c’est ça le surréalisme, le vrai (relisons Breton).
    Puis, notre educastration se poursuit, en ingurgitant les rudiments de la competition, premier, tu dois être premier, toujours le premier.....fais plaisir à ton papa, fais plaisir à ta maman (analyse transactionnelle) et plus tard, tu feras plaisir à ton homme, à ta femme, à ton patron.....Pavlov, nous sommes tou(te)s soumis(es) à la répétition des mêmes stimulis, jours aprés jours et ça marche....tout le monde veut être le premier, le président.....et pendant ce temps des êtres humains meurent alors que nous avons enfin les moyens d ’assurer la survie de tous .
    quand on pense au nombre de présidents dans ce pays, on a le vertige, vu du bas de l’ iceberg de la psychorigidité autoritaire (pardonnez le pléonasme).
    Et pourtant, la coopération est notre seul espoir de retrouver une humanité qui doit commencer par ABOLIR TOUTE PRECARITE DE LA SURFACE DE LA TERRE, voilà c’est pas compliqué.
    Chez les femmes, il faut lire Starhawk et Arhundaty Roy (y compris sa lettre à Indira Gandhi sur le sujet de la bombe nucléaire) et bien d’ autres, mais ne surtout pas tomber dans le piège que la Femme aurait une vision plus comme ça ou comme ci.
    La connerie comme l’ autoritarisme n’ a pas de genre, quand à l’élue interne d u PS, je ne l’ évoquerai même pas ici, c’est assez dire le peu d’ influence qu’ elle va avoir sur la lutte contre la précarité.
    (re)lisons Fourier dont la pensée est bien antérieure à celle de Marx, por favor !
    sem medo de ser feliz ,o povo unido jamais sera vencido (sans peur d’ être heureux, le peuple uni ne sera jamais vaincu)
    Sam Telam