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Le show du soldat Kerry

Publie le dimanche 1er août 2004 par Open-Publishing

de JEAN-COSME DELALOYE

Dans son discours de clôture de la convention démocrate jeudi soir, le candidat a promis de rendre l’« Amérique plus forte chez elle et respectée dans le monde ».

Tout ne s’est pas passé comme prévu. La pluie de 100 000 ballons bleus, blancs, rouges qui aurait dû s’abattre sur l’assistance à l’issue du discours de John Kerry jeudi soir s’est résumée à une série d’« averses » occasionnelles. Les téléspectateurs de CNN ont même pu entendre le maître de cérémonie laisser libre cours à sa détresse et injurier ces ballons récalcitrants. Sueurs froides dans le camp de Kerry. Ce demi-couac en rappelle alors soudainement un autre. Lors de la convention démocrate en 1980, Jimmy Carter avait vainement attendu que les ballons lui tombent sur la tête. Il avait été par la suite battu par Ronald Reagan.

Chuck Berry sollicité
Bien loin de ces superstitions, les supporters de « JK » ont célébré dans un Fleet Center bondé la performance de leur candidat à la présidence. Quatre jours qu’ils attendaient ce moment avec une petite pointe d’appréhension. Du coup, ils se laissent aller sur Johnny B. Goode, chanson de Chuck Berry au refrain de circonstance :« Go Johnny Go ! » (Vas-y Johnny, vas-y !).

« John Kerry a passé le test avec panache ! » jubile Sheila Smoot. Dans cet Etat du Sud, Kerry est donné largement perdant face à George Bush. Mais pour Sheila, peu importe. La déléguée afro-américaine de l’Alabama va quitter Boston avec un espoir tout neuf : « Kerry a jusqu’ici ignoré le Sud, explique-t-elle de sa voix lancinante. Mais j’espère qu’il va venir chez nous, car avec des propos comme ceux de ce soir, il peut convaincre des électeurs plus conservateurs. » Tim Reese, délégué de l’Oklahoma, un autre Etat donné comme perdu pour Kerry, acquiesce : « Je rentre chez mois très heureux. Le sénateur va marquer des points dans ma région. »

John Kerry a évolué jeudi sur un terrain teinté de patriotisme avec un discours construit autour de ses faits d’armes au Vietnam. Il s’est présenté comme un leader militaire, fort et décidé en matière de sécurité nationale : « Je n’hésiterai jamais à user de la force si c’est nécessaire », a-t-il martelé. Il a aussi attaqué George Bush de front sur l’Irak. Il a estimé que les Etats-Unis ne doivent jamais entrer en guerre « parce que nous le voulons, mais parce que nous le devons » et promis de rétablir la crédibilité de l’Amérique dans le monde. Ovationné par des milliers de délégués Kerry n’a en revanche pas trouvé grâce aux yeux des grands journaux américains. Le Washington Post parle « d’opportunité manquée » et lui reproche son absence de plan spécifique pour l’Irak. Le New York Times estime pour sa part que Kerry a bien expliqué sa stratégie dans la guerre contre la terreur, mais critique le candidat démocrate pour n’avoir pas admis que son soutien initial à la guerre en Irak était une erreur.

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