Le vieil homme et le porc

photo Laura Rauch

Hier, 6 juin, un américain bien dans sa peau était en Normandie, en compagnie d’un autre personnage plus petit et plus nerveux et de quelques autres.

Il s’agissait, pour les uns, de se souvenir de tous ces hommes ordinaires broyés, il y a 65 ans, dans la grande boucherie à l’enseigne du capital et du fascisme.
Il s’agissait pour les autres de se montrer, tout simplement.

Je n’aime guère les cérémonies où l’on préfère le tir au canon à l’envol de colombes et où ne manquent que les slogans publicitaires des marchands d’armes.
Les uniformes sont au mieux ridicules. Au pire, ce sont les fascistes qui les portent le mieux.
Mais il se trouve qu’une guerre coloniale a tué mon frère à 22 ans. Je n’ai pas oublié les spahis en tenue d’apparat tirant une salve sur sa tombe, les décorations à titre posthume et surtout ces mots mensongers « Mort pour la France » .
Pour cela, je pense à ces hommes sous les croix blanches, je pense aux guerres possibles quand l’histoire des intérêts se répète, crise, guerre, crise, guerre ...
... ... et j’écris ces mots parce qu’hier, 6 juin 2009, le grand homme sympathique a oublié de se recueillir devant l’une de ces tombes, erreur de communication peut-être.
... ... mais c’est une autre image qui justifie ce titre : on a pu voir l’autre, le plus petit et plus nerveux serrer la main d’un vieil homme dans un fauteuil roulant, ... sans même le regarder.