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Le virage ultradroitier de Nicolas Sarkozy

Publie le dimanche 15 avril 2007 par Open-Publishing
3 commentaires

de Joëlle Meskens

"Sarkozy est un candidat de l’immigration", dit le leader du FN, en faisant allusion aux origines hongroises du candidat de l’UMP.

A en croire Nicolas Sarkozy, son engagement reposerait sur une idée force : une droite "décomplexée" serait le meilleur moyen d’assécher le terreau de l’extrémisme. A écouter Jean-Marie Le Pen, Nicolas Sarkozy ne serait qu’un "imposteur".

Mais si, sous ces échanges d’amabilités, se cachait un dangereux pas de deux ?

La question se pose désormais ouvertement. Le leader du Front national le dit très explicitement. Avec Nicolas Sarkozy, il n’a aucun contentieux personnel comme il en avait un avec Jacques Chirac. Il ajoute : "C’est une ère nouvelle". Jean-Marie Le Pen assure avoir déjà rencontré plusieurs fois l’ancien ministre de l’Intérieur. Des entretiens toujours "courtois" précise-t-il. Et d’indiquer qu’il n’exclut pas de lui téléphoner entre les deux tours de l’élection présidentielle.

Un pacte serait-il à l’ordre du jour entre les deux hommes ? L’hypothèse fait frémir. Hormis la tentation de quelques-uns, lors des régionales de 1998, de s’allier avec l’extrême droite, jamais les représentants de la droite classique ne se sont jetés dans les bras du Front national.

Nicolas Sarkozy démentira évidemment avec la plus grande énergie. Toujours est-il que ses lieutenants laissent entrevoir des signes inquiétants. Brice Hortefeux, l’un des plus fidèles de Nicolas Sarkozy, a proposé hier d’introduire une dose de proportionnelle dans le mode de scrutin. « Une soixantaine de députés sur cinq cent septante-sept », suggère-t-il. Une telle réforme n’a évidemment rien de choquant en soi. D’ailleurs, bien des partis démocratiques la revendiquent, en arguant qu’il n’est pas normal que des formations qui représentent un poids considérable dans l’opinion ne soient pas représentées au Parlement. Mais ce qui surprend, c’est ce soudain changement de cap dans le fait de l’UMP. Quand on sait que c’est l’une des plus lancinantes revendications de Jean-Marie Le Pen...

Les porte-parole de Nicolas Sarkozy se sont efforcés hier de circonscrire l’incendie. Les propos de Brice Hortefeux n’engageraient que lui. Mais le fait même que ses propos soient aussitôt interprétés comme un geste d’ouverture envers le FN en dit long sur le climat.

C’est que ce n’est pas le premier signe de la fin de la glaciation. Durant la précampagne déjà, alors que Jean-Marie Le Pen peinait à recueillir les 500 parrainages nécessaires à sa candidature, Nicolas Sarkozy lui avait offert un coup de pouce. Il avait alors conseillé aux maires sans étiquette de parrainer des candidats en difficulté, par souci démocratique. La tactique avait alors semblé répondre à un calcul : ne pas froisser les électeurs de Le Pen, qui se seraient vengés sur le candidat de l’UMP.

Ces signes seraient sans doute passés davantage inaperçus si Nicolas Sarkozy lui-même n’avait pas entamé un virage ultradroitier dans le courant de sa campagne. Durant ces cinq années au gouvernement, il avait toujours veillé à suivre une stratégie très fine. A chaque mesure droitière correspondait à peu près une ouverture à gauche. Il fermait Sangatte ? Oui, mais il supprimait par la même occasion la double peine. Il voulait tarir la source de l’immigration ? Oui, mais il se prononçait en même temps pour la discrimination positive.

Dans la course à l’Elysée, la tactique du balancier a disparu. Ou elle n’existe plus que dans la sémantique. Sarkozy cite Jaurès et Blum. Mais ses discours penchent clairement à la droite de la droite. « Je suis de ceux qui pensent que la France n’a pas à rougir de son histoire. Elle n’a pas commis de génocide. Elle n’a pas inventé la solution finale. » Comme s’il faisait mine d’oublier, en exaltant la résistance et les droits de l’homme, la France de Vichy.

Depuis François Mitterrand qui, en introduisant en 1986 une dose de proportionnelle, avait ouvert les portes de l’Assemblée nationale à des élus frontistes, on reprochait à la gauche d’avoir créé, puis d’avoir instrumentalisé le Front National. Depuis, le FN n’avait plus jamais cessé de gêner la droite classique, notamment en maintenant des candidats au second tour des législatives dans des « triangulaires » souvent favorables au final à la gauche.

Droite classique et droite extrême n’excluraient-elles plus de s’entendre lors de ces élections ? La réponse ne tardera pas. Les législatives auront lieu un mois à peine après les présidentielles, les 10 et 17 juin.

http://www.lesoir.be/dossiers/presidentielles/sarko/article_522711.shtml

Messages

  • Avec Sarko(sy)-NON MERCI (et le pen, ma grand mere bretonne doit se retourner dans sa tombe !) TOUT non, si TOUT DEVIENT POSSIBLE ! les parti sont interdits (sauf le sien, les syndicats sont abolis etc etc ... alors ATTENTION , gauchiste leve toi au 1 et freine sarko au 2. QUAND ON REUNIT LA GAUCHE DANS UN PARTI, A GAUCHE DU PS ? (CE SIECLE CI OU LE PROCHAIN !) salut jean francois dieux, bonjour de l´autre cote du Rhin et bella ciao aux amis coco de la "botte italienne" (Zidane ne c´est toujours pas excuse, je crois que le football lui est monte a la tete, et il a confondu JUSTICE ET VENGEANCE (ou justice soit meme) , mais a certains footballeurs IL NE FAUT PAS TROP LEUR EN DEMANDER ! Moi je m´excuse pour lui . On prendra les millions a ceux qui en on trop, je ne regarderai pas leur nationalite, car leur nationalite c´est le CAPITALISME ! ), j´ai mal a ma gauche Francaise ! Alors apres le 6 mai , on est ensemble DANS UN SEUL PARTI GAUCHE !?

  • Mobilisons-nous tous pour faire échec à l’apprenti-dictateur qui s’apprête à prendre les rênes du pays. Nous avons tous (et tout) à perdre dans cette affaire, à commencer par nos libertés.
    Une fois débarrassés de ce poison, poursuivons le mouvement pour construire à la gauche de la gauche une force politique unifiée, et donc plus forte, qui portera haut les couleurs de l’altermondialisme, de la solidarité et de la liberté.

  • La droite n’aurait jamais pactisé avec le FN ? Cette journaliste a la mémoire courte. Le premier coup médiatique du FN, ce fut l’affaire de Dreux, quand la liste RPR/UDF a fusionné avec la liste FN, lors de l’élection partielle de septembre 1983, sous les applaudissements de presque tous les chefs de la droite (exceptés Simone Veil, Bernard Stasi et Raymond Barre). En 1985, droite et FN se sont entendues pour les élections cantonales. En 1986, pas moins de sept présidents de région ont été élus grâce au FN, avec l’approbation des directions de l’UDF et du RPR, à l’époque. Toujours en 1986, le CNI, petit satellite du RPR, a fait liste commune aux élections législatives avec le FN, dans trois départements. Trois députés CNI furent ainsi apparentés FN, cependant que deux autres étaient apparentés RPR. En 1988, droite et FN ont noué un accord de désistement réciproque pour les élections législatives : le RPR et l’UDF soutenaient les neuf candidats FN arrivés en tête de la droite (dont un certain Jean-Marie Le Pen), et, en échange, le FN appelait à voter pour les candidats RPR/UDF dans toutes les autres circonscriptions (il n’y eut que trois triangulaires). En 1989, droite et FN firent liste commune dans plusieurs dizaines de villes.