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Le vrai visage de " la mondialisation heureuse " (titre d’un livre d’Alain Minc)
Publie le vendredi 16 mai 2008 par Open-Publishing9 commentaires
« La généralisation du modèle occidental de croissance et l’émergence de nouveaux pays avides de dépenser et de jouir nous conduisent à de redoutables impasses. Le rêve des Chinois (comme le nôtre, comme celui des Indiens et des autres) consiste à consommer. Je le déplore, mais c’est ainsi. Où cela nous mène-t-il ?
Le Earth Policy Institute (EPI), de Washington, s’est livré à quelques calculs amusants. Si la croissance de l’économie chinoise se poursuivait au rythme actuel (10 % par an), les Chinois rattraperaient les Américains en 2030, avec un revenu annuel per capita de 38 000 dollars. La Chine serait alors peuplée d’un milliard quatre cent cinquante millions d’habitants et on y verrait pétarader un milliard cent millions d’automobiles – alors qu’il en existe huit cents millions aujourd’hui sur la Terre. D’où sortirait le carburant ? A quel prix les citoyens de Pékin ou de Canton feraient-ils le plein ?
Dans la même hypothèse de « rattrapage », la Chine émettrait, en 2030, deux fois plus de gaz à effet de serre que le reste du monde. Elle consommerait plus de papier que toutes les forêts de la Terre n’en pourraient offrir. Elle absorberait les quatre cinquièmes de la production actuelle de viande et les deux tiers de celle de céréales…
Supposons que l’Inde s’y mette avec la même hargne. Et tous les pays sous-développés…
Abracadabrantesques perspectives…
Mortelles illusions de l’économie de marché et de la sacro-sainte « politique de croissance » !
A mes yeux, une chose est sûre. Avant d’en arriver à de telles absurdités, nous nous serons entre-tués. Nous nous serons massacrés les uns les autres pour le pétrole, l’eau, les minerais, le bois, le dernier poisson, la dernière baleine, bref pour tout ce que nous appelons nos « richesses naturelles » ou nos « ressources ».
Nous nous comportons comme des goinfres. Nous incarnons d’insatiables gloutons. Nous sommes les seuls vrais parasites de la planète…Nous dévorons le monde sans regarder au-delà de notre jardin, de notre rue, de notre compte en banque, de notre cours de bourse ou de la prochaine élection. »
(Yves Paccalet)
Messages
1. Le vrai visage de " la mondialisation heureuse " (titre d’un livre d’Alain Minc), 17 mai 2008, 07:58
tout cela est globalement juste. Mais ce qui importe, à moins d’y voir quelque vice naturel ou une défaillance psychologique,c’est d’en comprendre la genèse, la force objective. "c’est l’existence réelle qui détermine la conscience"
1. Le vrai visage de " la mondialisation heureuse " (titre d’un livre d’Alain Minc), 17 mai 2008, 09:43
"""
c’est l’existence réelle qui détermine la conscience"
""
ce n’est pas une vérité quasi automatique et valable à 100%
l’existence réelle ne pemet pas d’expliquer que des millions d’esclaves n’ont pas suivi Spartacus,que des manants en vendée ont fourni la pietaille aux nobles,contre la révolution de 1789,et que des millions de salariés voté Sarko en 2007 .
Oui une dimension morale doit necéssairement être à l’oeuvre pour s’engager ,la nécéssité économique,la vie réelle étant insuffisante et surtout assez dégradante pour l’éspece humaine.
mais peut être dans l’existence réelle y a t il le souci d’autrui existant et à venir.
il manque une dimension "psychologique" à l’explication par la contrainte de l’existence réelle,pour expliquer l’histoire humaine
.
Damien
2. Le vrai visage de " la mondialisation heureuse " (titre d’un livre d’Alain Minc), 17 mai 2008, 14:19
Je crois qu’il est nécessaire de revenir aux textes et ne pas tronquer leur contenu en fonction des convenances.
Marx dans l’Idéologie allemande (p.20-21) dit clairement :
"La propagation des idées, des représentations et de la conscience est d’abord directement et intimement mêlée à l’activité matérielle et au commerce matériel des hommes, elle est le langage de la vie réelle [...]
Ce sont les hommes qui sont producteurs de leurs représentations, de leurs idées, mais les hommes réels, agissants, tels qu’ils sont conditionnés par un développement déterminé de leurs forces productives et du mode de relations qui y correspond, y compris les formes les plus larges que celles-ci peuvent prendre. [...]
Autrement dit, on ne part pas de ce que les hommes disent, s’imaginent, se représentent, ni non plus de ce qu’ils sont dans les paroles, la pensée, l’imagination et la représentation d’autrui, pour aboutir ensuite aux hommes en chair et en os ; non, on part des hommes dans leur activité réelle ; c’est à partir de leur processus de vie réel que l’on représente aussi le développement des reflets et des échos idéologiques de ce processus vital. [...]
[...] ce sont [...] les hommes qui, en développant leur production matérielle et leurs rapports matériels, transforment, avec cette réalité qui leur est propre, et leur pensée et les produits de leur pensée. Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience."
C’est plus clair, non ?
JeanNimes
3. Le vrai visage de " la mondialisation heureuse " (titre d’un livre d’Alain Minc), 17 mai 2008, 18:34
oui c’est clair jean nimes,et je suis bien de cet avis,cependant je maintiens ma remarque .
En effet l’existence réelle determinant,les représentations,les idées qui font que la conscience n’en est que le produit n’explique pas loin s’en faut les echecs,les reculs,les périodes historiques tragiques qui d’apres cette thése devrait fournir du carburant à la conscience pour s’ériger en volonté de changement .
une théorie qui ne s’enracine pas dans le vecu ,qui ne reste qu’explicative apres coup,ne suffit plus.
bien sûr que les conditions historiques ,la réalité économique induisent telles ou telles représentation ,telle idée plutôt que telle autre,cependant depuis quelques millenaires l’exigence tourne autour de l’egalité ,de la liberté,de refus de l’oppression et cela sous l’antiquité,le moyen age,et le capitalisme
les conditions relles d’existences différentes produisent bien des représentations quasi identiques.
il est donc possible qu’il faille compléter la pensée de Marx par une avancée d’ordre" psychologique" qui rende compte des disparités dans l’avénement de répresentation différentes malgré une même réalite historique et d’autre part de la permanence de réprésentation à travers les périodes historiques différentes .
suis je clair ???
Damien
4. Le vrai visage de " la mondialisation heureuse " (titre d’un livre d’Alain Minc), 17 mai 2008, 23:42
La question si j’ai bien compris, c’est : pourquoi des personnes qui ont objectivement intérêt à participer à la transformation des rapports sociaux ne le font-elles pas ?
Deux grandes raisons qui sont différentes et qui se complètent, malheureusement !
1/ Les personnes ne peuvent le faire que si les conditions matérielles du changement sont présentes... Sinon la transformation est volontariste et achoppe toujours sur le fait que les hommes ne sont pas "nouveaux", prêts à assumer la nouveauté des rapports sociaux.
2/ Les personnes ne veulent pas le faire parce qu’elles n’imaginent pas concrètement comment la situation nouvelle leur sera vraiment favorable. Ce qui implique que des essais, des expériences, soient tentés et qu’ils soient à l’évidence positifs pour ceux qui y participent et que ceux-ci parviennent à convaincre les autres que ça peut marcher.
C’est la raison pour laquelle, le grand soir qui précède les lendemains qui chantent est une mystification.
Et que le secret de la transformation sociale n’est pas dans la psychologie... sinon cela aurait changé depuis longtemps !
Toutefois, cela ne veut pas dire que pour chaque personne, une transformation psychologique ne soit pas nécessaire... elle accompagne la transformation sociale (en général dans les moments où l’histoire évolue plus vite, les personnes impliquées ressentent une exaltation parce qu’il y a une sorte de synchronisation des durées vécues individuelles sur le mouvement de l’histoire).
JeanNîmes
5. Le vrai visage de " la mondialisation heureuse " (titre d’un livre d’Alain Minc), 18 mai 2008, 10:34
tu as bien compris une partie de la question
celle de la non adhésion à un mouvement permettant le changement améliroant notablement leur situation ,des victimes d’un systeme economique
bien évidemment il faut que les conditions matérielles existent mais elles existent bien puisque déja une partie énorme des victimes se souléve ,ansi ,les armées de spartacus,la révolution française ,mais pourtant une partie non négligeable vivant bien les mêmes conditions matérielles ne participent pas à ca mouvement et même le combat (chouannerie)
la mauvaise appréciation du devenir de leur sort apres ce changement n’est qu’une illustration du probléme ,mais aussi une réponse.
mais la question de fond est bien celle ci :
pour une période donnée,des conditions objectives identiques,les représentations ne sont PAS identiques pour des populations identiques
de plus à époque historique différentes,conditions matérielles différentes ,il y a bien représentations identiques pour une partie importante de la population
car ces réprésentation qui permettent la lutte se nomment:liberté,démocratie,égalité,ce qu’on pourrait résumer par :pain et liberté
ce n’est donc pas à la marge qu’apparait une critique de MArx mais bien dans son fondement
et je pense que la réponse viendra des sciences psychologiques
,même si je suis d’accord avec toi,que c’est la lutte des classes qui a la primauté
quand une théorie est en echec ,et que trop de contre exemple s’accumule,il est temps de la réévaluer
Damien
2. Le vrai visage de " la mondialisation heureuse " (titre d’un livre d’Alain Minc), 17 mai 2008, 18:39
Je ne suis pas prêt d’oublier l’anecdote rapportée par J. Ralite, sénateur communiste et ancien ministre de la culture. Le sinistre crétin auteur de "La mondialisation heureuse" lui déclara un jour, sans rire, que : "le marché était naturel comme la marée". Et voilà le genre de paltoquet qui se retrouve bombardé expert et qui bouffi de suffisance contribue avec acharnement à la catastrophe qui s’approche. Qu’attendons nous pour nous révolter ?
1. Le vrai visage de " la mondialisation heureuse " (titre d’un livre d’Alain Minc), 17 mai 2008, 19:07
Si toi tu sais pas ce que tu attends, ce n’est pas moi qui va pouvoir te le dire...
3. Le vrai visage de " la mondialisation heureuse " (titre d’un livre d’Alain Minc), 24 mai 2008, 09:49, par julito
Deux choses m’étonnent fort dans cet article :
1) Pourquoi le Earth Policy Institute (EPI) considère-t-il qu’en dehors de la richesse croissante chinoise supposée, rien ne bouge ? Ils dépeignent leur tableau du cataclysme où tout serait comme aujourd’hui (sociologie, modes de consommation, technologie, etc.) sauf des chinois riches qui consommeraient tellement qu’il n’y aurait pas assez de ressources pour les satisfaire. Mais qui dit, entre autres, qu’on utilisera encore le papier en 2030 ? Que le pétrole devenant trop cher, on ne lui trouve pas de substitut ? Ou que des politiques en interdisent l’usage ?
On retrouve dans les prévisions de l’EPI le biais classique des mauvais futurologues : raisonner l’avenir en transposant dans le futur les solutions et réalités d’aujourd’hui.
Ainsi vers 1970, certaines prévisions d’écologistes en vue, prévoyaient l’émergence d’ères de famines généralisées pour cause d’accroissement insoutenable de la population, ou encore la crainte d’un refroidissement climatique généralisé. Certes, des famines ponctuelles se produisent encore ça et là, généralement pour des raisons politiques (tyrannies et guerres n’aident généralement pas à nourrir les populations), mais rien de structurel. Quant au refroidissement climatique, inutile d’insister !
Plus anecdotique, dans les années 60, les experts prévoyaient une pénurie de cuivre liée à l’explosion de l’équipement téléphonique, qui allait se traduire par une multiplication des standards gros consommateurs de ce métal. Naturellement, la prévision ne s’est pas réalisée.
Theodore Roosevelt, en 1900, était président de ce qui n’était pas encore la première puissance mondiale, et ses experts se demandaient comment les villes pourraient résoudre le problème des déjections chevalines, ou de la pollution de l’air par les particules de charbon, source principale de chauffage des particuliers et de combustible pour les machines à vapeur. Ça peut faire sourire, mais ils étaient sérieux à l’époque, comme l’est l’EPI aujourd’hui.
Il me semble futile d’essayer de faire peur avec de telles prévisions . Mieux vaut concentrer ses efforts aujourd’hui sur ce qu’on peut faire pour améliorer l’usage et le respect des ressources naturelles, tout en aidant les hommes à améliorer leurs conditions de vie.
2) L’article se termine sur une note terriblement haineuse envers l’Homme. Certes, l’Homme n’est pas parfait, et il est dans sa nature (comme celle de nombreuses autres espèces animales, notamment chez les insectes) de continuellement chercher à s’étendre parfois au détriment de son environnement, ce n’est pas une raison pour détester à ce point ce qu’il est. A quoi cela sert-il de défendre notre planète et la nature, sinon assurer à l’Homme qu’il puisse bien y vivre ?
Considérer l’homme comme un parasite, avec une forte connotation négative, est également absurde. Par définition, un parasite est un organisme vivant qui se nourrit, s’abrite ou se reproduit en établissant une interaction durable avec un autre organisme, l’hôte (qui pourrait être ici la Terre). La relation hôte/parasite n’est pas nécessairement délétère pour l’hôte, comme dans le cas du commensalisme ou du mutualisme.
Quand l’écologie ne devient non plus une science pour mieux comprendre la nature, et harmoniser la place de l’Homme en son sein, mais un syndrome d’auto-flagellation anti humaniste, cela devient plutôt la marque d’une pathologie, qui n’apporte d’ailleurs aucun progrès.