Les 100 jours d’Obama

Toujours porté par une popularité plus forte que jamais, « l’obamania » ne s’est pas démentie depuis l’investiture le 20 janvier dernier du premier président noir américain. Barack Obama qui mena à un rythme d’enfer ses 100 premiers jours à la Maison-Blanche a su imprimer un style plus décontracté et en phase avec son environnement international.

A ce niveau, il faut bien admettre que la rupture est claire avec l’ère Bush marquée par l’arrogance de l’hôte de la Maison-Blanche. Habile et tacticien, Barack Obama, qui avait à réparer beaucoup d’erreurs de son prédécesseur, a su faire patte de velours tout en demeurant ferme sur les principes.

De fait, les chantiers qui attendaient le nouveau président américain sont colossaux. Parmi ses tâches urgentes, celle de redonner quelque crédit à une politique américaine quelque peu malmenée par George W.Bush dont les méthodes n’ont pas laissé que de bons souvenirs. Guantanamo, les prisons secrètes et les tortures, l’Irak, l’Afghanistan, la question proche-orientale, les relations avec les alliés européens des USA sont autant de dossiers qui attendaient sur le Bureau ovale, en sus de la crise économique, le changement climatique et autres petites perturbations.

A commencer par la guerre de Bush « contre le terrorisme » une guerre passablement mal engagée et qui laissa nombre de séquelles dans la communauté internationale. Il est incontestable que M.Obama a beaucoup fait pour améliorer l’image de marque des Etats-Unis, apaiser les relations de son pays avec l’Iran et Cuba. Il n’en reste pas moins que le bilan de la diplomatie américaine demeure pour l’instant quelque peu mitigé. Pouvait mieux faire, ne manqueront pas de souligner les analystes à l’heure de faire le point sur les 100 jours du nouvel hôte de la Maison-Blanche. Les messages d’ouverture que Barack Obama a pu transmettre en direction des « ennemis » traditionnels des USA sont quelque peu gâchés par une certaine hésitation entre engager un dialogue franc et direct avec « l’opposition » internationale des Etats-Unis et le laisser faire et voir venir, tout en affirmant la disponibilité des USA à mieux écouter et à être plus attentif à ce que disent ses partenaires internationaux.

Les dernières sorties de M.Obama et de la chef de la diplomatie, Mme Clinton, en Amérique latine, en Europe et au Proche-Orient, leur ont donné d’admettre les erreurs commises par l’administration sortante, reconnaissant l’impossibilité pour un seul pays de résoudre les problèmes du monde. C’est un bon point pour l’administration Obama mais, le moins qui puisse être dit est que le président américain est resté quelque peu évasif sur la question palestinienne. Les déclarations aussi positives soient-elles ne suffisent pas si elles ne sont pas suivies par les actes.

M.Obama doit faire plus et dire clairement qu’un Etat palestinien ne peut être envisagé au moment où Israël procède à la judaïsation des territoires palestiniens et à l’extension des colonies de peuplement, poursuit la construction du mur de l’apartheid ; ce qui va à l’encontre de la vison de deux Etats vivant côte à côte. Si Barack Obama a bien réitéré, récemment, que la solution du contentieux israélo-palestinien est conditionnée par la création d’un Etat palestinien indépendant, il n’en reste pas moins qu’il n’a pas été ferme face au diktat d’Israël qui prétend rechercher la paix tout en continuant d’y mettre des obstacles et à oeuvrer au changement de la nature des territoires palestiniens occupés.

Aussi, au mieux, on peut estimer que les propos de M.Obama restent pour le moment de simples déclarations de principe qui n’engagent pas les Etats-Unis. Aussi, est-il attendu de M.Obama de vraies initiatives qui concouraient à rétablir les Palestiniens dans leurs droits et à assurer la paix pour les peuples de la région.

M.Obama peut et doit faire plus pour la paix. C’est ce que les Palestiniens attendent de lui.

Karim MOHSEN

http://lexpressiondz.com/edito/2009-04-30/2327.html