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Les 90 ans du PCF… une tribune de Roger Martelli .
Publie le samedi 8 janvier 2011 par Open-Publishing4 commentaires
L’Huma du 30/12 revient sur le 90ème anniversaire du PCF en confiant à R. Martelli , dans une tribune, le soin de dresser un tableau historique. R. Martelli intervient donc en tant que historien. Mais l’on sait que ce titre est une des facettes de sa personnalité. Il est aussi journaliste (mensuel Regards) et co-animateur (terme peut-être impropre, mais je n’en ai pas trouvé de meilleur) de la FASE. C’est-à-dire d’une organisation qui rassemble, entre autres, un certain nombre de démissionnaires récents du PCF. Elle développe l’idée qu’un parti politique comme le PCF, n’est plus de saison. Il faut d’urgence, à défaut d’une autre politique, faire de la politique autrement… Par exemple sous la forme d’un nouveau type d’organisation s’inspirant du Die Linke allemand.
La direction de l’Huma a-t-elle fait un choix judicieux en faisant appel à un rédacteur susceptible de mélanger les genres, liés à ses différentes casquettes ? Ce choix a-il-été délibérément assumé ? C’est une première question que je me pose dans la continuité des interrogations que j’ai formulées récemment sur le site Bella Ciao : quelles sont les intentions profondes du PCF dans la période actuelle ?
Quoiqu’il en soit, je prends acte du fait que R. Martelli intervient en tant que historien (il le revendique avec force à la fin de son article, d’ailleurs).
Lisons donc ce texte avec tout de même un certain esprit critique, compte tenu des remarques ci-dessus. Je m’attache principalement à quelques passages, qui m’ont plus particulièrement interpellé (comme on dit). Au 3ème paragraphe, je tombe sur une phrase incompréhensible…surtout quand on la relit dans l’espoir de mieux la comprendre…
« Depuis (la Révolution française, la vie politique) fonctionne sur la base d’une double polarité : celle qui tourne autour de la justice et qui oppose la gauche attachée aux valeurs révolutionnaires de la liberté et de l’égalité et (ce « et »me parait bizarre, j’aurais plutôt utilisé un « à », mais il est peut-être intentionnellement choisi par R. Martelli ?) la droite qui préfère l’ordre et l’efficacité ; celle qui, à l’intérieur de la gauche, distingue les conceptions du chemin qui mène vers « l’égaliberté »… » Je ne comprends pas ce que recouvrent ces deux polarités ? Incidemment je comprends bien la définition de la « droite qui préfère l’ordre et l’efficacité ». Mais là, je tombe des nues ! La droite, parti de l’ordre : OK, voir aujourd’hui Hortefeux. Mais « l’efficacité » ? Pour moi, la droite se caractérise d’abord par le fait qu’elle incarne la politique des nantis, des puissants, des exploiteurs…Bref ! Du Capital. Son efficacité à servir cette classe est sans aucun doute incontestable. R. Martelli est-il allé un peu vite dans sa pédagogie rédactionnelle ?…
Voyons la suite…
C’est un long paragraphe : « Bien sûr, de 1920 jusqu’aux années 60, les communistes français ne manquèrent pas d’effets de conjoncture… chaque fois ces conjonctures exceptionnelles ont permis au PCF de rebondir et d’être majoritaire au sein de la gauche française… ». La suite reprend en gros cette appréciation en la théorisant un peu. La première partie peut s’interpréter ainsi :
Depuis son congrès fondateur de 1920, le PCF s’est trouvé sur une pente de déclin. C’était en somme écrit dans ses gènes. Mais, heureusement pour lui, la réalité fut différente parce que des « effets de conjoncture », des « conjonctures exceptionnelles », tout au long de la période, l’ont « boosté » et remis périodiquement sur le devant de la scène. En somme à son insu ! La politique qu’il a menée n’était que la succession d’opportunités. Ses dirigeants (qu’il faut donc considérer comme des opportunistes) n’ont eu que le mérite de se saisir tant bien que mal de ces opportunités… Mais les beaux jours sont finis ! Il n’y a plus aujourd’hui d’effets de conjoncture (Pourquoi ?). .. et plus rien ne peut arrêter le déclin inéluctable du PC. Sauf – peut-être - si on se rend à l’explication de R. Martelli et à la solution qui en découle : le PCF n’a pas su saisir les changements de la société. L’erreur du PC réside dans son inaptitude à voir que la forme parti n’était plus adaptée à ce nouveau monde. Il fallait qu’il se transforme, qu’il se « révolutionne », qu’il se « métamorphose », etc… J’utilise des mots que R.Martelli n’a pas utilisés, mais que d’autres emploient et qui éclairent (peut-être ?) la signification du diagnostic et du remède. Ce qui frappe dans cette analyse c’est qu’elle ne fait qu’effleurer des aspects pour moi plus fondamentaux.
Dans la dernière période, en gros depuis le Programme Commun de la Gauche, le PC a progressivement effectué un tournant idéologique majeur. Il a abandonné la critique de la société capitaliste sur la base du marxisme. Il a jeté aux orties ses « fondamentaux » : lutte des classes, abolition du capitalisme, élaboration et construction d’un projet de société de remplacement, une société socialiste. Un dernier sursaut théorique de sa part, ou tout au moins des penseurs marxistes qui l’accompagnent, fut sans doute sa théorisation du Capitalisme Monopoliste d’Etat (le CME). Ce concept correspondait à une étape transitoire du développement du capitalisme d’alors, il rendait compte de ses caractéristiques de l’époque. Au-delà, le PC (et ses penseurs) n’a plus cherché à comprendre, à l’aide de la méthodologie marxiste, la nouvelle étape de ce capitalisme qu’intronisaient Margaret Tatcher et Reagan : le Capitalisme Mondialisé et Financiarisé (le CMF ?). Il s’est rabattu sur des considérations « sociétales », « mouvementistes », d’un capitalisme indépassable (l’ultralibéralisme selon un mot utilisé aujourd’hui) imaginé par la mouvance social-libérale… Ira-t-il jusqu’au « Care » branché de Martine Aubry ? Dans cette dérive le coup de grâce fut apporté par la Mutation de R. Hue, dont ses successeurs ne se sont pas sortis. En abandonnant ses fondamentaux, le PC s’est privé non seulement d’une méthode de compréhension du CMF, mais aussi des moyens de lui opposer une solution crédible. Simultanément, d’ailleurs, il s’est privé d’une méthodologie de compréhension du « socialisme réel » et de son effondrement. Car il n’y a pas de raison de penser que ce qui permettrait de comprendre le capitalisme et son évolution, serait incapable de le faire pour le « socialisme réel »… Une telle démarche aurait permis que le PCF « sorte par le haut » de ce traumatisme qu’a été la « chute du mur », traumatisme qui empoisonne toujours la pensée et le comportement actuel du PC.
Il n’est ainsi pas étonnant de constater que la démarche de R. Martelli, probablement très contaminée par ce traumatisme, se prive d’analyser les « infrastructures » du nouveau capitalisme, et accessoirement du socialisme réel, et en reste au niveau des « superstructures » (en l’occurrence au seul aspect de la définition désincarnée d’une force politique nouvelle, déconnectée du contexte). A ce niveau, faute d’un appui théorique solide, on entre dans l’utopie, le rêve : Ah ! Que ce serait beau une organisation où la diversité serait reine, où les libres idées de chacun se fondraient par enchantement dans une libre pensée commune à tous…
Pour forcer les choses dans ce sens, il faut malheureusement forcer la réalité et peut-être la trahir…
Ainsi, R. Martelli conclut son exposé de la manière suivante. Pour porter aujourd’hui l’idée communiste, une seule alternative. « Sous la forme d’un parti communiste séparé ? A l’intérieur d’une vaste force politique à la gauche de la gauche ? » Et pour bien signifier que l’historien qu’il revendique d’être (sur le sujet considéré) a posé la seule bonne question, la seule question objectivement, scientifiquement valable… il déclare que « l’historien qu’il est n’a pas à y répondre » ! Ce qui est le comble (de la subtilité ou de l’hypocrisie ?) !
En fait, il y répond d’une manière assez singulière.
« En 1920 les socialistes sacrifièrent la forme politique (le parti socialiste) auxquels (sic !) ils tenaient pour que vive l’idée révolutionnaire ». C’est un curieux commentaire dans la mesure où le choix de créer le PCF fut obtenu à l’issue d’un vote au résultat indiscutable, signifiant donc que, dans leur grande majorité, les congressistes socialistes n’avaient visiblement pas conscience de sacrifier le passé radieux de la SFIO à un avenir sombre et incertain (les minoritaires qui le pensaient peut-être ont eu le loisir de conserver « la vieille maison »). Mais voyons la suite.
« J’ai l’impression que les communistes d’aujourd’hui doivent faire preuve de la même audace ».
« C’est un pari qu’on gagne ou qu’on perd ».
Diable ! Audace d’abandonner ce parti pour quoi ? Rien n’est clairement dit de cette nouvelle voie. Alors que le choix de 1920 était, quant à lui, clair. D’un côté, la « vieille maison », de l’autre un parti politique défini par les « 21 conditions » de l’Internationale communiste (dont on a le droit de mettre en doute le bien-fondé, mais qui définissaient bien une « charte », un « statut », un « cahier des charges » de ce nouveau parti). L’alternative d’aujourd’hui est déséquilibrée, c’est un saut dans l’inconnu. Un parti digne de ce nom et ses adhérents peuvent-ils jouer à la roulette (russe, en l’occurrence !) ?
En fait, l’alternative posée « scientifiquement », n’est pas la seule. Il y en a au moins une autre qui mérite d’être envisagée. C’est celle d’un rassemblement des forces de la gauche de gauche (le Front de Gauche) sur des programmes politiques de gestion municipale, cantonale, régionale, nationale, dans le cadre d’un projet à plus long terme de société (un socialisme du 21ème Siècle, dont les caractéristiques restent évidemment à affiner). Rassemblement « à vocation majoritaire à gauche ». C’est-à-dire susceptible d’agréger à lui d’autres forces politiques (y compris socialistes, tel le Parti de Gauche de Mélenchon dans un premier temps, mais qui doit faire boule de neige). Une vocation majoritaire fondée sur un projet politique réellement partagé, crédible, enthousiaste, dont « l’effet majoritaire » ou dont la dynamique, entraîneraient avec eux la majorité « de notre peuple ». Que ce soit sous forme individuelle, ou sous la forme d’organisations du « mouvement social ». Dans un tel Front, le partenaire PCF, s’il a retrouvé ses fondamentaux, sa volonté de changer les choses en profondeur, peut être assuré de demeurer un élément essentiel (voire incontournable) de la construction. Mais il doit être identifiable en tant que tel, en tant que « intellectuel collectif », parti politique, apportant sa vision spécifique des choses. Ce qui suppose qu’il fasse le nécessaire pour la définir. Il ne doit donc pas éparpiller ses militants dans une structure qui les empêcherait d’élaborer en commun la pensée politique de cet « intellectuel collectif » qui est leur force.
Je me répète. Je suis inquiet (voir plus haut) que la direction de l’Huma, la direction du Parti n’aient pas permis à travers ce rappel de l’histoire du PCF – telle que rapportée par R. Martelli - à cette dernière hypothèse de ne pas être ignorée. Je me répète encore : quelles sont les intentions profondes du PCF ?
Abbé Béat
Messages
1. Les 90 ans du PCF… une tribune de Roger Martelli . , 8 janvier 2011, 16:22, par Pierre Kulemann
Bonjour Abbé Béat,
J’aime beaucoup votre analyse et ses conclusions que je partage et qui montre bien que Martelli est devenu un polémiste hostile au communisme "sérieux" plutôt qu’un historien respectable.
.
Il me semble qu’on assiste de plus en plus à un foisonnement de sites webs, de maisons d’édition même (comme Delga, par exemple), d’articles etc allant dans le sens de ce que vous dites.
Il y a aussi des fédés ou des sections, et plusieurs dirigeants (mais pas dans l’exécutif à ma connaissance) qui veulent "recommuniser" le parti. On assiste à des évolution "cousines" en Grèce, au Portugal, en Russie, en Afrique du Sud etc.
Paradoxalement, l’approfondissement de la crise générale du capitallisme renforce son adversaire principal, le communisme "sérieux"
Par contre, il y a beaucoup d’éparpillement et aussi de luttes sectaires entre diverses approches de la "recommunisation".
Il faudrait parvenir au développement de "réseau de réseaux" souple (mais ferme !) en utilisant au maximum la "révolution numérique". Bella Ciao en est certainement une composante dynamique, ainsi que le site www.lepcf.fr et même mon modeste bloghttp://lutterpourunmondemeilleur.blogspot.com
Ce serait une forme moderne et transitoire de centralisme démocratique qui devrait nous mener à une solide recommunisation du PCF
Bien fraternellement.
Pierre Kulemann
1. Les 90 ans du PCF… une tribune de Roger Martelli . , 8 janvier 2011, 16:41, par pcf béziers
Mais gardons espoir, dés l’instant où 74% des français trouvent la Bourse négative, 62% négatives les privatisations, 53% le profit et 64% le capitalisme... nous pouvons dire qu’un Parti Communiste de lutte des classes à toute sa place pour combattre le capitalisme et faire en sorte dans le rassemblement, de remplacer ce système par une société socialiste...
sur cette histoire voir aussi sur :
http://pcf-b-ziers.over-blog.com/article-pcf-des-pages-de-notre-histore-63391441.html
2. Les 90 ans du PCF… une tribune de Roger Martelli . , 8 janvier 2011, 18:20, par Copas
Une série de problèmes liés au type de parti, vient de la contradiction entre les leçons de la guerre 1914-1918, marquée par le ralliement du mouvement ouvrier à la bourgeoisie nationaliste, et la théorisation prétendument léniniste du parti à construire.
Ainsi, le type de parti préconisé par Lénine est très fortement marqué par la social-démocratie allemande du début du XXeme siècle dont il admire la rigueur, la puissance et l’organisation.
La conception hiérarchiste du parti, le type de discipline demandée n’est pas léniniste mais bien dans le sens de l’évolution d’une partie des social-démocraties d’avant-guerre.
A l’approche de la guerre, dans la social-démocratie allemande, la nomenclaturisation et l’incrustation institutionnelles croissent très fortement en même temps que croissent les exigences des dirigeants à soumettre les bases à une stricte discipline .
Une contradiction puissante au sortir de la guerre fait la plupart des sections de l’internationale communiste.
D’un côté le cri contre la nomenclaturisation, la collaboration de classe, le nationalisme, le cri en faveur de partis qui rompraient completement avec le capitalisme et ses interets, qui rompraient avec les institutions telles qu’elles sont, qui mettraient sous contrôle total du parti les élus et représentants,
de l’autre le développement de partis qui créent les conditions de la nomenclaturisation, des habitudes de commandement de la base par la direction, qui torpillent les conditions du contrôle démocratique des militants.
Autrement dit, la rupture communiste de 1918 ne serait peut-être pas complète car marquée de conceptions imprégnées du hierarchisme de la social-démocratie allemande.
Cette contradiction qui est au départ une déviation née de l’admiration de l’organisation de la social-démocratie allemande , va être, pour le mouvement communiste, la porte d’entrée du retour sans possibilité de correction du phénomène de collaboration de classe, d’incrustation dans les édifices institutionnels bourgeois, du nationalisme, du développement d’une bureaucratie paranoïaque et anti-démocratique, etc
La contradiction de la rupture de 1920 en France (pour les communistes en France et non les communistes français ...) a été aidée par la spécificité de la social-démocratie française .
Mais sur le fond il y a les mêmes types de problèmes qui vont grossir au fur et à mesure du temps pour aboutir, sur le fond, à peu de différences avec la social-démocratie, si ce n’est un décalage dans le temps des évolutions.
La rupture du sortir de la guerre de 14 fut une bonne chose mais elle laissa en place un cheval de Troie de la bourgeoisie bien connu dans la social-démocratie : le dirigisme anti-démocratique de la nomenclatura.
3. Les 90 ans du PCF… une tribune de Roger Martelli . , 9 janvier 2011, 11:47, par Copas
Bon, je n’aurai pas de réponses absolues sur les questions du dirigisme anti-démocratique, sans compter que la démocratie dans le parti, et la relation aux masses, si elle est une condition d’un parti révolutionnaire, ne résout pas tout (même démocratiquement on peut se tromper) et c’est donc de quelques traits dont je parlerai :
ce qui manque ?
le libre débat sans que la hiérarchie du parti mette tous ses moyens pour isoler, disqualifier, salir ceux qui ne partagent pas l’orientation du parti, voir des points tactiques secondaires.
des moyens strictement égaux entre toutes les positions collectives internes apparues dans le parti de telle façon que tous les adhérents aient toutes les opinions à égalité de traitement (pas question de faire comme le PS où ce sont les moyens financiers, médiatiques, etc, qui font la puissance d’un courant).
Pour ce qui est des directions, celles-ci doivent être collégiales (à la proportionnelle intégrale des positions exprimées par les militants). Régulièrement des "épurations" doivent être menées de telle façon que les militants devenus permanents retournent dans la vie normale.
Cela s"applique également et bien plus encore aux élus dans les institutions qui doivent être sortis et ne pas enraciner leur situation personnelle dans un entrelacs de pouvoir, d’interets personnels, qui passent d’une autre façon que ceux de la démocratie ouvrière, à défaut celle du parti.
La rotation doit être absolue.
Les militants devenus permanents dans les syndicats doivent être astreints aux mêmes conditions (de retour à la vie normale) de telle façon que les permanentisations menées par les patrons pour séparer le sort personnel des militants du reste de leurs camarades de travail ne puissent avoir prise.
Nous avons là affaire à une corruption indirecte des militants de partis politiques qui sont quelque part d’une façon ou d’une autre pour une société où les travailleurs sont maitres de leur sort.
Indépendance absolue vis à vis des institutions telles qu’elles sont, contrôle absolu des dirigeants par les militants, rotations obligatoires, libres paroles des militants dans le parti, organisations à égalité stricte des points de vue, et après les votes, directions collégiales à la proportionnelle intégrale pour l’application de l’orientation majoritaire.
Le libre débat implique de comprendre qu’un des risques importants d’un parti qui ne tolère pas des opinions divergentes c’est de faire peser tout le poids du parti contre des militants ("tu ne peux avoir raison contre le parti" a été longtemps le message terrible lancé contre tous ceux, communistes, qui essayaient de développer une ligne politique différente, ou avaient des propositions différentes sur tel ou tel point).
Cette conception a tué en partie les capacités de renouvèlement politique.
La mentalité de la forteresse assiégée allait de pair à une paranoïa face à toute divergence. Le soupçon de rejoindre l’ennemi devant tout questionnement a marqué longtemps le fonctionnement du parti.
L’interdiction de points de vue collectifs égaux dans le parti, sauf celui de la direction, dans le cadre des débats, que ce soit des débats permanents, ou des débats décisionnels (congrès, etc), a liquidé pendant longtemps la vie démocratique du parti.
Ce processus s’est accompagné de la construction d’une nomenclatura au fil du temps, c’est à dire d’une couche sociale ayant une vie particulière, des interets matériels, et finissant par exprimer un point de vue cohérent et appliquer une ligne cohérente à ses interets, ses peurs et son conservatisme.
L’ensemble de ces éléments a créé une culture du suivisme parmi les militants, malgré que ça râle ici ou là, avec l’acceptation de positions invraisemblables pour un parti de travailleurs sans que cela ne crée un raz de marée qui chasse par caillassage des dirigeants devenus complices des pires privatisations.
Les conséquences de ces processus cela ont été un affaiblissement significatif du parti et une montée malgré tout des divergences mais dans un contexte où il est extremement difficile de redresser la barre.
Quand les dégâts de la ligne politique et un niveau de plus en plus médiocre des dirigeants ont commencé à couter cher aux militants, mais également cher aux nomenclaturistes, la crise a été déclenchée.
Et ce sont ces ambigüités entre des cliques qui peuvent être divergentes de la directions du parti mais qui agissent comme autant de bantoustans avec potentats locaux et leurs petites troupes et les légitimes interrogations des militants.
La crise actuelle du parti est multi-formes et tout n’est pas bon dans les oppositions et les ruptures.
Les suppots de bantoustans en rupture, + la droite collabo du patronat du gouvernement de gauche de 2002, par exemple, qui s’unissent à la direction pour écarter les courants de gauche au dernier congrès (courants de gauche qui ont aussi beaucoup de contradictions) montrent bien là la complexité de la crise.
le sectarisme et la mentalité de forteresse assiégée empêche également de s’ouvrir réellement à des courants extérieurs qui sont fondamentalement communistes de quelque façon qu’ils se baptisent.
L’habitude est l’ouverture à droite, pas à gauche.
Les difficultés actuelles du PCF ne peuvent se résoudre sans scission claire et brutale, et reconstruction d’un parti de type nouveau corrigeant non seulement le naufrage de la social-démocratie des origines mais également les insuffisances de la rupture de 1918-1920, où le danger nomenclaturiste, mal connu, a été sous-estimé.
La crise du PCF est une crise des conséquences de toute une orientation qui vient de loin et sécrète en permanence des ruptures qui affectent de