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Les CSR : importance et occultation
par Hervé
Publie le dimanche 29 juillet 2012 par Hervé - Open-PublishingL’importance des CSR :

L’évocation des CSR dans les ouvrages d’Histoire est très partielle, voire totalement occultée. Les ouvrages consacrés au mouvement syndical sont obligés d’évoquer les CSR mais de façon bien évasive, à tel point que l’on finit par se demander si la presse et les archives d’époque ont véritablement été feuilletées par les historiens. Nous avions nous mêmes fini par sous-estimer l’action des CSR, ne voyant en eux qu’un simple et provisoire instrument d’affrontement interne dans la CGT.
Pourtant les CSR ont pour particularité d’avoir été l’organisation révolutionnaire la plus puissante qui n’ait jamais existé. Les archives internes des CSR n’ont toujours pas été retrouvées. Pour donner une estimation de son influence on doit donc se reporter aux comptes rendus d’activités publiés alors dans chaque numéro de la Vie Ouvrière et de L’Humanité, chacun de ces journaux y consacrant une rubrique spéciale. Victor Godonnèche, dans un article de 1922, établit le chiffre de 15 000 adhérents individuels, dont 7 000 dans le département de la Seine (Paris et proche banlieue). En outre, de nombreux syndicats ont adhéré en tant que tel à la tendance. Tous les membres de ces syndicats n’étaient pas des militants SR mais ceux qui l’étaient viennent s’ajouter aux adhésions individuelles. Ce sont donc plusieurs dizaines de milliers de militants qui intègrent les rangs des CSR. En décembre 1921, les syndicats acquis aux CSR sont désormais majoritaires dans la CGT. En un an, la tendance a donc réussi à transformer le rapport de force dans la confédération. Ce qui explique le basculement des UD et des fédérations. La progression des syndicalistes révolutionnaire (SR) est réelle et constante avant octobre 1920 mais avec la création de la tendance elle devient fulgurante. Chaque semaine des organisations puissantes basculent, suite à la tenue de congrès. La raison en est simple : la bureaucratie, organisée au sein des instances officielles de la CGT, trouve désormais en face d’elle une organisation parallèle menant un débat systématique dans les syndicats, les UL, les UD et les fédérations. À chaque congrès remporté par la « minorité », la tendance réformiste perd le contrôle d’un rouage de l’appareil. L’organisation lui échappant rapidement, elle finit donc elle aussi par s’organiser dans la précipitation en tendance plus ou moins secrète.
Le premier succès des CSR est d’avoir permis l’unification organique des révolutionnaires, une unification qui permet provisoirement une autre unification, stratégique. Nous verrons que la décomposition des CSR a eu pour effet de produire une décomposition politique du mouvement révolutionnaire ouvrant la voie à 90 années de sectarisme et de confusion.