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Appel traduit de l’italien par karl&rosa
"Les Juifs de gauche dans le camp de la paix"***
La pensée critique représente un pivot de la tradition et de toute l’histoire juive, y compris la naissance de l’Etat d’Israël. Mais ces dernières années, à cause d’évènements tragiques, cette pensée s’est progressivement affaiblie jusqu’à provoquer un véritable repli sur lui-même du monde juif, un repli qui –compréhensible d’un point de vue émotif – a cependant mené à une involution identitaire où ont sauté les distinctions même entre Juifs, par exemple entre Juifs de gauche et de droite.
Des peurs d’anéantissement – la « destruction d’Israël – ont refait surface, des peurs qui n’évaluent pas avec lucidité le rapport réel entre des menaces gravissimes, comme celles du président iranien Ahmadinejad, et les possibilité réelles de leur implémentation dans le tableau géopolitique actuel.
Le terrorisme islamiste, danger le plus immédiat, se nourrit d’ailleurs de la poursuite de l’occupation des territoires palestiniens par Israël et cela représente la véritable source d’énormes malheurs non seulement pour les Palestiniens mais aussi pour Israël.
A notre avis, dans la gauche juive, s’est perdue la capacité de projeter un présent et un avenir différents de ce qu’annonce la droite juive, alignée sur la droite mondiale néo- et théo-con.
Dans l’hébraïsme le pluralisme est une condition existentielle et nous pensons que ce pluralisme, aujourd’hui, a aussi besoin d’être à nouveau confirmé en ce qui concerne la différence entre « Juif » et « Israélien ». Parce que si, pour nous, un lien entre sa propre identité diasporique et Israël est évident, un tel lien ne doit pas devenir une appartenance substantielle, générant en nous et chez les autres de la confusion et risquant d’amener de l’eau au moulin de ceux qui ne veulent pas distinguer entre Juif et Israélien.
Nous voulons cultiver notre lien avec Israël de la façon lucide, pas sentimentale ni viscérale ou acritique, dont il fut cultivé par Primo Levi qui, face à la première « aventure » au Liban de l’armée israélienne éleva sa voix avec celle de nombre d’autres Juifs diasporiques et israéliens contre la logique agressive et plus seulement défensive de l’armée israélienne. C’est pourquoi nous voulons nous référer à son témoignage pour qu’il inspire notre action pour la construction de la paix et de la cohabitation entre les peuples.
Après une réflexion collective entre Juifs de gauche aux expériences différentes, nous avons décidé de prendre une position publique mettant en évidence, même après les polémiques entre le ministre D’Alema et une grande partie de l’expression institutionnelle de droite, mais aussi de gauche, des Communautés juives, une voix différente où l’ appartenance juive n’obscurcisse pas le caractère universel qui tient au fait d’être de gauche.
Nous reconnaissons aux mots de David Grossman, pendant la commémoration de Rabin à Tel Aviv le 4 novembre, ce caractère qui nous sert aujourd’hui, à nous, Juifs de gauche en Italie, en Israël et dans le monde, à reprendre l’initiative dans un panorama où les nuages du prétendu « choc des civilisations » deviennent plus épais. Dans ce cadre, le conflit israélo-palestinien est encore, hélas, un centre d’irradiation de la haine globale entre cultures et religions en plus d’être le lieu où l’on continue à perpétrer une injustice constante dans les rapports entre les peuples.
Nous avons l’intention de contribuer à reconstituer le « Camp Juif de la Paix » en Italie et nous demandons dans ce but à ceux qui ressentent la même exigence dans le multiple monde juif de se confronter avec nous pour commencer un parcours commun (campodellapace@yahoo.it)
*** Paolo Amati, Marina Astrologo, Andrea Billau, Beppe Damascelli, Lucio Damascelli, Marina Del Monte, Ester Fano, Dino Levi, Stefano Levi Della Torre, Tamara Levi, Patrizia Mancini, Marina Morpurgo, Moni Ovadia, Renata Sarfati, Sergio Sinigaglia, Stefania Sinigaglia, Susanna Sinigaglia, Jardena Tedeschi, Claudio Treves