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Les Mureaux : Le « poids » des images et le « choc » de la police !
Publie le samedi 14 octobre 2006 par Open-PublishingPar Aurélie Messaoudi-Lévy
lundi 9 octobre 2006
http://www.mouvement-egalite.org/ar...
Une nouvelle rubrique ? Oui, un espace consacré à des commentaires « à chaud » sur l’actualité, à des coups de gueule, à des coups de cœur - un « billet d’humeur », comme l’on disait dans la presse écrite. Mais si j’y confie mes réactions personnelles « sur le vif » et « à vif », je souhaite surtout qu’elles suscitent les vôtres, en retour. Ce n’est pas à un monologue mais à un dialogue que je convie.
Pour inaugurer cette rubrique, ce sera un coup de gueule. Avez-vous vu ces infâmes images des Mureaux à la télé (réalité ?!) ? Sarko-kärcher, dix jours après, produit un remake de Corbeil-Essonnes en envoyant, le 4 octobre, sa police investir une cité des Mureaux sous l’œil malsain des caméras. Une nuée de journalistes complaisants invités à assister et, surtout, à montrer à la « France entière » sa mâle « détermination »...
Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer la mise en spectacle de l’opération policière. Spectacle ? Oui, mais pas pour les habitants de la cité qui ont vécu de nouvelles souffrances. Vous êtes vous jamais réveillés à l’aube, votre quartier assiégé par la police, les bruits de botte dans l’escalier, la porte de votre voisin défoncé, son appartement perquisitionné, lui et sa famille insultés, bousculés, brutalisés ? Peut-être même que cela aurait pu vous arriver, à vous-mêmes ? Une « bavure policière », comme « on » dit ! Et manifestement, cela a pas mal « bavé » ce matin-là, comme quelques jours avant à Corbeil... En plus, vous faites la une du « 20 heures », triste célébrité : montrés du doigt, désignés comme les « usual suspects », stigmatisés et humiliés une fois de plus. Pour la « France profonde » droguée par sa télé, ces images viennent cautionner les chantres du « sécuritaire » : c’est bien la preuve que vous, les « jeunes de banlieue », êtes de la racaille - et que vous, les parents, en êtes complices par votre « démission » et votre « origine »...
Le lendemain, certains médias ont exprimé quelques doutes avec une touchante candeur : « Nous serions-nous fait manipuler ? » Non, sans blague ! ? Les manipulateurs manipulés ! Je tiens à rassurer nos lecteurs : ne vous inquiétez pas pour ces plumitifs rongés par un tardif remords, ils vont s’en remettre. Comme ils se sont remis de l’affaire du RER D (la fausse agression antisémite inventée par une vraie mythomane, crue sur sa seule parole parce que cela alimentait une bruyante campagne politique et médiatique contre les « jeunes musulmans »)... Ou des reportages bidonnés sur de prétendus « réseaux terroristes » régnant sur des banlieues de « non-droit »... Ou de l’intox déversée à plein écran et à pleine page lors des présidentielles de 2002, Chirac et Jospin rivalisant de « sécuritaire » pour le plus grand profit de Le Pen... Ou, dernièrement, du soi-disant guet-apens de Corbeil, la version policière avalisée sans broncher par les médias et que vient de réfuter l’enquête. Et si je vous disais que l’on a moins entendu parler aux journaux télévisés du résultat de cette enquête que du « guet-apens » ! La liste est longue des « bavures médiatiques » (complément indispensable des « bavures policières ») mais aussi des « autocritiques » déclinées sur tous les tons du « On ne nous y reprendra plus »... jusqu’à la prochaine fois !
Je ne vais pas moi aussi jouer la candide : Les médias sont un enjeu et un instrument de pouvoir et du pouvoir. Ne leur demandons pas une objectivité qu’ils ne peuvent posséder. Non que les journalistes soient tous « à la solde du pouvoir et du capital ». Beaucoup cherchent à accomplir leur métier avec une honnêteté à faire s’étrangler de rage les patrons de TF1 ou d’Antenne 2. Les « faiseurs d’opinion », ce sont les propriétaires et dirigeants des grands organes de presse dont les relations et les intérêts sont totalement imbriqués avec le pouvoir (économique et politique) en place. La « plume » (le stylo ?) et l’image au service de l’ « ordre établi » !
L’information est un terrain de bataille, et il nous concerne tous. Pour paraphraser Clemenceau (qui - vous me croirez aisément - n’est pas mon mentor !), l’information est une chose trop grave pour la confier aux patrons des médias et à leurs actionnaires. La presse militante n’est pas exempte de faiblesses mais elle peut constituer un contrepoids, sans doute bien léger face aux mastodontes financiers. Mais elle pèsera d’autant plus que vous lui apporterez votre soutien et votre contribution. (A ce propos, allez soutenir le collectif Bellaciao sur son site Internet http://bellaciao.org/fr/. Il a été convoqué par la « justice » simplement pour avoir publié un communiqué de l’USM-CGT de Saint-Nazaire. Quel terrible méfait pour un média, qui se veut libre, que d’exercer son droit à relayer une information du mouvement social ! Un « droit d’expression » à géométrie variable ?!)
Notre organisation, le MPE, est toute jeune, mais nous avons l’ambition de faire de notre site une tribune pour tous ceux et toutes celles qui sont victimes d’une injustice, d’une discrimination, d’une oppression. Une tribune pour dire, crier, la vérité. La vérité est notre force principale. A elle seule, elle ne suffira pas à « soulever les montagnes » mais elle est seule susceptible d’ouvrir la voie à une véritable émancipation.
Nous comptons sur votre contribution à ce combat.