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Les accidents du travail dans l’angle mort

Publie le mercredi 10 février 2010 par Open-Publishing
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La Marseillaise

Les accidents du travail dans l’angle mort
09-02-2010

« La mort de Jérôme Bianco n’est pas une fatalité, mais la conséquence de conditions de travail qui mettent en danger la vie d’autrui. »DRJustice. Le procès en appel de la chute mortelle en 2006 d’un salarié sans protection illustre le sentiment des familles qui dénoncent un crime là où les patrons parlent de faute involontaire

Travailler nuit gravement à la vie. Bosser tue. Suicides en agence, morts amiantées à petit feu, vies clouées en fauteuil, ouvriers tombés des chantiers : la Fondation Copernic sonne le glas de cette addition macabre qui porte chaque année à plus de 500 le nombre de décès au travail.

La cour d’appel d’Aix-en-provence rejugeait, hier, le drame de Jérôme Bianco, 32 ans, tombé le 2 août 2006 des huit mètres d’une nacelle de nettoyage à Sophia-Antipolis, le premier jour d’embauche comme agent d’entretien à TFN. Il manquait 10cm sur le garde-corps de la passerelle, remplacé plus tard pour seulement 600 euros. Un laveur de vitre sans casque a basculé dans le vide et a rejoint les statistiques du ministère de l’emploi. Contre cette banalité trompeusement fatidique, Michel son père se bat.
Le 26 septembre 2008, le tribunal correctionnel de Grasse condamnait pour « homicide involontaire par emploi de travailleurs sur chantier sans mise à disposition de moyens de protection individuelle », Redhouane Bouchemoua, le directeur de l’agence niçoise du groupe TFN, à 6 mois de prison avec sursis – contre 4 mois ferme requis – et à deux amendes, l’une délictuelle de 3 750 euros, l’autre contraventionnelle de 1 500 euros. Titulaire de la délégation de sécurité, le laboratoire Galderma, filiale du groupe L’Oréal, sur les baies vitrées desquelles la nacelle reposait, écopait de 10 000 euros d’amende. La CGT des Entreprises de nettoyage, constituée partie civile se voyait allouer 1 000 euros au titre du préjudice collectif.

Michel Bianco et ses fils Pascal, Sébastien et Thierry espéraient fermement, hier, avec leur comité de soutien CGT que la justice allait réaffirmer « que la mort de Jérôme n’est pas une fatalité, mais la conséquence de conditions de travail qui mettent en danger la vie d’autrui ». Car « Jérôme n’est pas mort du fait de maladresse et d’inattention, mais bien du non-respect des règles de sécurité par ses employeurs. J’espère que la cour dira clairement, comme en première instance à Grasse, que le fait de sous-traiter des travaux n’exonère en rien l’entreprise qui les commande ».
La septième chambre des appels, présidée par Bernard Germain, a mis son arrêt en délibéré au 11 mars prochain.

DAVID COQUILLE

Messages

  • Un autre accident de travail mortel qui a eu lieu chez PSA Sochaux fin 2007 devait être jugé le 28 janvier, mais le procès a été reporté. Un ouvrier qui faisait de la maintenance sur une presse a eu la tête écrasée au cours de la réparation. Tout ça parce qu’un poste a été supprimé dans l’équipe et que les conditions de travail ont été modifiées, ne permettant plus la visibilité et la sécurité sur les lieux. Quelques années auparavant, il y avait eu dans un atelier sous-traité un ouvrier broyé dans une machine à compacter les déchets. La sécurité avaité été shuntée pour pouvoir faire face à l’augmentation de la charge de travail sans augmentation de personnel. Un an après, dans le même atelier, un autre avait également trouvé la mort sur le lieu de travail.

    Suppression de personnel et découpage de l’entreprise en ateliers vendus à des sous-traitants représentent des gains de productivité bien vus des actionnaires. La preuve, à chaque annonce de suppressions de postes importantes, l’action remonte. Les gains boursiers sont souvent tachés du sang de ces travailleurs tués, mais les conseillers en placement se gardent bien de le dire.