Accueil > Les "affaires" poursuivent Silvio Berlusconi
de Jean-Jacques Bozonnet
Le vendredi 10 mars a été, selon la presse italienne, une "journée noire" pour Silvio Berlusconi à un mois des élections législatives des 9 et 10 avril. Le président du conseil a appris, coup sur coup, que le parquet de Milan demandait son renvoi en procès pour "corruption en actes judiciaires", puis que son ministre de la santé démissionnait pour une sombre histoire d’espionnage politique lors des élections régionales d’avril 2005.
Ces deux annonces tombent au plus mal pour M. Berlusconi. Sa coalition de centre-droit, après une spectaculaire remontée dans les sondages, stagne, avec 3,5 % à 4 % de retard sur Romano Prodi, leader du centre-gauche.
Les procureurs de Milan, après avoir écarté les derniers recours de ses avocats, ont demandé le renvoi du chef du gouvernement devant un tribunal : ils l’accusent d’avoir versé 600 000 euros à l’avocat britannique David Mills pour acheter son faux témoignage dans deux procès intentés au Cavaliere à la fin des années 1990. Marié à la ministre britannique Tessa Jowell, celui-ci a aussi été inculpé. L’affaire fait grand bruit en Grande Bretagne.
Le porte-parole du président du Conseil a aussitôt critiqué "une décision électorale" fondée sur des "théories erronées". Coordonnateur de Forza Italia, le parti de M. Berlusconi, Sandro Bondi a dénoncé la coïncidence des calendriers judiciaire et politique : "Encore une fois, à la veille d’un scrutin, des magistrats renoncent volontairement à la recherche de la vérité pour poursuivre des buts politiques", a-t-il déclaré. La demande du parquet doit désormais être examinée par le juge des audiences préliminaires, qui décidera ou non la tenue d’un procès.
ESPIONNAGE
La démission du ministre de la santé, Francesco Storace, est intervenu à la suite de la révélation par la presse que son entourage avait espionné ses adversaires à l’occasion des élections régionales en 2005. Ce dirigeant d’Alliance nationale, le parti de Gianfranco Fini, numéro deux du gouvernement, cherchait à l’époque à défendre son siège de président de la région Latium. Il a justifié son départ du gouvernement, à un mois des législatives, pour préserver sa famille, mieux assurer sa défense et "ne pas être instrumentalisé par la gauche". Au cours d’une émission de télévision, dans la soirée de vendredi, Silvio Berlusconi a annoncé qu’il assurerait lui-même l’intérim, tout en se disant persuadé de l’innocence de son ministre.
C’est la deuxième défection au sein du gouvernement en trois semaines. Le ministre des réformes, Roberto Calderoli, important dirigeant de la Ligue du Nord, parti xénophobe de la majorité, avait dû renoncer à ses fonctions, le 18 février, après s’être livré à une série de provocations contre l’islam. "Il y a quelque chose de pourri dans cette droite", a commenté Piero Fassino, l’un des dirigeants de l’opposition.