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Les bonnes clôtures font les bons voisins

Publie le jeudi 31 juillet 2003 par Open-Publishing

Edito international, 31/07/2003

Les bonnes clôtures font les bons voisins

Les bonnes clôtures font les bons voisins. C’est
ce qu’a affirme sans rire face a George Bush,
Ariel Sharon qui citait le poète américain
Robert Frost. Le premier ministre israélien
faisait référence à la muraille de séparation de
350 km de long que construit Israël avec la
Cisjordanie ; une muraille qui empiète
profondément sur les terres palestiniennes. Les
bons voisins d’Ariel Sharon en l’occurrence les
Palestiniens qui vivent sous occupation
israélienne depuis 36 ans ne semblent pas pour
l’heure partager son point de vue. Israël a beau
affirmer ! qu’il ne s’agit que d’une simple
clôture destinée à empêcher les infi ltrations
de terroristes sur son territoire, les travaux
ont déjà pris la forme en certains endroits d’un
gigantesque mur de béton de huit mètres de haut
notamment dans le nord de la Cisjordanie.
Ailleurs ce ne sont que rouleaux de barbelés ,
tranchées de plusieurs mètres de profondeur ,
clôtures électrifiées et tours de contrôle. Des
dizaines de milliers d’oliviers, d’amandiers ont
déjà été déracines ; des paysans palestiniens se
retrouvent coupés de leurs terres et une
quinzaine de villes et villages palestiniens
seront enclaves avec leurs 400 mille habitants
du cote israélien du mur. Pour les Palestiniens,
il s’agit d’une nouvelle annexion israélienne de
leurs terres.

Mais le pire est à venir. Les prochaines phases
de construction promettent en effet d’avoir un
effet dévastateur pour l’avenir de la feuille de
route, ce plan d’action international dont
George Bush a fait son cheval de bataille et qui
prévoit la création d’ici 2005 aux cotes
d’Israël d’un Etat Palestinien viable. A la
demande des colons, le gouvernement Sharon va
inclure dans son trace du mur , la colonie juive
d’Ariel. Du coup c’est un détour de 20km a
l’intérieur de l’étroite Cisjordanie qui est
prévue.

Pour les bons voisins d’Ariel Sharon a commencer
par le premier ministre palestinien Mahmoud
Abbas ,ce mur de séparation est un mur raciste
qui perpétuera la haine. Yasser Arafat évoque le
mur de Berlin et parle de cantons palestiniens ;
mais pour l’heure, le premier ministre israélien
a l’impression d’avoir gagné la bataille des
mots a Washington et ce ne sont pas les
commentaires élogieux des médias israéliens qui
vont le détromper. Après tout, le président
américain qui avait parlé de mur la semaine
dernière ne qualifie t-il pas désormais cet
ouvrage de clôture ?

Ariel Sharon peut se féliciter d’avoir eu,
encore une fois, gain de cause à Washington mais
une chose est sure : clôture ou mur, cet ouvrage
risque de venir a bout de tout espoir de paix
entre Israël et ses bons voisins.

Dominique ROCH