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Les cafetiers et hôteliers d’Aix assignent les intermittents
Publie le mardi 18 novembre 2003 par Open-PublishingLes cafetiers et hôteliers d’Aix assignent les intermittents
Plainte contre X suite à l’annulation du festival lyrique en juillet.
Par Pierre DAUM
lundi 17 novembre 2003
« En terme de taxe professionnelle, nous avons perdu un million d’euros. » Le
vice-président de la commission des finances d’Aix-en-Provence
Aix-en-Provence correspondance
Les nantis contre-attaquent. Alors qu’Avignon se contente des aides
supplémentaires allouées par l’Etat pour se relever de l’annulation de son
festival l’été dernier, Aix-en-Provence, cité bourgeoise dont le festival
d’art lyrique coûte 15 millions d’euros (pour moitié moins de spectateurs
que le in avignonnais), veut la guerre. Une guerre juridique, au pénal.
Parce qu’« il faut quand même que les intermittents comprennent que nous, on
travaille et on a des impôts à payer ». Les cafetiers et hôteliers d’Aix ont
déposé une plainte contre X, estimant avoir perdu 30 % de leurs bénéfices
suite à l’annulation du festival d’art lyrique en juillet, et demandent des
dommages et intérêts. Mais de qui ? Car comment trouver des coupables parmi
plusieurs centaines de manifestants ?
« Syndicalistes ».
« La vérité, c’est que le collectif aixois des intermittents
avait voté en faveur de la reprise du festival, dit Pierre Alfonsi,
président du CHR 13, le syndicat des patrons de cafés, hôtels et restaurants
des Bouches-du-Rhône. Mais deux jours après, le soir de la Traviata [le 9
juillet, l’opéra de Verdi a dû être interrompu à cause du bruit des
manifestants, ndlr], des éléments extérieurs sont venus en commando pour
faire arrêter le festival. » Des preuves ? Dans son dossier, Alfonsi a glissé
quelques photos prises le 9 juillet. « Ces individus, je les connais bien, ce
sont des syndicalistes de Marseille », soutient le propriétaire de La Belle
Epoque, brasserie du cours Mirabeau. Ce serait donc à ces « syndicalistes »,
et à l’organisation dont ils dépendent (la CGT, comme chacun le pense sans
oser le dire), de payer.
La ville partie civile.
Les commerçants d’Aix savent pouvoir comp ter sur une alliée : Maryse
Joissains, députée maire et grande gueule UMP de la région. Le soir de
l’annulation, furieuse, elle s’en était prise à « ces contestataires
entraînés par un syndicat révolutionnaire ». Avant de promettre de
« poursuivre [les coupables] en justice ». C’est chose faite : la ville s’est
portée partie civile. « En terme de taxe professionnelle, nous avons perdu un
million d’euros », se plaint Gérard Bramoullé, vice-président de la
commission des finances de la commune. Une enquête devrait être bientôt
ouverte par un juge d’instruction pour identifier les « coupables ». Alfonsi
conclut : « La prochaine fois, ils n’ont qu’à attaquer la caserne de CRS à
l’extérieur de la ville. Mais qu’ils nous laissent travailler en paix ! »