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Les élus locaux craignent l’embrasement de la Guadeloupe

Publie le mardi 17 février 2009 par Open-Publishing
4 commentaires

Par Reuters

POINTE-A-PITRE, Guadeloupe - La tension est très vive en Guadeloupe après un mois de grève générale et au lendemain de l’arrestation musclée de plusieurs dizaines de manifestants.

Dans la banlieue de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, où les forces de l’ordre ont interpellé plusieurs manifestants. La tension est vive mardi en Guadeloupe après un mois de grève générale et au lendemain de l’arrestation musclée de plusieurs dizaines de manifestants. (Reuters/Dominique Chomereau-Lamotte)

La ville balnéaire du Gosier, près de Pointe-à-Pitre, est quasiment encerclée par plusieurs groupes de jeunes après les interpellations dans les rangs de protestataires qui avaient installé des barrages à l’appel du collectif contre la vie chère et les surprofits (LKP).

Sur France Info, le président du conseil régional de Guadeloupe, Victorin Lurel, a estimé que l’île était désormais "au bord de la sédition".

"Il y a déjà un embrasement. Ce soir (lundi) il y avait des incendies dans certains quartiers. Il y a un face-à-face tendu entre les forces de l’ordre et des manifestants", a-t-il déclaré.

Pour l’élu socialiste, l’Etat et le patronat guadeloupéen sont responsables de la détérioration de la situation.

"Les tensions sont montées d’un cran parce que l’Etat n’a pas respecté sa parole, parce qu’il y a un reniement l’Etat (...) parce que le patronat n’a pas fait de propositions alléchantes, sérieuses", a-t-il accusé.

"On a l’impression qu’il y a un abandon, qu’il y a une indifférence organisée" après quatre semaines de conflit, a déploré le président du conseil régional.

Lundi, Nicolas Sarkozy a annoncé qu’il rencontrerait jeudi les élus d’Outre-mer à l’Elysée et François Fillon a annoncé de nouvelles propositions mais Victorin Lurel a dit craindre une "opération de communication".

PASSANTS ET VOITURES CAILLAISSÉS

A l’entrée de la ville du Gosier, des jeunes cagoulés se tenaient dans la nuit de lundi à mardi en faction à plusieurs points de la commune, décidés pour certains à en découdre en marge de la mobilisation du LKP.

Poubelles, palettes et autres encombrants ont été incendiés dans des scènes qui se sont répétées jusque tard dans la nuit.

La commune des Abymes, près de Pointe-à-Pitre, et celle de Sainte-Rose, dans le nord-ouest de l’île, ont vécu des scènes similaires.

Des passants et véhicules ont été pris à partie, caillassés, y compris les blindés de la gendarmerie qui n’ont pas suffi à décourager l’ardeur des protestataires.

Des appels au calme avaient pourtant été lancés par de nombreux élus à la suite des arrestations musclées de manifestants LKP par les forces de l’ordre.

La marche pacifiste entamée le 20 janvier dernier avait en effet pris une autre tournure lundi matin.

En lieu et place des défilés, des barrages routiers ont été érigés à plusieurs endroits de l’île, provoquant des escarmouches entre gendarmes et manifestants.

Une cinquantaine de personnes ont été interpellées pour suspicion d’entrave à la circulation, avant d’être pour la plupart relâchées dans l’après-midi, sous la pression de la foule amassée devant le commissariat de Pointe-à-Pitre.

Dix d’entre elles seront toutefois convoquées devant la justice au mois de juin.

Ces événements, qualifiés d’arbitraires et de répressifs, ont suscité indignation et révolte au sein de la population.

Colette Borda et Laure Bretton, édité par Yves Clarisse
 http://www.rmc.fr/edito/info/71299/...

Messages

  • l’Etat et le patronat guadeloupéen sont responsables de la détérioration de la situation.

    Bien-sûr. Il ne manquerait plus que ça que la faute en revienne à la classe ouvrière qui courbe l’échine pour manger et survivre, obéit au doigt et à l’oeil sans broncher depuis bien trop longtemps que cette exploitation dure.

    La classe ouvrière n’est pas responsable de la crise. Pire, Sarko veut appliquer ses réformes qui renforceront la crise, alors que les acquis sociaux font tampon.

    Mais pourquoi l’ambiance générale est explosive, voire insurrectionnelle ?

    En fait, c’est une dégradation du système qui prend sa source dans la chute du "mur de Berlin" en 1989, le communisme, pendant du capitalisme, ayant été mis à terre. Les salaires des patrons, entre autres du CAC40, ont profité de la situation pour s’ envoler effrontément de 20 smig à plus de 500, au nez et à la barbe de la classe ouvrière dépitée, pétrifiée sur place. Un Sélières du merdef, et puis Parisot ont montré les dents pour garder le magot pourtant créé par les salariés, allant même jusqu’à justifier qu’il était normal que les patrons se servent grassement puisqu’ils étaient capables de faire gagner les entreprises. Puis, allant d’escalade en escalade, on a vu des patrons comme J.M. Messier qui bien qu’ayant coulé leurs entreprises (Vivendi...), sont partis avec des indemnités colossales, qui ressemblaient plus à un prix d’excellence, qu’à un blâme ! Et le dernier coup monstrueux, les entreprises engendrent des bénéfices colossaux, et les patrons pour continuer de se coucher sur un matelas confortable, licencient à tour de bras les salariés qui ne comprennent pas ce nouveau procédé. Et le comble du comble, ces mêmes patrons, sous la houlette de Parisot, essaient de nous faire avaler que c’est la crise qui est à l’origine de cette dégradation du travail.

    Eh bien non, la classe ouvrière n’avale plus rien. Même le chantage aux caisses vides, à la faillite de l’Etat, sortis de la bouche de Sarko et de Fillon ne nous font aucun effet, étant donné le train de vie hyper luxueux de l’Elysée (voyages incessants, réceptions somptueuses...), de Matignon (délocalisation des conseils des ministres, allers-retours en avion...) et du Merdef (caisse noire...). Nous sommes convaincus que du fric il y en a. Maintenant, il va falloir apprendre à ces messieurs à partager les fruits du travail.

    Quant aux réformes que Sarko veut nous imposer, c’est une hérésie incroyable, pour la simple raison que se sont justement ces réformes-là qui ont coulé l’économie des USA et plongé dans la très grande misère plusieurs millions d’américains (entre 50 et 100 millions d’habitants, soit entre 20 et 50 %).

    Honte à Sarko et Fillon de n’être pas allés en Guadeloupe dès le début de la grève, ni même de n’avoir prononcé aucune parole apaisante lors de son baratin télévisé. A croire, qu’il était gêné aux entournures (pour ne pas être grossière).

    Alors, je suis complètement solidaire de nos amis Guadeloupéens, Martiniquais, Guyanais, Réunionais, Calédoniens, Polynésiens (tiens, ils en sont où eux ?). Et bientôt nous aussi. D’ailleurs il y a des grèves partout, dans tous les secteurs d’activités, des manifs aussi et les médias inféodés au pouvoir actuel, lâchent les infos au compte-gouttes. Peut importe, nous avons un temps d’avance sur eux.

  • Attention au scénario catastrophe si nous ne manifestons pas massivement tout de suite en solidarité avec la guadeloupe mais aussi parceque leur combat est aussi le nôtre. Les dirigeants des confédérations syndicales font pourtant tout ce qui est en leur pouvoir pour retarder le moment de l’unification de toutes les luttes actuelles et cela pour deuxraisons essentiellement : conserver les miettes de pouvoir qu’ils ont encore et les avantages matériels qui l’accompagnent, ce que l’IUMM appelait la lubrification des relations sociales ou quelque chose dans ce genre. Pour conserver leurs avantages ils sont prêts à prendre le risque de laisser massacrer les guadeloupéens sous le prétexte fallacieux d’attendre les résultats d’une rencontre bidon avec Sarkozy dont on sait pertinement qu’elle sert uniquement à gagner du temps et qu’elle ne donnera rien. Une répression sauvage en Guadeloupe aurait pour eux l’avantage de calmer les ardeurs de la population métropolitaine et d’éloigner le spectre du mouvement qui se profile et dont ils savent parfaitement qu’ils ne pourront pas en garder le contrôle. Et bien sûr ils seraient ensuite les premiers à vouloir organiser une belle manifestation pour dénoncer la répression. L’attitude de ces tartuffes n’est pas seulement abjecte, elle est avant tout criminelle. C’est maintenant que nous devons manifester massivement pour envoyer un signal fort à nos soeurs et à nos frères humains de Guadeloupe et pour désamorcer la tentation de la répression toujours présente sous les régimes autoritaires de droite comme de gauche.