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Les enquêteurs sur l’agression du RER face à des contradictions

Publie le mardi 13 juillet 2004 par Open-Publishing

Après la vague d’indignation provoquée par l’annonce d’une agression à caractère antisémite vendredi dernier, policiers et magistrats ont appelé la classe politique à rester mesurée jusqu’à la fin de l’enquête.

Malgré les nombreux appels, aucun témoin direct des faits n’a pu être retrouvé sur la ligne D du RER parisien et les enquêteurs ont relevé depuis lundi des contradictions dans la déposition de la jeune femme.

Jean-François Copé a souligné mardi qu’en dépit des interrogations que suscite l’affaire, il y a en France une "explosion des actes racistes et antisémites" qu’il faut combattre.

"Au-delà de l’émotion considérable qu’un récit comme celui-là peut provoquer chez toute personne, il y a une réalité et cette réalité, quoi qu’il arrive, ne doit pas être dissimulée", a dit le porte-parole du gouvernement sur RTL.

Mardi matin, aucun élément n’a permis de faire avancer l’enquête, selon le parquet de Cergy-Pontoise.

Une première exploitation des bandes des caméras de télésurveillance des gares concernées n’a jusqu’ici rien donné, et des doutes ont surgi sur les déclarations de la victime.

Face à "l’emballement" médiatique et politique face à une agression antisémite, deux syndicats de police, Synergie et Alliance, ont préconisé la prudence.

Xavier Salvat, procureur de la République à Cergy-Pontoise, a cependant souligné que l’enquête se poursuivait, y compris l’analyse des bandes vidéo des gares concernées.

"Pour l’instant, sur ce qui a été observé, il n’y a rien de probant. Mais leur exploitation n’est pas définitivement close", a-t-il déclaré à Reuters.

"Ce qui est délicat, c’est que nous n’avons pas de témoin direct des faits. Mais tout est fait pour essayer de corroborer les déclarations de la victime. On vérifie tous les éléments. Pour l’instant, il n’y a rien de concluant", a-t-il ajouté.

"IL Y A UNE REALITE ANTISEMITE"

Une soixantaine de policiers ont effectué lundi des contrôles et interrogé des passagers à l’intérieur des trains dans le créneau horaire de l’agression, entre Orry-la-Ville et Garges-Sarcelles, en direction de Paris.

La secrétaire d’Etat au droit des victimes, Nicole Guedj, qui avait reçu lundi matin la jeune femme agressée, a renouvelé l’appel à témoins des autorités judiciaires.

La victime déclare avoir été agressée par six jeunes hommes d’origine maghrébine et africaine qui la croyait juive. Elle affirme avoir vainement appelé au secours. Selon elle, une vingtaine de personnes "capables de voir" ce qui se passait étaient présentes dans la rame, notamment un jeune homme qui se serait trouvé assis à proximité de la victime.

Du côté policier, Synergie-Officiers a invité la presse et les élus à rester mesurés, soulignant que le témoignage de la jeune femme présentait des "contradictions".

"En l’état actuel, il n’y a pas de témoignages qui confirment les dires de la victime. Il faut laisser le temps à la police de travailler", a déclaré Franck Carabin, l’un des responsables du syndicat.

Il a souligné que le personnel de guichets de la SNCF, à qui la victime affirme avoir dénoncé l’agression, ne se souvenait pas de l’affaire.

Dominique Lagache, du syndicat Alliance, a souligné qu’il appartenait aux policiers d’enquêter "à charge et à décharge", y compris sur la personnalité de la victime.

Des responsables politiques ont également exprimé lundi soir leurs interrogations sur cette affaire.

Le président PS du Conseil régional d’Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, a évoqué ses craintes avec Nicole Guedj dans un aparté diffusé lundi soir sur France 2 lundi soir. "J’espère qu’il n’y a pas de loup sur cette affaire", a-t-il dit. (Reuters)