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Les gangsters, les ânes et les lèche-cul

Publie le lundi 24 octobre 2011 par Open-Publishing
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« Après la nationalisation de Dexia en Belgique, qu’il faudra s’approprier collectivement pour qu’elle serve, à long terme, l’intérêt général, c’est à la nationalisation (ou réappropriation, ou réquisition, ou mise sous contrôle public) de la sidérurgie qu’il nous faut dès à présent travailler. »

Dexia. ArcelorMittal. Le système craque. Sur le pont du navire à la dérive, l’orchestre joue plus fort. Bercés par la musique, les ânes refusent d’entendre les craquements qui précèdent l’effondrement… et la colère qui, du fond de la cale, monte et gronde.

Dexia. Trois ans à peine après une grande déglingue nommée « Fortis » et la recapitalisation « publique » de quelques fleurons privés de l’activité bancaire, voici revenu l’un deux, Dexia, qui quémande une nouvelle aide et fait appel, une fois encore, à l’État, dernière planche de salut avant le naufrage.

Sur les plateaux de télévision, derrière les micros, dans les journaux, les mêmes experts, vieillis, pas même embarrassés, répètent les mêmes chapelets. Entre deux crises, ces lèche-cul du capitalisme n’ont pas appris la modestie. Ils pontifient sans talent sur le rôle de l’État, qui selon eux n’est pas de gérer des banques, en tout cas à long terme.

« Mais ici, en l’occurrence, il n’y avait pas d’alternative ». Pour eux, il n’y a jamais d’alternative. Cela simplifie la vie et la réduit à du papier à musique. Ainsi rabâchent-ils avec application les âneries de leur ministre des Finances : sauver le petit épargnant et épargner les actionnaires. Comment ? En transférant la charge du risque, en cas de coup dur, vers le citoyen appelé à régler la facture.

Dans leur religion, la vocation de l’État est donc... de faire payer leur crise aux peuples. Tandis que les banquiers appellent le contribuable à la caisse, le débat budgétaire illustre toute la difficulté de faire contribuer au financement des besoins collectifs les détenteurs de capitaux et tous ceux qui vivent des revenus du lucre. Cette contradiction n’est pas tenable. Ce n’est pas la dette et la misère qu’il faut partager, ce sont les richesses !

Depuis 2008, le monde politique n’a rien appris. Rien n’a été fait pour empêcher de nouvelles perspectives de faillites bancaires qui agissent comme un révolver sur la tempe des gouvernements au moment d’éponger les pertes liées aux folies spéculatives d’acteurs aveuglés par l’appât du gain. « Mêmes les critiques les plus modérées de type social-démocrate sont rejetées avec une virulence qui fait peur », constatait récemment l’économiste français proche d’ATTAC, Michel Husson. « Et les grands partis de la gauche institutionnelle se laissent intimider. Ils n’osent plus proposer de réponses qui sortent du cadre libéral qui nous a pourtant menés dans l’impasse. »

ArcelorMittal. Et pour sauver la sidérurgie liégeoise et les milliers de familles qui en vivent ? Allons-nous devoir supporter les mêmes refrains éculés en ce qui concerne le « chaud » de Liège et ses travailleurs, coulés avec un cynisme ordurier par les saigneurs d’ArcelorMittal ? Ou bien allons-nous enfin oser sortir du cadre ?

Allons-nous courber l’échine et abdiquer sans combattre, au motif qu’il n’est pas possible de faire le poids face à la puissance de cette pieuvre multinationale ? Ou que « l’Europe » nous « interdit » de décider nous-mêmes de notre devenir ? Ou que l’assainissement coûteux des sols pollués et désertés par les vautours serait désormais la seule utopie que nous pourrions encore caresser ?

Nous n’en démordrons pas : nous ne sommes pas condamnés à la terre brûlée, au désert économique, à voir nos enfants vivre demain moins bien que nous. Nous ne sommes pas condamnés à regarder tristement Mittal et ses actionnaires partir avec la caisse, sans réagir. Nous ne sommes pas condamnés à nous soumettre au racket et à l’impunité des patrons-voyous, des financiers et des agences de notation. Nous refusons de voir des milliers de travailleurs sacrifiés, des milliers de familles jetés dans la précarité.

Le système craque, et rompre avec ses logiques de mort est la seule issue. Au moment où les gangsters, les ânes et les lèche-cul s’entendent pour nous faire payer leurs mauvais coups, il nous appartient, comme syndicalistes, comme militants, comme citoyens, de leur imposer cette rupture. Aujourd’hui, il est redevenu possible de « penser l’impensable » (1), et de réaliser « l’impossible ». Après la nationalisation de Dexia en Belgique, qu’il faudra s’approprier collectivement pour qu’elle serve, à long terme, l’intérêt général, c’est à la nationalisation (ou réappropriation, ou réquisition, ou mise sous contrôle public) de la sidérurgie qu’il nous faut dès à présent travailler.

Nico Cué, Secrétaire général des Métallurgistes Wallonie-Bruxelles de la FGTB.

(1) « Penser l’impensable », par Serge Halimi, in Le Monde diplomatique, novembre 2008.

D’autres éditos et des vidéos sur www.metallos.be

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Messages

  • Envoyez donc cette déclaration à Pierre Laurent afin qu’il recouvre la vue et ainsi remettre le PCF sur les rails de la lutte des classes. Qu’il se dépêche, car Mélenchon est capable de le dire avant lui..

  • Sauvée en 2008, grâce à l’injection de capitaux publics à une hauteur de 6 milliards d’euros par les Etats français et belge, la banque DEXIA se retrouve aujourd’hui en situation de faillite.

    Après avoir mis en œuvre une politique désastreuse tournée vers la spéculation et une maximisation des bénéfices, DEXIA se trouve aussi confrontée aux effets produits par la crise de la zone euro.

    Dans un tel contexte, les gouvernements français et belge envisagent aujourd’hui d’opérer un démantèlement de la banque qui pourrait générer une reprise, par la Caisse des Dépôts et Consignations et la Banque Postale, de ses activités de financement et de son portefeuille des crédits alloués aux collectivités territoriales, de même que la création d’une structure de défaisance qui aurait pour vocation de gérer des actifs à risques pour un montant de prés de 100 milliards d’euros.

    Pour la CGT, les salariés, plus particulièrement ceux de DEXIA, ne doivent pas une fois de plus payer la facture de la crise. Leurs emplois, leurs droits et garanties collectives doivent être assurés.

    Par ailleurs, les collectivités territoriales subissent aujourd’hui les effets produits par la suppression de la taxe professionnelle et le gel des dotations budgétaires, alors même qu’elles assurent aujourd’hui plus de 70 % des investissements publics.

    Dans le même temps, les hôpitaux publics aux budgets déjà contraints par les lois de financement de la Sécurité Sociale sont aussi victimes, pour 500 millions d’euros, des surcoûts des emprunts toxiques.

    La CGT, demande l’ouverture d’une discussion avec l’ensemble des acteurs concernés pour mettre en place dans les meilleurs délais un pôle financier public et imposer aux banques des missions d’intérêt général.

    Pour la CGT, il s’agit au moyen du pôle financier public, de procéder à une mise en réseau d’un ensemble d’institutions économiques et financières de statut public et semi-public exerçant des missions d’intérêt général, dans le respect de leurs spécificités et des différents statuts des personnels.

    Placé sous un contrôle public et social (responsables des établissements, élus nationaux et locaux, représentants de la société civile et plus particulièrement des organisations syndicales), ce pôle financier public serait entre autres mobilisé pour le soutien et le développement des activités productives, de l’emploi et des services publics dans les territoires.

    Les collectivités locales, les établissements publics dont les hôpitaux doivent pouvoir disposer d’un nouvel outil de financement pour financer leurs investissements qui jouent un rôle clé dans le développement des activités et de l’emploi dans les territoires et de leurs aménagements.

    Montreuil, le 6 octobre 2011.

    http://www.cgt.fr/La-Cgt-exige-la-creation-immediate.html

  • Malheureusement cette pratique s’étend, ainsi en lorraine les usines Arcelor-Mittal, ferment, car chacun sait que nous n’avons pas besoin d’acier de qualité !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
    Que dire : révolte, révolution ? de mon point de vue d’enseignante je vois la catastrophe impuissante ; les bras nous tombent !!!!!!!!!!!!!!!marie.lina