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Les habitants d’Ivry sur Seine invités au chantier

Publie le vendredi 28 septembre 2007 par Open-Publishing

A Ivry sur Seine, les habitants sont convié à reflechir et participer au travaux de rénovation qui accompagne l’elargissement de la RN305.

de Martin MAGDELAINE

Ce mercredi 26 septembre, l’automne a commencé à Ivry sur Seine. Le gris terne des façades ne contraste guère avec la teinte des nuages d’où s’échappent quelques gouttes froides et pénétrantes. Dans l’avenue de Verdun, longue artère dont le numéro 1 marque l’entrée dans la ville, s’élabore petit à petit le projet artistique Trans 305. Alors qu’une grande partie de la ville est en cours de rénovation, notamment autour de la RN 305 qui doit être élargie, les aspirations d’un artiste, Stéphane Shakland, ont rencontré le souhait de la mairie d’Ivry d’intégrer la population au processus de renouvellement urbain en cours.

Au delà des consultations d’usage des habitants sur les choix en matière d’urbanisme, le projet Trans 305 se propose d’initier une démarche créative, participative, rassemblant jeunes artistes et habitants concernés, autour des nombreux travaux de rénovations du quartier qui commencent à peine et qui devraient durer près de 8 ans. Le but étant, selon l’artiste, de « rendre visible les forces physiques, les caractéristiques matérielles, les réalités économiques, les contraintes légales, les volontés politiques et les désirs humains » qui s’articulent autour d’un tel chantier.

Pour Aurélie Sampeur, membre fondatrice de l’association Lieux Communs Production qui participe au projet, Trans 305 doit permettre à la population de se rassembler autour du processus de transformation du quartier, de susciter débat et réflexion autour des problématiques liées à l’espace urbain en mutation. Le projet s’articule autour de 3 axes, explique-t-elle. Il s’agît tout d’abord d’intervenir sur le site en chantier, en détournant, par exemple, les éléments réglementaires comme les panneaux d’information afin de les charger de symbolique et de les rendre plus attractifs.

La démarche se veut également résolument participative, avec des ateliers organisés pour les écoliers du quartier et l’intervention de jeunes étudiants de l’école des beaux arts de Paris. Enfin, l’équipe s’attache à rendre le projet visible et transparent, et assure son rayonnement par la création d’un site Internet (http://www.trans305.org), la réalisation d’un film ou encore la conception de cartes postales. Les jeunes artistes conviés à contribuer au projet se sont dit tout d’abord attirés par la physionomie du lieu, sorte de grande friche en état de délabrement accélère, offrant un espace plus que généreux et particulièrement propice à l’élaboration d’œuvres basées sur le concept d’« art urbain ».

Mais rapidement, ils ont compris que leur démarche devait s’inscrire dans un lieu de vie particulier, fait de réalité et de problématiques sociales concrètes. Ainsi de Marc et Matthieu, dont les grandes montgolfières en sacs poubelles permettront aux habitants d’afficher des messages visibles à tous, dans le but de « créer un événement », susciter un sourire, une réflexion...Ou de Marion, qui part à la rencontre des enfants du quartier afin d’affiner son projet de piste cyclable amovible. L’engouement de la population reste lui assez timide. En cause, une certaine méfiance envers les pouvoirs publics, mais aussi sans doute une réelle crainte quant à l’avenir.

En effet, bien que le projet urbain présenté par Pierre Gosnat, maire PCF d’Ivry sur Seine, assure que 50% des appartements nouvellement construits seront alloués au logement social, et que tout a été fait pour maintenir les prix de vente au plus bas et empêcher toute activité spéculative, nombre de résidents parmi les plus modestes savent qu’ils ne pourront supporter l’augmentation des prix liée à la rénovation du quartier, et devront changer d’habitation pour aller s’installer plus loin dans la périphérie.

La démarche ambitieuse de Trans 305 ne pourra réussir que si elle tient compte de ces inquiétudes et de ces craintes, et qu’elle ne se limite pas à une simple action de « décoration » des chantiers à venir. Car un projet de réflexion et d’action participative autour des travaux de transformation d’un quartier ne peut occulter les problématiques soulevées par le projet d’urbanisation lui même.