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Les intermittents du jeu vidéo en mode camouflage
Publie le mercredi 16 juillet 2003 par Open-Publishinghttp://www.01net.com/article/214222.html
Ludovic Nachury, 01net., le 15/07/2003 à 19h15
L’industrie des logiciels de loisir a de plus en plus recours à ce statut,
tout en n’étant pas censée en bénéficier. Une refonte du statut des
travailleurs du jeu vidéo est à l’étude.
Du festival d’Avignon au tirage du Loto, les intermittents du spectacle ont
multiplié les actions ces dernières semaines. Mais ils ne se sont pas
attaqués à un secteur qui fait appel à eux discrètement : les jeux vidéo. Le
conflit actuel pourrait pourtant y avoir un impact, en accélérant la
création d’un statut propre aux travailleurs de cette industrie.
Il n’existe pas aujourd’hui de chiffres quantifiant le nombre
d’intermittents actifs dans cet univers. Pour certain, il s’agit d’un nombre
faible. Pour d’autres, d’une quantité non négligeable, en particulier du
côté des graphistes. Mais tous s’accordent pour considérer que la tendance
est à la hausse.
Pourtant, en théorie, l’emploi d’intermittents par l’industrie du jeu vidéo
devrait être impossible. Ses acteurs relèvent de la convention collective du
Syntec, celle des SSII et des éditeurs. Sauf que, selon une étude de
l’agence française pour le jeu vidéo, 16 % d’entre eux se référencent auprès
de l’UNEDIC comme « activités récréatives, culturelles et sportives », une
définition qui permet dans certains cas de faire travailler des
intermittents.
Bruiteurs, animateurs 3D, graphistes et même développeurs
De quoi faire entrer infographistes, voire développeurs dans le régime des
intermittents alors qu’ils ne sont pas censés en faire partie. « Nous
avions demandé à Jean-Pierre Raffarin d’avoir accès à ce statut , explique
Jean-Claude Larue, président du Sell (Syndicat des éditeurs de logiciels de
loisir). Ce à quoi il nous a répondu : je suis en train de m’attaquer à ce
sujet. Il n’était donc pas question de venir nous y greffer . »
Les passerelles entre monde du spectacle et jeu vidéo sont nombreuses.
Au-delà des acteurs et bruiteurs utilisés pour de nombreux logiciels, la
liste officielle des fonctions exercées par les intermittents comprend ainsi
dans le secteur de l’animation des fonctions comme animateur 3D,
infographiste modélisation 3D et programmeur/développeur.
Résultat, explique Pierre Carde, directeur de LyonGame et animateur de la
commission sociale de l’Apom (Association des producteurs d’oeuvre
multimédia), « l’utilisation d’intermittents est plus rare dans le jeu
vidéo que dans l’audiovisuel alors que nous en aurions plus besoin. Le monde
du jeu vidéo est assez violent en terme de business, nous sommes preneurs de
contrats de plus courte durée, correspondant à des missions limitées... Tout
en faisant attention à ne pas augmenter la précarité dans cette industrie. »
En plein conflit des intermittents, pas question bien sûr de greffer de
nouvelles professions à ce statut. Les dirigeants du secteur tablent donc
sur d’autres pistes. Et en particulier sur celles du bâtiment et des travaux
publics. « C’est une solution que nous étudions avec le ministère du
travail , explique Jean-Claude Larue. Dans ce secteur, on n’engage pas des
employés à vie, mais un architecte et son équipe qui s’activent pour des
durées variables . » Tenté par le bâtiment, désireux d’être considéré comme
un acteur culturel, le monde du jeu vidéo tente d’échapper à son statut
d’éditeur de logiciels.