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Les mauvaises nouvelles s’accumulent pour Jean-Pierre Raffarin

Publie le mercredi 21 avril 2004 par Open-Publishing

Printemps pourri pour Jean-Pierre Raffarin : depuis la
claque électorale des régionales, les mauvaises nouvelles s’accumulent
pour le Premier ministre, en butte à la hausse du chômage, à la
contestation des chômeurs et des intermittents et à un déficit qui n’en
finit pas de se creuser.

Sanctionné par les électeurs les 21 et 28 mars, le chef du gouvernement
n’est toujours pas parvenu à reprendre la main alors que se profile déjà
la campagne pour les européennes du 13 juin. Confronté à une série de
mauvaises nouvelles, Matignon a opté jusque-là pour la stratégie du
"gros dos".

Selon "Le Figaro", Jean-Pierre Raffarin envisagerait cependant de sortir
de son mutisme en intervenant à la télévision la semaine prochaine.

En attendant, c’est le silence radio à Matignon. Jean-Pierre Raffarin
n’a ainsi pas réagi à la décision du tribunal de grande instance de
Marseille de donner gain de cause à 35 chômeurs qui avaient assigné en
justice l’Unedic et l’Assedic Alpes-Provence, après l’arrêt brutal du
versement de leurs allocations en janvier.

Si ce jugement était confirmé, ses conséquences sont pourtant
potentiellement explosives pour le système d’assurance-chômage. Selon le
secrétaire général de la CFDT François Chérèque, cela pourrait creuser
le déficit de l’assurance-chômage de "plus de 2 milliards d’euros".
Mardi, le président du MEDEF Ernest-Antoine Seillière craignait une
annulation pure et simple de la convention Unedic par le Conseil d’Etat,
le 7 mai prochain, après le recours déposé par les syndicats et les
associations de chômeurs opposés à ce texte.

De même, le gouvernement ne parvient toujours pas, un an après le début
du conflit, à se débarrasser du dossier des intermittents du spectacle.
Après la perturbation de la cérémonie des Molières lundi soir, ceux-ci
menacent une nouvelle fois les festivals de l’été. L’an dernier, la
majorité d’entre eux, dont celui d’Avignon, avaient dû être purement et
simplement annulés.

Du coup, le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres a été
contraint de monter une nouvelle fois au front, sans pour autant faire
d’annonces concrètes pour le moment.

Dans ce contexte, les mauvais résultats de l’emploi rendus publics mardi
par l’INSEE tombent au plus mal. Pour la première fois depuis dix ans,
la France a perdu des emplois l’année dernière -67.000-, révèle
l’institut. Le chômage frise désormais le seuil des 10% de la population
active. En 2003, il touchait 2,64 millions de personnes en 2003, soit
9,7%.

Du coup, le scénario optimiste d’un retour prochain de la croissance,
défendu bec et ongles ces derniers mois par Jean-Pierre Raffarin, en
prend un coup. Et le contenu de la future "loi de mobilisation pour
l’emploi" annoncée par Jacques Chirac début 2004, lui, se fait toujours
attendre.

"Cette perte de confiance et cette hausse du taux de chômage sont les
résultats directs de la mauvaise gestion du Premier ministre et de son
gouvernement", a accusé mardi le porte-parole du Parti socialiste Julien
Dray. Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin "visiblement est en
intérim", a ironisé de son côté l’ancien ministre socialiste Laurent
Fabius.

Côté budgétaire, la situation n’est pas plus brillante, le ministre de
l’Economie Nicolas Sarkozy s’apprêtant à procéder à un nouveau tour de
vis dans les dépenses de l’Etat pour tenter de contenir les déficits
publics.

Selon "Le Monde", les gels de crédits pourraient atteindre 7 milliards
d’euros. Seuls les chantiers prioritaires du président Jacques Chirac
devraient être épargnés : la recherche, la lutte contre le cancer, la
sécurité routière, les actions en faveur du handicap et l’aide publique
au développement.

C’est dans ce contexte que le Premier ministre s’apprête à rendre
publiques ses orientations pour la réforme de l’assurance-maladie. Dans
les prochains mois, il va également devoir mener à bien le plan
dépendance et la suppression d’un jour férié, la réforme du statut d’EDF
et la décentralisation, contestée par les présidents de région
socialistes.

Autant de chantiers qui ne devraient pas lui permettre d’enrayer sa
chute dans les sondages : quelque 63% des Français se disaient mécontents
de l’action du Premier ministre dans un sondage Ifop publié par "Le
Journal du dimanche". AP