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Les ménages modestes menacés de précarité face à un logement toujours plus cher
Publie le mardi 17 octobre 2006 par Open-Publishingde Jean-Marie Godard
Le budget que les Français consacrent au logement ne cesse de croître et atteint un seuil pouvant faire basculer les ménages les plus modestes "dans la précarité et l’exclusion" à la moindre difficulté, s’alarme lundi la Fondation Abbé Pierre à la veille de la Journée mondiale du refus de la misère.
"Le budget que consacrent les Français pour se loger ne cesse de croître", explique la Fondation dans une étude diffusée lundi. L’association souligne que "la part des ressources des ménages affectée au logement et à son fonctionnement a atteint en 2005 un niveau historique, avec une moyenne de 24,7%", mais est "fréquemment très supérieure à 30% et peut même dépasser 40%, voire 50% du revenu des plus modestes".
Cette situation s’explique par la progression des loyers : 4,6% par an depuis 2000, selon la Fédération nationale de l’immobilier, "soit largement le double du montant de l’inflation", note la Fondation Abbé Pierre. "Face à cette ’explosion’ des prix de l’immobilier, l’évolution des aides au logement apparaît très en retrait".
A cela s’ajoute l’envolée des coûts de l’énergie. "En 2005, selon l’INSEE, les montants que les ménages ont consacré au chauffage de leur logement et à son éclairage ont, eux aussi, connu une augmentation record. Il faut remonter à 1992 pour retrouver une progression plus marquée", selon l’organisation caritative.
Ainsi, entre juillet 2005 et juillet 2006, si l’électricité a connu une hausse très limitée (+0,1%), le prix du fioul a augmenté de 11,4% et le gaz de 19,5%, selon les chiffres publiés dans l’étude.
"Cette augmentation du ’taux d’effort global’ (qui comprend l’ensemble des dépenses relatives au logement et à son fonctionnement), connaît actuellement une accélération qui frappe très durement les ménages les plus fragiles", s’alarme la Fondation.
Résultat : "les impayés de loyer, le nombre de dossiers de surendettement déposés auprès de la Banque de France comme le nombre de procédures d’expulsion des locataires augmentent d’année en année. Quant aux ménages qui parviennent encore à faire face, ils ne peuvent que constater la dégradation continue de leur situation financière".
"En approchant la situation réelle des ménages par leur reste-à-vivre, c’est-à-dire par le budget disponible pour les dépenses autres que le logement, il apparaît quasiment impossible que les plus modestes puissent, sans aides et sans secours, se nourrir et se vêtir, sans même parler de s’offrir des loisirs ou des vacances", stipule la Fondation.
Et selon elle, "cette situation fragilise toute une partie de la population, pour laquelle tout imprévu peut accélérer la chute vers une spirale d’endettement qui conduit très vite à l’exclusion". AP