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Les négociations sur le statut des intermittents reportées à septembre
Publie le vendredi 17 juin 2005 par Open-Publishingde Nathaniel Herzberg
Renaud Donnedieu de Vabres a sans doute sauvé son été. Mais pas encore son automne. A l’issue de la réunion sur les intermittents du spectacle, entre patronat et confédérations syndicales, jeudi 16 juin, au ministère de la culture, le ministre a donné rendez-vous à l’ensemble des participants "dans la première quinzaine de septembre". D’ici là, les organisations sont invitées à poursuivre "une phase de travail au niveau professionnel", autrement dit à l’échelon inférieur.
Tout l’enjeu de cette journée "historique", selon le ministre, tenait au climat qui allait régner, mais surtout au calendrier qui serait arrêté. La CGT souhaitait négocier immédiatement les bases du futur dispositif d’indemnisation du chômage des artistes et techniciens.
La CFDT ne voulait pas même en parler, jugeant prioritaire la question de "l’emploi artistique", c’est-à-dire du recours à l’intermittence, des abus, des contrôles.
Le Medef entendait s’assurer que le sort des professionnels du spectacle dont le régime affiche près de 952 millions d’euros de déficit ne serait pas renégocié avant celui de l’ensemble des salariés dont le trou pourrait dépasser les 13 milliards d’euros et la convention arrive à échéance le 31 décembre.
LA "SOLIDARITÉ NATIONALE"
Côté intempéries, la tempête redoutée n’a pas eu lieu. Quant au calendrier, il a surtout satisfait le Medef et la CFDT. Sans provoquer toutefois de colère à la CGT. Jean-Christophe Le Duigou, secrétaire confédéral de la centrale, s’est certes déclaré "particulièrement déçu de ne pas pouvoir débloquer cette situation". Il a même assuré que son organisation allait, lors d’une assemblée générale, lundi 20 juin, "déterminer des moyens d’action appropriés".
Mais le secrétaire général de la branche spectacle, Jean Voirin, a estimé que la réunion avait eu "le mérite d’exister" et qu’il se réjouissait de voir Jean-Paul Guillot "reprendre du service".
Dans un rapport remis au ministre en novembre, M. Guillot avait sévèrement mis en cause le nouveau régime d’indemnisation issu du protocole du 26 juin 2003, signé par le Medef et la CFDT. Or c’est lui qui pilotera la négociation qui, selon le ministre de la culture, "va s’ouvrir dès demain" entre les syndicats du secteur culturel. Son travail devrait consister à "étudier et chiffrer" l’ensemble des propositions y compris celles de la Coordination des intermittents, absente jeudi afin qu’en septembre, les partenaires sociaux disposent "de suggestions et de pistes".
Les vrais affrontements pourront alors commencer. Et ils promettent d’être sévères. "La politique de l’emploi culturel ne doit pas être uniquement financée par les employés du secteur privé", a insisté Denis Gauthier-Sauvagnac, vice-président du Medef, en appelant à la "solidarité nationale".
La CFDT a elle aussi réclamé un investissement de l’Etat, en demandant, par la voix d’Hélène Thomas, que soit maintenu le Fonds transitoire, qui a permis de repêcher 4 500 exclus du nouveau régime. Elle a également fait part de ses "interrogations sur le périmètre", c’est-à-dire les métiers qui entrent dans le champ de l’intermittence.
Or, sur ce dernier sujet, les discussions piétinent. Les conventions collectives tardent à être signées.
L’Etat devra-t-il se substituer à des partenaires sociaux défaillants ? Jusqu’où pourra-t-il intervenir financièrement sans mettre à mal son budget et mettre en danger le fameux principe de la solidarité interprofessionnelle ?