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Les opinions israélienne et palestinienne en faveur de deux Etats

Publie le mercredi 19 janvier 2005 par Open-Publishing

Haaretz, 18 janvier 2005

Les opinions israélienne et palestinienne en faveur de deux Etats
par Akiva Eldar

Trad : Gérard pour La Paix Maintenant

Environ 54% des Palestiniens sont en faveur d’une solution à deux Etats sur
la base des lignes de 1967 avec corrections de frontières, et sans retour
massif des réfugiés, ce qui confirme qu’il s’est produit un changement dans
l’opinion palestinienne depuis le décès de Yasser Arafat.

Ces chiffres figurent dans une étude d’opinion à grande échelle auprès de
1.319 personnes, réalisée fin décembre. Ils contrastent avec un sondage
similaire effectué en décembre 2003, qui montrait que seuls 39% des
Palestiniens étaient en faveur d’un accord avec Israël.
Une étude parallèle réalisée en Israël montre que 64% des personnes
interrogées sont aujourd’hui en faveur d’un accord de paix définitif, contre
les 47% qui soutenaient le même accord l’année dernière.

Les sondeurs ont présenté aux personnes interrogées une série de
propositions qui s’inspirent des paramètres Clinton de 2000 et des Accords
de Genève de 2003, mais sans les nommer. La plupart des résultats des
sondages parallèles montrent une augmentation significative du soutien à la
réconciliation entre les peuples et à un accord de paix, et ce depuis que
Mahmoud Abbas a remplacé Yasser Arafat.

Le Dr Khalil Shikaki, qui dirige le Center for Palestinian Policy and
Research à Ramallah, a réalisé son sondage au cours des derniers jours de
2004, alors que l’armée israélienne menait des opérations en Cisjordanie et
à Gaza. Le Dr Yaakov Shamir, de l’institut Truman de l’Université hébraïque
de Jérusalem, a réalisé son sondage avec la collaboration de l’institut
Dahaf les 9 et 10 janvier 2005, en pleine crise des roquettes lancées sur
Sderot.

Pour une reconnaissance mutuelle

Environ 63% des Palestiniens sont en faveur de la proposition selon
laquelle, après la création de l’Etat de Palestine, et après que seront
résolus les problèmes difficiles (dont les réfugiés et Jérusalem), soit
publiée une déclaration reconnaissant l’Etat d’Israël en tant qu’Etat du
peuple juif et l’Etat de Palestine en tant qu’Etat du peuple palestinien.
Environ 35% des Palestiniens sont contre cette déclaration. En juin 2003,
52% étaient pour, et 46% contre.
Du côté israélien, 70% se sont prononcés pour la reconnaissance mutuelle, et
16% contre. En 2003, 65% étaient pour, et 33% contre.

Environ 63% des Palestiniens se sont dit tout à fait d’accord ou d’accord
avec la proposition suivante : "l’Etat de Palestine sera créé sur toute la
bande de Gaza et sur toute la Cisjordanie, à l’exception des grands blocs de
colonies qui seront annexés à Israël, étant entendu qu’ils ne représenteront
pas plus de 3% [du territoire]. Israël évacuera le reste des colonies, et
les Palestiniens recevront en échange un territoire identique en taille
contigu à [la bande de] Gaza." Environ 35% se sont déclarés contre ou tout
à fait contre cette formule.

En décembre 2003, 57% étaient pour, et 41% contre.

En Israël, la même proposition est soutenue par 55% des personnes
interrogées, 43% se déclarant contre. En 2003, 47% étaient pour, et 50%
contre.

Positions plus dures sur Jérusalem

Sur Jérusalem, les opinions se sont durcies des deux côtés. Du côté
palestinien, 44% des personnes interrogées se sont déclarées pour, et 54%
contre, un accord où "Jérusalem sera la capitale des deux Etats, Jérusalem
Est capitale de l’Etat de Palestine et Jérusalem Ouest capitale d’Israël.
Les quartiers arabes de Jérusalem, dont la Vieille Ville et Haram el Sharif
/ Mont du Temple, seront sous souveraineté palestinienne. Les quartiers
juifs, dont le Quartier juif [de la Vieille Ville] et le Mur des
Lamentations, seront sous souveraineté israélienne."
En 2003, 46% étaient pour et 52% contre.
Du côté israélien, 39% sont pour et 60% contre (41% et 57% respectivement en
2003).

Solution pour les réfugiés

Le sondage révèle un changement majeur dans la position des Palestiniens
concernant les réfugiés. D’après les paramètres Clinton et les Accords de
Genève, la solution du problème serait fondée sur les résolutions 194 et 242
des Nations Unies, et prévoirait cinq possibilités parmi lesquelles les
réfugiés pourraient choisir : rester dans leur pays d’accueil actuel,
retourner en Palestine, retourner en Palestine dans le cadre d’un échange de
territoires, émigrer en Europe ou vers d’autres pays comme l’Australie ou le
Canada, ou retourner en Israël, retour qui serait limité et contrôlé par
Israël, Israël fondant sa décision à partir du nombre moyen de réfugiés qui
émigreraient vers des pays comme l’Australie, le Canada et l’Europe. De
plus, tous les réfugiés auraient droit à une indemnisation financière,
fournie par un fonds international.
Le sondage de 2003 montrait que seules 25% des Palestiniens interrogés se
prononçaient pour cette solution au problème des réfugiés, alors que dans le
présent sondage, ce sont maintenant 46% qui se déclarent pour, et 50%
contre. Du côté israélien, 44% sont pour cette solution (35% en 2003).

Fin du conflit

Quelque 69% des Palestiniens interrogés soutiennent un accord qui
comprendrait une déclaration mettant fin au conflit avec Israël, sans autre
revendication d’un côté comme de l’autre. L’année dernière, seuls 42% des
Palestiniens soutenaient cette déclaration, alors que 55% étaient contre.
Du côté israélien, 76% soutiennent une pareille déclaration, 23% y sont
opposés (respectivement 66% et 23% en 2003).

Une grande majorité de Palestiniens (61%) sont opposés à la proposition
suivante : "l’Etat de Palestine en Cisjordanie et à Gaza n’aura pas d’armée,
mais une solide force de sécurité, et il y aura une force multinationale
pour garantir la sécurité des deux côtés. Israël et la Palestine
s’engageront à mettre fin au terrorisme et à la violence des deux côtés."
Seuls 27% des Palestiniens interrogés ont accepté cette proposition. En
décembre 2003, quand elle a été soumise pour la dernière fois (mais sans
l’élément de la force multinationale), 36% étaient pour et 63% contre.

Environ 53% des Palestiniens se disent favorables à la proposition suivante
 : "Israël aura l’autorisation d’utiliser l’espace aérien palestinien pour
manoeuvrer, mais l’Etat de Palestine jouira de la souveraineté sur son
espace aérien, sa terre et ses ressources en eau. De plus, deux stations de
surveillance israéliennes seront établies en Cisjordanie pendant 15 ans, et
une force multinationale demeurera dans l’Etat palestinien et sur les
frontières pendant une période indéterminée. La fonction de la force
multinationale est de veiller à l’application de l’accord, défendre
l’intégrité territoriale de l’Etat palestinien et surveiller les passages
frontaliers, la Palestine étant démilitarisée." 45% sont contre. En 2003,
23% y étaient favorables, et 67% opposés.
Du côté israélien, 61% soutiennent cette approche, alors que 37% sont
opposés à la l’inclusion de cette proposition dans tout accord de paix
définitif.

http://www.haaretzdaily.com/hasen/spages/528457.html

La Paix Maintenant (France) : http://www.lapaixmaintenant.org/