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Les politiques n’ont toujours rien compris à la situation des banlieues
Publie le mardi 27 novembre 2007 par Open-Publishing4 commentaires
Villiers-le-Bel deux ans après Clichy...
de Yann Riché
A croire parfois que les hommes et ici en l’occurence les femmes politiques n’ont toujours rien compris à la situation des banlieues.
L’accident de dimanche, car il semble bien que ce soit un accident, les témoins confirment en tout cas cette version, a mis une nouvelle fois en exergue la fragilité, disons, l’apparente paix qui règne en banlieues.
La réaction des jeunes et moins jeunes face à l’accident est épidermique, elle est à nouveau la mise en avant de leurs frustrations et de leur colère. Evidemment la thèse de l’accident apparaît surprenante, il faut là encore aussi le reconnaître, de voir une voiture, justement de police, entrer en collision avec la mini-moto (non homologuée pour rouler sur route) avec deux jeunes sans casque, dans une cité semble être une coïncidence surprenante. Accumulations qui pourtant font d’un fait divers une affaire des cités.
La situation pourrait en rester là, mais la ministre de l’Intérieur a montré à quel point elle mésestime la situation en déclarant : qu’un "certain nombre de personnes qui [essayaient] de créer des incidents graves pour profiter de cette situation". "Qui et pourquoi ? Des personnes qui ont intérêt, sans doute pour couvrir certaines de leurs actions, à faire des amalgames et entraîner des personnes qui n’ont rien à voir avec elles dans tout ceci."
Si cette thèse est exacte Mme la ministre vous voudrez bien nous le démontrer. Votre prédécesseur qui est notre actuel président a rappelons-le déclaré, lors des émeutes de 2005, que les émeutiers étaient pour la plupart des multirécidivistes, il s’est trouvé que le contraire fut démontré dans plus de 75 % des cas.
L’idée même que les banlieues sont organisées pour lutter contre la société paraît parfaitement fantaisiste, même s’il faut reconnaître qu’un esprit de corps existe au sein des banlieues pour trouver un ennemi commun, le policier.
Deux ans après, je ne souhaite certainement pas le renouvèlement d’un scénario qui a mis la France sous les feux de l’actualité internationale. Deux ans après, la situation reste toujours aussi difficile pour les plus démunis et l’amélioration du marché du travail n’a pas encore profité aux plus démunis (une rapide lecture des courbes du dernier Challenge montre que la courbe des bénéficiaires du RMI ne baisse pas en proportion avec celle du chômage).
Samedi 10 novembre j’écrivais déjà "Banlieues : 2 ans après..." et rien n’a changé dans l’imaginaire sécuritaire de nos concitoyens qui veulent voir les émeutes réprimées au plus vite sans comprendre que ce mauvais remake de 2005 est une conséquence de la pauvreté et de l’exclusion, du racisme ordinaire et inconscient de notre société.
Messages
1. les politiques n’ont toujours rien comppris à la situation des banlieues, 27 novembre 2007, 14:31
""Deux ans après, je ne souhaite certainement pas le renouvèlement d’un scénario qui a mis la France sous les feux de l’actualité internationale. Deux ans après, la situation reste toujours aussi difficile pour les plus démunis et l’amélioration du marché du travail n’a pas encore profité aux plus démunis ""
donc vous ne voulez pas que ça change
car qu’est ce qui peut les faire bouger ?
combien de nos enfants tués ?
ça ne vous rappelle rien tous ces morts
comment croyez vous que le peuple honni detruit exploité peut s’en sortir et se prendre
enfin en main ?
et vous voulez tous dormir tranquille et vous croyez à cette paix là
alors laissez tomber et ne glosez plus si vous en êtes encore à penser que des pollitiques de ce pays pourraient eventuellement faire qqchose !!!!!!!!
trop de naiveté et manque d’analyse politique en profondeur
le lumpen se reveille toujours ne leur en déplaise
2. les politiques n’ont toujours rien comppris à la situation des banlieues, 27 novembre 2007, 15:27
Bonjour Lolita
Oui, les émeutes sont une conséquence de la pauvreté et de l’exclusion, entre autres explications...
Quelques bémoles :
1.Il faudrait préciser également qu’il s’agit d’actes de violences physiques assez typiquement masculins. Il est assez rare que des filles, même victimes de racisme, exclue et pauvres, soient condamnées pour des incendies de véhicules, de bibliothèques, d’écoles maternelles ou pour avoir tiré sur des fonctionnaires.
2. Ecrire que les émeutes sont une conséquence du "racisme ordinaire" sous entend l’idée que les émeutiers sont exclusivement des personnes appartenant à des minorités ethniques. Et l’idée qu’un ado defavorisé d’une cité de Villiers le Bel d’origine normande ou auvergnate ne se préterait donc à ce genre de défoulement, n’étant pas victime de "racisme ordinaire". Or ce n’est pas le cas.
Je pense donc qu’il est préférable de parler d’apartheid social. Dans les quartiers que je connais les jeunes de très lointaine origine française sont confrontés plus ou moins comme les autres à la même situation social que leurs copains d’origine africaine, maghrébine... Et leurs comportements individuels et collectifs ne diffèrent guère.
3.Ecrire "les politiques n’ont rien compris" est une affirmation bien trop englobante. Ce type d’affirmation met dans le même sac toutes les personnes qui ont un engagement public ou politique. Il faudrait préciser de quels politiques tu parles -par exemple certains membres du gouvernement ou certains membres de commissions ou parlementaires- car il y a des militants et des responsables politiques qui comprennent parfaitement ce qui se passe dans ces quartiers et communes, certains y ont grandi, y habitent encore et y luttent au quotidien.
4.Je pense qu’il ne faut pas utiliser le terme de banlieues lorsqu’on parle en fait des quartiers populaires : erreur communément faite dans les médias. Et ce pour deux raisons :
– Neuilly, Saint Cloud ou Versailles sont aussi des banlieues mais le contexte social n’est pas du tout le même qu’à Sarcelles ou Clichy.
– Inversement, les 18ème, 19ème, 20ème arrondissement de Paris n’appartiennent pas à la banlieue mais dans bien des quartiers les situations sociales sont plus ou moins les mêmes qu’à Stains ou la Courneuve. Il suffit pour s’en convaincre de fréquenter les groupes de jeunes qui habitent du coté de Belleville ou de la Porte de Clichy.
5.Enfin tu écris "dans l’imaginaire sécuritaire de nos concitoyens, ceux-ci (...) veulent voir les émeutes réprimées au plus vite sans en comprendre les raisons".
Après l’incendie une bibliothèque ou d’une école maternelle, que les auteurs de ces actes soient réprimés au plus vite te semble réellement être une exigence sécuritaire ?
Si on suit ton raisonnement, souhaiter qu’un type -sous prétexte qu’il serait exclu, pauvre et victime de racisme- soit réprimé après avoir tabassé sa femme à mort serait aussi une exigence sécuritaire ? Je ne te suis pas dans cette conception un peu trop large de "l’imaginaire sécuritaire".
bien à toi
stéphane cuttaïa
1. les politiques n’ont toujours rien comppris à la situation des banlieues, 27 novembre 2007, 16:29
bonjour Stéphane
ce n’est pas moi qui est écris ce papier,
je n’ai fait que de le rapporter, tu as le lien en bas de l’article , même si je ne suis pas d’accord avec tout, dans l’enssemble cet article est plus tôt réaliste vis a vis de la situation.
Et tu as raison sur ta propre analyse de la situation.
Bien amicalement a toi
Lolita
2. les politiques n’ont toujours rien comppris à la situation des banlieues, 27 novembre 2007, 21:14
Sauf que ça reste un argument de merde. Que tous les jours, tous les jours, tous les jours (je répète, c’est pas une faute de frappe) les pauvres subissent la loi du capital, ça fait pas gerber les gens qui glosent sur les mots ( et pourtant je suis d’accord avec les arguments précédents). Dès que les ouvriers cassent les machines, séquestrent les patrons ou leurs larbins, ou brûlent ce qu’ils ont sous la main, ceux-là crient au scandale. Mais sur la répression tous les jours, tous les jours, tous les jours, dans les entreprises, dans les quartiers populaires, l’énorme machine policière, pas de scandale.
Ces "gens" veulent que les pauvres soient propres sur eux et demandent gentiment, avec des fleurs, que les flics ne les tuent pas, bref qu’ils soient comme eux qui savent tirer profit de leur bibliothèque.