Accueil > Les poussées fascistes d’Alliance Nationale (An) et de la Ligue

Les poussées fascistes d’Alliance Nationale (An) et de la Ligue

Publie le samedi 4 février 2006 par Open-Publishing
1 commentaire

de Piero Sansonetti traduit de l’italien par karl&rosa

Durant les semaines de la fin de la législature, le visage le plus autoritaire de ce gouvernement et de cette majorité a fait surface très nettement. Disons même que se sont manifestées ouvertement les poussées de type fasciste qui animent le centre-droit. Ces poussées ont produit la loi qui reconnaît le droit de tuer pour défendre la propriété privée (imposée par la Ligue) et qui mèneront dans les jours prochains à l’approbation de la loi Fini, celle qui organise la chasse aux consommateurs de joints et en autorise la poursuite. A côté de ces mesures, nous pouvons mettre aussi la loi Bossi-Fini, approuvée au début de la législature, c’est-à-dire la loi contre les immigrés, largement péjorative des normes précédentes, déjà très mauvaises, xénophobes et un peu esclavagistes (sur ces thèmes nous exagérons peut-être dans l’usage des mots ; cela sert parfois, surtout face à l’excès de froideur de la quasi-totalité des journaux et des télévisions).

Comment concilie-t-on le libéralisme spécial de Berlusconi - libériste en économie et un peu "illégaliste", plutôt que défenseur des garanties, en politique - avec les lois réactionnaires et les tendances fascistes d’An et de la Ligue ?
La droite italienne n’a jamais réglé ses comptes avec le passé : ses racines historiques - l’expérience du fascisme - conditionnent profondément sa politique. La tentation autoritaire est dans l’ADN de quelques-unes de ses composantes. Aussi bien des composantes classiques, c’est-à-dire d’An, dont le groupe dirigeant est presque complètement de formation post-mussolinienne, que des modernes, de la Ligue, qui mêlent une certaine composante populaire - formellement et historiquement antifasciste - au sentiment profond, réactionnaire et raciste, de la majorité de ses électeurs et de presque tout son groupe dirigeant.

Ce noyau de pensée réactionnaire et autoritaire s’est juxtaposé à Berlusconi et l’a profondément conditionné, en ancrant à droite son "esprit subversif" et empêchant un développement libéral de son mouvement.

C’est un des points les plus faibles du berlusconisme. Sur ce plan, Berlusconi a dû payer des prix très élevés. Il est curieux que l’opinion publique de centre-gauche s’en soit toujours très peu aperçu. Très préoccupée des lois ad personam (l’expression d’un libéralisme souvent corrompu) et décidément indifférente aux mesures d’inspiration fasciste.

Pourquoi est-il important de raisonner sur ces choses ? Pour éviter le risque de croire que du centre-droit, une fois défait Berlusconi, on puisse ramasser quelque chose de bon. Ce n’est pas le cas. Peut-être la pire partie de l’alliance est-elle précisément celle que représentent les alliés de Berlusconi. Et pourtant, même dans des secteurs très attentifs et expérimentés de la gauche italienne (les Ds par exemple) cette idée n’est pas très claire, à tel point que se fraye un chemin l’hypothèse d’une récupération - nous l’avons lu dans différents journaux - de la Ligue de Bossi.

http://www.liberazione.it

Messages