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Les salariés de "France-Soir" déclenchent le droit d’alerte

Publie le mercredi 28 juillet 2004 par Open-Publishing

de Daniel Psenny

Les représentants du personnel de France-Soir ont déclenché un droit d’alerte lors d’un comité d’entreprise, lundi 26 juillet. Cette procédure, qui permet aux élus de nommer un expert-comptable pour analyser la situation de l’entreprise, fait suite à l’annonce du groupe de presse italien Poligrafici Editoriale de céder 51 % du capital de Presse Alliance (éditeur de France-Soir) à la Financière Hoche, filiale de VME Patrimoine, holding spécialisée dans l’immobilier et dirigée par Jean-Pierre Brunois. Poligrafici, qui détient 100 % de Presse Alliance depuis le rachat du quotidien en décembre 2000, devrait conserver 49 % des parts.

Dans un communiqué publié lundi, le collectif syndical de Presse Alliance dénonce une "quasi-absence d’informations" sur l’opération. "Les élus attendaient de la réunion des informations nouvelles qui auraient pu leur permettre de porter un jugement plus éclairé sur l’opération projetée, ainsi que sur les motivations et les projets du repreneur, déclare le collectif. Or, la direction a été dans l’incapacité de donner des précisions sur les sources de financement de ce dernier."

Selon la direction du journal, M. Brunois devrait apporter en compte courant 2 694 000 euros lors de la souscription du capital, puis 4 millions d’euros au plus tard le 30 janvier 2005. De plus, il s’engagerait à financer les pertes éventuelles du 31 juillet 2004 au 31 décembre 2005. Le titre, qui vend à peine 70 000 exemplaires chaque jour, accuserait un déficit de 7 millions d’euros.

Les salariés de France-Soir, réduits aujourd’hui à 90 personnes dont 60 journalistes, s’interrogent sur l’opacité qui entoure cette cession et les intentions du futur propriétaire. "Quelle est l’origine de ses fonds et ne vient-il pas pour liquider le journal ?", demande un élu. Dans un entretien publié par Libération, mardi, M. Brunois affirme qu’il veut "rétablir le côté populaire du journal" et que son argent "provient de son travail et de ses opérations immobilières". Malgré le droit d’alerte, l’assemblée générale des actionnaires, qui devrait entériner la cession, est convoquée pour le 30 juillet.

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3236,36-373783,0.html