Accueil > Lettre au vent
de Djamal Benmerad
Les opportunistes ont pour habitude de dire cyniquement que « Ce n’est pas la girouette qui tourne, mais le vent qui change de direction ». Ainsi, si le vent prend une direction capitaliste, il faut le suivre quand même. Donc cette lettre s’adresse au vent.
Les plus acharnés à défendre la rotation de la girouette accrochée sur le minaret Algérie, sont sans aucun doute et on le comprend bien, ceux qui ont quitté un bord pour rejoindre celui d’où l’on mène actuellement le pays. Il est vrai qu’il est confortable d’être dans une opposition qui ne s’oppose qu’aux islamistes dont le programme économique, pourtant, ne diffère nullement de celui du RND, du FFS, du MDSL, du RCD et de…celui de Bouteflika. Tous ces sigles ne sont que la feuille de vigne de la social-démocratie.
Le Cheikh Abdelhamid Ben Badis, qui a dit, il y a deux siècles, que « Le communisme est le levain des peuples » ne s’y est pas trompé, lui qui prônait un islam à dimension humaine. Cependant, des partis anciennement communistes, prennent en ce début du 21ème siècle « la direction de vent » et, sous couvert de « se rapprocher des réalités », se muent en cache-sexe de la social-démocratie qui, telle une gueuse, guettait la crise du capitalisme pour lui succéder…un autre capitalisme.
La social-démocratie a l’avantage d’arrimer son fourgon de 1ère classe à la locomotive - sans moteur pour les démunis - de la démocratie. Pour nous « les damnés de la terre », la démocratie est un luxe et, comme tel, il est réservé aux puissants. Comment proposer la démocratie à un citoyen qui, parce qu’inculte et/ ou analphabète, ne distingue pas la différence entre un télégramme et un bulletin de vote. N’oublions pas que c’est cette démocratie-là qui a permis à Hitler d’arriver au pouvoir ; cette démocratie-là a coûté 50 millions de morts à l’Humanité, dont 23 millions de soviétiques.
La démocratie et son succédané, le parlementarisme, servent aujourd’hui à émasculer l’aspiration des peuples à la justice sociale. Les femmes de ménages françaises qui ont voté pour une paire de talonnettes en paient aujourd’hui douloureusement les frais. Nos pensées vont particulièrement nos camarades progressistes Maghrébins à qui nous affirmons ceci : ils ne prendront jamais le pouvoir par la voie électorale et continueront à faire ce qu’ils font : de l’électoralisme, c’est-à-dire du sur-place.
L’autre cas de figure est celui où un mouvement progressiste parvient au pouvoir par la voix des urnes. Nous avons exprimé notre désaccord à nos camarades Vénézuéliens et Nicaraguayens notamment concernant cette coquetterie de riche qui consiste à maintenir la démocratie des urnes après avoir pris le pouvoir. Que compte un Parti progressiste fort de quelques millions de militants contre un Parti qui possède une chaîne de télévision ? Lénine ne s’y est pas trompé en affirmant « Donnez-moi un journal et j’en ferai un Parti ». Et ce fut qui fut fait à travers le journal l’Iskra.
Pour les révolutionnaires, il s’agit d’employer les moyens démocratiques là où ils existent pour prendre le pouvoir. Une fois la révolution au pouvoir, elle doit se défaire de ce gadget de riches - qu’utiliseront les riches pour réoccuper le pouvoir - et offrir au peuple mieux que la démocratie : la justice sociale.
Un autre cas de figure encore : l’Algérie de Boumediene.
Plusieurs années après sa mort, on continue à tomber à bras raccourcis dans une critique haineuse de Boumediene et son règne
« anti-démocratique ». C’est quoi, la démocratie ? Pour les révolutionnaires, c’est la Santé et la Culture, dont l’Education, gratuites, d’abord, car comment faire la critique d’un régime en étant analphabète ?
Le régime de Boumediene a, sur le plan social, offert cela et bien d’autres acquis encore à son peuple comme, sur le plan international, il a offert le soutien effectif de l’Algérie aux mouvements de libération qui, sans l’aide de l’Algérie, auraient vu se prolonger de quelques années la domination étrangère.
Mise en garde : toutes les formations politiques qui invoquent aujourd’hui « la conjoncture », l »le réalisme », « le pragmatisme », « le modernisme » ne sont que les caches sexe de la social-démocratie, ce capitalisme du 21ème siècle encore plus redoutable - car plus vicieux -que l’ultralibéralisme en voie d’extinction pour cause de ménopause … si la Chine faussement communiste lui laisse le passage.
Les transfuges sont accueillis avec liesse par la social-démocratie, car elle sait que les anciens communistes font d’excellents droitiers, voire rubrique Gorbatchev.
L’auteur de ces propos sera, à coup sûr, taxé de « ringard », voire de « cryptocommuniste ». Il s’y attend, mais il préfère ces accusations à celles de « Harki du communisme ».