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Lettre ouverte à C.Debons, R.M. Jennar et Y. Salesse , après le texte « Faire du neuf à gauche ».

Publie le mardi 9 janvier 2007 par Open-Publishing
9 commentaires

Ce qui est le plus attristant dans le texte que vous cosignez ce n’est pas le procès fait au PCF et à la LCR sur fond démagogique de dépréciation des appareils et de leurs supposés égoïsmes. Ce qui est frappant c’est la superbe mélancolique avec laquelle vous vous exonérez de toute responsabilité dans l’échec de ce projet et le refus du moindre retour critique sur la façon dont vous avez, vous, pour certains de vous trois en tout cas, géré ce désastre. Alors qu’il vous est imputable à divers titres puisque, forts d’une légitimité passablement auto proclamée vous avez au moins certains d’entre vous géré (en dehors de toute forme démocratique lisible à mon avis) des assemblées, des campagnes politiques, des débats au sein de la nébuleuse des collectifs et des organisations parties prenantes.

Or ce projet de candidature unitaire était extrêmement difficile sinon impossible et vous ne l’avez pas dit. Il est facile de jouer comme vous le faites le mépris envers deux partis qui sont ce qu’ils sont et de leur imputer ce qui est votre échec, sans vouloir prendre en compte les orientations politiques de fond qui à tort ou à raison les structurent. Il suffisait d’écouter la campagne du Non de MG Buffet, celle d’Olivier Besancenot, et celle du PRS pour se douter qu’il y avait une divergence stratégique entre eux, mais qui traversait les collectifs, lourde de conséquence pour le projet unitaire.

Il suffisait d’écouter lors de l’université d’été du PRS à Arles au sortir de la victoire référendaire pour entendre MG Buffet dire « qu’il n’y avat qu’une gauche et qu’il fallait la rassembler », malgré le Non et le Oui, puis Mélenchon dire « qu’il y avait plusieurs gauches et qu’il fallait les réunir », lui qui quelques mois plus tard vota la synthèse au PS et vient de se rallier à Ségolène Royal, puis entendre Olivier Besancenot dire quant à lui « qu’il y avait deux gauches et qu’elles étaient inconciliables » ce que me semble-t-il la campagne référendaire avait bien montré. Il suffisait d’entendre ce qui se disait pour percevoir la divergence stratégique qui se nouait autour de la relation – sortons de la langue de bois de la « domination sociale libérale » que vous affectionnez pour noyer le poisson au lieu de jouer la clarté – avec le Parti socialiste.

Il ne s’agit pas dans mon esprit de démoniser le PS et sa direction sociale libérale (qui s’en défend !) et son programme social libéral jusqu’à l’os comme l’a si bien démontré RM Jennar, mais simplement et honnêtement de dire qu’il est porteur d’une orientation et qu’on peut estimer avec la LCR et Raoul Marc Jennar qu’elle est radicalement incompatible avec celle dont les collectifs se sont dotés. Il ne s’agit pas non plus d’aller ausculter les arrières pensées partisanes qui peuvent ou non animer le Parti Communiste Français, mais avec lucidité et respect d’entendre MGB puis plus récemment et clairement Cohen Seat qui déclarent eux-mêmes à tort ou à raison, ce qui est quand même leur droit, « qu’ils ne veulent rien s’interdirent a priori vis à vis du PS » et que « c’est une divergence stratégique avec la LCR » ce que d’ailleurs ils ont mis en pratique aux municipales de Bordeaux avec le soutien explicite de MGB et avec votre assourdissant mutisme.

Il ne s’agit pas de savoir si la majorité de la LCR est dans un trip d’auto affirmation ou non, mais de prendre en compte avec lucidité et respect de ce qu’elle dit et redit depuis la campagne du traité constitutionnel : elle n’ira pas dans une coalition ni une démarche qui ne prennent pas clairement l’engagement (sans langue de bois) « qu’aucun accord ni parlementaire ni gouvernemental ne saurait être fait en tout cas avec la direction du Parti socialiste ».

Et comprendre que pour elle, à tort ou à raison, ce qui est quand même son droit, cette question n’a rien de secondaire quand une partie des partenaires et des animateurs des collectifs participent (ou ont pris part) en France à des exécutifs dominés par le social libéralisme (régions, conseils généraux, municipalités et non des moindres).

Pourquoi ce que d’aucune fait à la mairie Paris ne se ferait pas par la suite au gouvernement ? Ces débats, vous avez choisi depuis le début de les esquiver, de les occulter, de les minimiser, vous avez fait ce qu’il fallait pour que les collectifs les laissent de côté alors qu’ils étaient au cœur de l’avenir de tout le processus, vous avez refusé le 10 septembre qu’avec les amendements dits d’Aubagne ils soient soumis à un vote qui les aurait certainement approuvés. Au lieu de les prendre à bras le corps.

Comme d’autres croient pouvoir rôtir le mouton sans qu’il s’en aperçoivent vous avez voulu estomper cette divergence décisive au moins pour deux composantes importantes (deux composantes auxquelles vous demandiez rien moins que retirer leurs candidats au profit d’un autre incertain) et l’enterrer sous le verbiage unitariste, la dynamique, la gagne et tous ces espoirs que ce faisant vous avez contribué à transformer en illusions.

Alors vous voir face au désastre vous parer de la vertu de l’unité et du lin blanc de l’innocence me met au moins mal à l’aise. Vous voir revêtir la toge du « neuf qu’il faudrait faire à gauche » me semble quelque peu usurpé. Vous avez aussi des comptes à rendre sur cet échec. Il est aussi le vôtre. Et pas qu’un peu.

J. Fortin

Messages

  • Trop facile ....
    Je vois que la majo de la ligue adapte son argumentation au fil des evenements auquels elle est confrontée. Quitte à parler d’auto-critique, j’attend avec impatience celle de la direction de la ligue.
    Un "EX" LCR Unitaire.

    • Ce qui a été démontré à l’occasion du referendum, c’est qu’il est possible de convaincre la majorité des électeurs de toute la gauche, qu’une politique réellement de gauche ne pouvait se faire que sur des bases antilibérales. C’est la seule chose qui compte, ensuite libre à la direction du PS de se mettre en contradiction et combien de fois peut elle se le permettre. Alors oui il y a une divergeance stratégique de fond entre la LCR et le PCF. Je partage pour l’essentiel ce texte, mais la question que je me pose est plutôt du genre : "Est ce que nous n’avons pas voulu prendre un raccourci avec l’histoire, au lieu de travailler cette divergeance, nous avons rassembler des individus, des personnalités, de petites associations, organisations, des minoritaires de ci,des minoritaires de ça et nous les avons placé au même niveau quelque soit leur représentativité. Ce n’est pas pour rien si toutes ces personnes sont tous des ex quelque chose, et à l’heure ou l’anti partisme est l’élement essentiel de la domination du capital sur les individus. N’en rajoutons pas en plus avec l’anti communisme et ce fameux double consensus. Comment s’étonner que tous les non membres d’un parti politique ne se sentent pas des ailes sachant très bien que les "politiques"ne pouvaient que s’opposer entre eux et espèraient ils, leur laisser une voie royale ? Comme si ça ne suffisait pas, l’objectif était (tous le monde le reconnaît maintenant) de créer pour parler clair un nouveau parti englobant le PCF et la LCR appelés à disparaître. Ces grands stratèges en avaient décidé ainsi. Je ne connaît pas les chiffres concernant la LCR, mais pour le PCF : comment 8000 militants communistes sur 100 000, avec des non communistes dans les collectifs auraient pu décider d’une chose pareil. De quel droit ? A partir de quelle conception de la démocratie ? et le plus fort c’est que ceux qui y étaient prêt seraient les unitaires....LCR unitaire...communistes unitaires ??? Et unitaire avec les autres militants de sont propre parti, ça ne compte pas ? le mini de la démocratie interne, c’est au moins de tenir un congrès pour prendre de telles décisions. La conséquence, c’est l’échec de ne pas avoir voulu concevoir un rassemblement qui n’ai que pour objectif ce qui est écrit noir sur blanc dans nos textes. C’est de ne pas avoir voulu créer un rassemblement où chacun, membre d’un parti ou pas ait naturellement toute sa place, qu’il compte tout simplement pour un. Voilà ce texte m’a permi de vider mon sac. Dgé13

    • Ce serait très intéressant aussi d’avoir l’autocritique d’un autoproclamé unitaire à la recherche de boucs-émissaires.

    • D’ACCORD AVEC DGE 13,MAIS....

      il faut aller au bout de la réflexion.
      Par exemple pourquoi cette question de la création d’un nouveau mouvement ou parti n’a-t-elle pas été posée clairement et explicitement par celles et ceux qui la posent seulement maintenant ?
      Pourquoi avancer masqué en surfant sur "l’antipartisme" ?
      Tout simplement parceque si cette problématique avait été énoncée clairement dès le début elle aurait été rejetée très massivement par les collectifs locaux comme n’étant pas la question prioritaire.
      La question prioritaire était et demeure de battre la droite et de faire émerger une volonté populaire d’une gauche transformatrice antilibérale à l’occasion des prochaines élections (présidentielle et législatives.
      Sur l’organisation et la structuration de cette gauche transformatrice rien n’est fermé y compris au sein du PC qui acceptait la perspective d’un groupe parlementaire à l’Assemblée Nationale de la gauche antilibérale composé de députés communistes et de députés d’autres sensibilités.
      Pour moi,l’échec de la candidature unitaire ne signifie en aucun cas la fin de la démarche engagée depuis septembre. Les deux textes dans lesquels les collectifs se retrouvent constituent un socle politique solide et une référence tout à fait utilisable pour les élections législatives qui déterminents les rapports de forces au Parlement et par conséquent la composition du gouvernement.
      Les cheminements politiques sont souvent longs et non rectilignes avec des avancées et des péripéties.
      JL GREGOIRE

    • Rien à redire, complètement OK avec le commentaire de JL Grégoire. Juste une chose peut être, et je pense que j’aurai vraiment vider mon sac. Volontairement, certains duCollectif national ont exagéré le début de dynamique ,meetings etc, comme si c’était bon qu’il ne restait plus qu’a choisir un candidat qui "représente" le mouvement, qui passe bien à la TV, par exemple femme, jeune etc une Ségo antilibérale en somme. Sauf que Sego elle a aussi tout son parti derriere elle, même Mélanchon et le PRS, les chevènementistes, les radicaux et pas seulement les médias. Le résultat de cette exagération fait qu’aujourd’hui encore nous (toute la gauche anti libérale) sous estimons le vote utile et la formidable bataille qu’il nous faut mener, y compris pour les législatives.
      Dgé13

  • Je partage votre analyse sur une répartition des responsabilités dans l’échec de la candidature unitaire. Je crois même aujourd’hui que le collectif national "unitaire" est disqualifié pour poursuivre l’aventure antilibérale. Il doit laisser la place à un collectif composé de représentants départementaux désignés par les collectifs locaux. Après le dévoiement du terme de consensus (60% pour MGB et 20 % pour la suivante ne représenterait pas une volonté politique), voilà les autoproclamés engagés dans une manoeuvre visant à évincer les collectifs locaux qui ont défendu la candidature de MGB. L’élargissement des collectifs serait de n’y admettre que les membres d’ATTAC qui ont si bien réussi dans la pratique démocratique et le lien avec les masses populaires. Ce serait risible s’il ne s’agissait pas de perpétuer la domination des politiques libérales en France et en Europe !
    L’ambition qui consiste à réunir l’ensemble des forces politiques qui s’attaquent au capitalisme et au libéralisme qu’il soit flamboyant (néo con à la française) ou social (blairisme) a un avenir. Qu’il se développe à partir, et sous la coupe des collectifs locaux, proches des citoyens à la base, est incontournable.
    Pour l’heure, la priorité est à l’entrée en campagne, aux côtés de Marie Georges BUFFET pour faire avancer les propositions pour une alternative anticapitaliste et antilibérale en France.

    Olddan

  • Je ne comprends pas tout ces combats d\\’arrière garde. Pourtant les choses sont claires.
    Sarkozy est entrain de perdre les élections. et Ségolène sera peut être élue, malgré elle, avec le couteau sous la gorge. De quoi vous plaignez vous.
    La suite aux législatives. Le peuple pourra dire merci à Bové.
    Et pourtant il ne sera probablement pas remercié par vous.

  • Contrairement à ce qu’affirme une certaine presse à l’encontre de Jean-Luc Mélenchon, celui-ci ne se rallie absolument pas à la candidate officielle de la "gauche caviar". Pour obtenir de plus amples informations, je vous conseille vivement de lire l’article écrit par le principal intéressé et qui se trouve : ICI.