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Lettre ouverte aux maîtres du Monde
Publie le dimanche 11 mai 2008 par Open-Publishing9 commentaires
(Bon. Sur la fin de la lettre, il y aura plein de désaccords... peut-être intéressants ?)
Lettre ouverte aux maîtres du Monde
Donnez nous le pouvoir, tout de suite, et nous vous laisserons, peut-être, la vie sauve !
C’est un fait, vous êtes, aujourd’hui, les maîtres du Monde ! Vous avez tous les pouvoirs. Celui de la force. Celui de l’argent. Celui du contrôle des populations. Celui de la marchandisation, à votre profit, des choses et de la vie.
Ici, là et ailleurs vous êtes les seigneurs et nous sommes vos serfs ! Et, pour la plupart d’entre nous, des serfs avec, dans la tête, la laisse de vos valeurs (loi du plus fort, individualisme, obsession du paraître, un estomac à la place du cœur…). Et vous avez même réussi à nous faire croire que si nous étions des serfs c’était de notre faute. Car, c’est sûr, au royaume du capitalisme, tous les serfs ont leur chance (toute petite) pour devenir des capitalistes !
En un mot comme en cent, vous nous avez niké sur toute la ligne ! Oh, bien sûr, ça a mis du temps. Spartacus vous a fait vaciller. Comme la révolte des Croquants. La révolution de 1789. La Commune de Paris. Les mutineries de 14-18. La révolution russe. Le Front Populaire. La révolution libertaire espagnole de 1936. Mai 68. Le sous commandant Marcos… Mais, à chaque fois vous avez su y faire. Jadis, le bâton. Aujourd’hui, toujours le bâton, mais seulement après l’échec (rare) de la carotte. Et, donc, vous croyez que vous êtes tout, que vous avez tout et que vous contrôlez tout !
Et pourtant, vous commencez à avoir peur ! A force de piller les biens communs que sont l’air, l’eau, les ressources naturelles (que votre cécité vous a fait croire éternelles et inépuisables), vous en êtes arrivés à détruire les conditions même de la vie sur la planète. C’est-à-dire à remettre en question les conditions de votre propre survie. Car, c’est incroyable, la fonte des pôles, le réchauffement climatique, le pourrissement de l’air et de l’eau, la fin de ressources naturelles ayant mis des millions d’années à se constituer, l’appauvrissement des sols, la désertification galopante, le cancer de l’urbanisation, les pauvres qui se reproduisent comme des lapins…, ne vont pas épargner les riches !
Alors, à quoi bon des châteaux, des comptes en banques, des serfs…, quand l’air et l’eau seront pourris, quand il n’y aura plus rien à bouffer que de la merde, quand l’argent ne permettra plus d’acheter ce qu’il n’y aura plus, quand le pouvoir n’aura plus aucune matérialisation, quand les jacqueries seront de chaque jour, et quand, vous et vos enfants, allez, comme nous, crever la gueule ouverte ?
Dur, dur, que d’être les maîtres du monde d’un monde en train d’imploser, et, donc, à court terme, les maîtres de rien, si ce n’est du cimetière que vous êtes en train de construire ! Votre capitalisme (privé ou d’Etat) a, aujourd’hui, atteint ses limites physiques et embrasse, désormais, l’absurde et le suicide à bouche que veux-tu. Et, comme nous, vous allez y avoir droit. Mais, il est clair que votre mort sera mouvementée. Lors de l’agonie finale et générale, les pauvres, sachez-le, vont venir brûler vos châteaux. Ils vous feront connaître les pires supplices qui soient. Et ils mettront vos têtes et celles de votre progéniture en haut de leurs piques. Les manants du désespoir c’est rarement « civilisé ».
Alors, pour vous, comme pour vos proches, ne perdez pas un instant. Donnez nous le pouvoir – tous les pouvoirs – et tout de suite ! Avouez vos crimes. Repentez-vous. Dites votre incompétence. Votre fatuité. Votre arrogance. Pleurez. Implorez. Et, priez pour qu’il ne soit pas trop tard !
Une fois que vous nous aurez remis les clefs, nous arrêterons tout. Le capitalisme. Le pillage des biens communs. Le productivisme pour le productivisme. La croissance pour la croissance. La financiarisation de l’économie. Les dépenses militaires. Les subventions aux patrons et aux curés. L’exploitation et l’oppression des êtres humains… Et nous mettrons en branle un monde nouveau. Une seule république. Le monde. Tous les humains égaux. Plus de frontière. On partage tout et on gère tout, ensemble. On en revient à l’essentiel. Se nourrir. Se vêtir. Se loger. Se cultiver. Tous et toutes. Sans exceptions. Et intelligemment. Sans détruire les conditions de la vie sur la planète. Et tout cela dans la liberté. Sans police politique. Les yeux dans les yeux. Avec le peuple pour seul juge et seul maître de son destin.
Est-il besoin de le préciser, il serait stupide et dangereux pour vous de chipoter sur ceci ou sur cela. Et, surtout, de donner le pouvoir aux écolos, aux socialistes, aux communistes, au petit facteur, à mamie Laguiller, aux synthésistes (entre Marx et Bakounine) d’Alternative libertaire, et même… aux anarchistes ! Ces gens là seraient capables d’accepter le pouvoir que vous leur offririez ! Et d’en faire le même usage que d’habitude !
Votre seule chance est, en fait, d’abandonner le pouvoir au peuple en espérant que, comme jadis, il commence par ouvrir les prisons. Sachez, mais ça n’est pas une assurance tous risques, nous autres anarchistes, nous nous emploierons, alors, à ce que vous ne soyez ni guillotinés, ni emprisonnés à vie.
Mais, on ne vous promet rien !
Chaucre le 1er mai 2008.
Messages
1. Lettre ouverte aux maîtres du Monde, 11 mai 2008, 10:22
La prison à vie serait un minimum. Et dans les conditions de Guantanamo...
2. Lettre ouverte aux maîtres du Monde, 11 mai 2008, 10:46
On a remarqué, avec grande raison, que la révolution française mène les hommes plus que les hommes la mènent. Cette observation est de la plus grande justesse... [...] Les scélérats mêmes qui paraissent conduire la révolution, n’y entrent que comme de simples instruments ; et dès qu’ils ont la prétention de la dominer, ils tombent ignoblement. » (Dans Considérations sur la Révolution, publié en 1796, J. Demaistre
Marocxcelloise
3. Lettre ouverte aux maîtres du Monde, 11 mai 2008, 11:02, par momo11
Débarrasons nous de cette lèpre,le bonheur est dans le prochain virage.momo11
4. Lettre ouverte aux maîtres du Monde, 11 mai 2008, 12:08
The Big Corporation, le 11 mai 2008
Monsieur J-M Raynaud, Chaucre, France
Monsieur,
Nous vous remercions de votre lettre d’aujourd’hui, et nous répondons aussitôt. Comme vous le voyez, on peut être Maîtres du Monde, et respecter les règles de la courtoisie.
Merci de nous proposer la vie sauve contre la remise dans vos mains "du pouvoir tout de suite". Mais nous ne voyons franchement aucune raison de nous presser. Nous ne pensons pas, franchement, que notre vie soit si menacée que ça à court terme. Oui, nous avons eu peur en 1789, en 1870 et en 1917. Mais ça s’arrête là : en 1968, ça nous a fait plutôt rigoler : nous savions bien qu’avec l’age les libertaires finissent toujours par devenir des libéraux-libertaires. Quant au sous-commandant Marcos, c’est tout bénéf pour nous : il garde les fils et filles des classes moyennes occupés en attendant de devenir notaires.
Permettez moi de vous dire que vous vous trompez lourdement lorsque vous affirmez que "nous commençons à avoir peur". Laissons le terrorisme écolo aux gogos qui veuillent bien y croire, et regardons les faits : nous avons toujours su résoudre les problèmes qui se sont posés à nous. Et il n’y a aucune raison que ça change. Toutes vos jérémiades n’y changeront rien.
C’est très gentil à vous de nous indiquer ce que vous comptez faire une fois que nous vous aurons remis les clefs. Après tout, lorsqu’on commence à s’exprimer dans le langage du rêve, c’est qu’on a renoncé à changer la réalité. Sachez-le bien, nous n’avons aucune intention de "remettre les clefs" à quiconque. Il faudra venir nous les arracher de force. Et nous avons le plaisir de vous informer qu’après avoir lu votre prose (et en particulier le paragraphe ou vous tirez à boulets rouges sur tous vous alliés potentiels), nous pensons pouvoir dormir sur nos multiples oreilles.
Dans l’assurance qu’avec des adversaires comme vous, nous en avons encore pour très longtemps, veuillez agréer nos plus cordiales salutations.
Les Maitres du Monde
5. rep : Lettre ouverte aux maîtres du Monde, 11 mai 2008, 12:45
L’Anarchie est une utopie.
Pourquoi ? Car l’animal est un animal qui vit en société. Or tous les animaux qui vivent en groupes (lions, loups, fourmis, élephants, suricates...) on à leurs tête des dominants. Il arrive biensur que le pouvoir change de tête et qu’un dominé renverse un dominant, mais le système ne change pas. Les hommes n’échappent pas à la règle.
La seule façon pour qu’il y ai une forme d’anarchie serait que tout les humains vivent en solitaire ne se rencontrant que pour les rites de reproductions (façon ours ou puma). Mais je doute que ce mode de vie soit accepté par tous.
1. rep : Lettre ouverte aux maîtres du Monde, 11 mai 2008, 13:09
En peu de mots vous touchez au fond du problème...Je n’en tirerez pas les conclusions qui s’imposent parce qu’elles sont trop désespérantes.
2. rep : Lettre ouverte aux maîtres du Monde, 11 mai 2008, 14:27
A bas tous les pouvoirs qui vous maintiennent engoncés dans vos peaux de betes qui,n’est-ce pas ,ont aussi des chefs,une hiér’archie et gnagnagna... cela prouve que cet état ne doit rien a la pensée humaine et qu’il n’est point nécéssaire de faire des études pour dominer l’autre.Tout ce que vous etes arriver a faire c’est d’établir le moins pire des systèmes confirmant, en passant , que le pouvoir relève du pire .La pensée spécifiquement humaine s’ est développée en dehors,contre pets et diarrhées,vive comme le vent,pleine comme la mer,infinie comme la nuit sous les étoiles, là ou seuls les reves de liberté pleinement comprise et voulue arrivent ...
bd
3. rep : Lettre ouverte aux maîtres du Monde, 11 mai 2008, 17:28
VU LE NOMBRE D ADHERENT A VOS IDEES GROUPUSCULAIRES, VOUS POUVEZ CONTINUER A TENIR VOS MEETING DANS LES CABINES TELEPHONIQUES.
J AI CONNU DES ANARCHISTES CAPABLES DE SE TIRER UNE BALLE DANS LE PIED POUR CONTREDIRE L AUTRE PIED.
POUR NE PAS ETRE EXPLOITES, ILS NE TRAVAILLENT PAS. ( VIVE LE CHOMAGE ET LE RMI).
VOUS ME DIREZ QU IL FAUT DE TOUT POUR FAIRE UN MONDE ,LA NATURE A HORREUR DU VIDE.
SUITE A CET ARTICLE LES CAPITALISTES apeures S APPRETENT A QUITTER LA FRANCE
FELIX
4. rep : Lettre ouverte aux maîtres du Monde, 12 mai 2008, 13:47
Dommage que les commentaires se concentrent sur la fin, provocatrice, de la lettre ouverte, je trouve.
Mais cela n’est pas étonnant : si nous sommes tous d’accord sur le constat dressé, et bellement résumé, nous voyons bien aussi que le pouvoir néolib’, comme l’a fait le Roi Boabdil à Grenade lors de la conquista, ne rendra jamais les clefs de son propre chef ! Il faut donc les lui ravir... Sur la manière de faire, les uns s’opposent aux autres. Espérons que la meilleure manière de faire, soutenue, et non combattue et affaiblie par les moins mauvaises, y arriveront... avant qu’il ne soit trop tard.
Ajoutons : la division et le combat entre les différents mouvements et partis qui ne veulent pas de tous les maux dénoncés dans la "lettre ouverte", la concurrence entre eux au lieu de la synergie, et, donc, l’affaiblissement mutuels, font partie de la stratégie du pouvoir pour garder les clefs.