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Leur faire payer leur crise

Publie le dimanche 7 septembre 2008 par Open-Publishing
5 commentaires

Rouge n° 2264, 04/09/2008 Réagir à cet article

La crise ne touche pas les grands actionnaires du CAC 40, dont les entreprises ont dégagé, en un an, plus de 50 milliards d’euros de bénéfices. Photothèque Rouge/JR

Voilà Sarkozy qui prétend « taxer le capital » pour financer le revenu de solidarité active (RSA). Taxer le capital, quelle blague ! La taxe annoncée par Sarkozy vise principalement les petits épargnants, les 12,5 millions de personnes qui ont une assurance vie, pour l’essentiel des salariés, ou une épargne-retraite volontaire. Les plus riches ne paieront pas un centime, ils sont protégés par le bouclier fiscal qui leur garantit de ne pas être imposés à plus de 50 % de leurs revenus déclarés. Christine Lagarde l’a clairement dit : la nouvelle taxe sera intégrée au bouclier fiscal. Et, dans le même temps, elle annonçait la suppression de l’imposition forfaitaire annuelle sur les entreprises, soit une ristourne de 1,3 million d’euros au patronat, à peu près l’équivalent de la taxe pour le RSA. Il n’est pas question de toucher aux bénéfices des entreprises, auxquelles le gouvernement se prépare à faire de nouveaux cadeaux.

Le RSA n’a d’autre objectif que de fournir au patronat une main-d’oeuvre sous payée, précaire, sans qu’il lui en coûte, en évitant que les RMistes qui trouveraient un tel emploi touchent moins qu’avec le chômage. « Lutter contre la pauvreté », nous dit la propagande officielle. On est loin du compte. Cette mesure concernerait 700 000 travailleurs qui pourraient passer au dessus du seuil de pauvreté, 817 euros par mois. Tant mieux, mais ils resteraient pauvres, comme il resterait plus de 6 millions de personnes – pour beaucoup des travailleurs – vivant en dessous de ce seuil. Et, pour Hollande et ses amis du Parti socialiste, c’est une mesure de gauche qu’ils sont prêts à soutenir ! Tout cela est dans la droite ligne de la politique du « travailler plus pour gagner plus ». Mensonges et impostures !

Le pouvoir d’achat est en baisse. Même les statistiques le disent (0,8 % en 2008, selon l’Institut national de la consommation). Les prix ont augmenté, cette année, de 3,6 %, essentiellement les prix des produits de première nécessité. Les salaires stagnent. Sarkozy nous promettait la croissance. Il devait aller la chercher avec les dents ! Là encore, bluff, rodomontades et faux-semblants. La récession est là et les licenciements aussi. Aux 30 000 suppressions de postes de fonctionnaires, en particulier dans l’Éducation nationale, s’ajoutent 509 licenciements à la Camif, 402 à Goodyear après que la direction a échoué à imposer les 4x8, 4 000 à Sanofi-Alcatel. 700 licenciements d’intérimaires sont annoncés à Peugeot-Poissy, après les 6 000 licenciements annoncés chez Renault. « Il vaut mieux le faire quand vous commencez à voir le vent tourner plutôt que quand la tempête est là », expliquait Carlos Ghosn, le patron de Renault, pour justifier ces licenciements. Ces propos illustrent la politique cynique et aveugle du patronat… Car c’est bien leur politique qui conduit à la récession, à la tempête.

La récession qui commence ne tombe pas du ciel, elle n’est pas une catastrophe contre laquelle on ne pourrait rien, conséquence d’une mondialisation que chacun devrait subir en se résignant. Non, la récession est la conséquence de la politique des financiers et du patronat. Elle est l’aboutissement de la course à la rentabilité, qui pousse à produire toujours plus avec moins de travailleurs, au moindre coût… À un moment ou à un autre, la machine s’enraye, d’un côté des profits faramineux, de l’autre, la grande majorité de la population, dont le pouvoir d’achat diminue.

Gouvernement et patronat voudraient faire croire aux travailleurs, à la population, que l’économie de marché et le capitalisme n’ont d’autre but que de satisfaire les besoins sociaux, de lutter contre la pauvreté. Ils mentent, car le système qu’ils défendent est entièrement soumis aux intérêts et aux décisions d’une minorité privilégiée détenant le pouvoir financier et économique.

C’est bien pourquoi nous n’avons aucune raison, bien au contraire, de nous résigner. Les travailleurs ne peuvent se contenter des plaintes et des litanies des dirigeants des grandes confédérations syndicales. Telle celle de François Chérèque (CFDT) qui déclare : « Si on me cherche pour négocier afin de réduire les inégalités et améliorer le dialogue social, je serai toujours disponible. Donc, pour l’avenir, pas question d’une opposition systématique. » Ou Thibault, qui se revendique de la signature de la déclaration commune en disant : « Nous sommes fiers de cette avancée vers plus de démocratie sociale ! » Comment parler de dialogue social, de démocratie sociale, quand patronat et gouvernement mènent cyniquement une politique de classe ?

Il y a bien un autre choix, une autre politique socialement bien plus rentable : taxer réellement le capital, prendre sur les profits pour augmenter les salaires, diminuer le temps de travail, répartir le travail existant entre toutes les mains ouvrières afin que personne ne reste sur le carreau… Oui, il faut un revenu et un travail garantis à chacune et chacun.

Défendre ces exigences, nos conditions d’existence, c’est contester la logique du système sans céder aux pressions et chantages qui visent à faire taire les travailleurs. C’est nous donner les moyens de peser et d’agir, de nous coordonner pour préparer les mobilisations et les affrontements à venir, changer le rapport de force, prendre en main l’organisation d’une nouvelle force politique, anticapitaliste, un parti pour les luttes. ■

Yvan Lemaitre

Messages

  • D’accord avec toi. Sauf qu’il y a déjà longtemps qu’on aurait dû s’y mettre. Et que chacun attend du voisin qu’il balance le premier pavé.

    Observe. La gauche s’est foutue de nous, les syndicats nous ont trahis, Besancenot guigne 2012, en attendant il fait des réunions, tout ce qu’il nous reste à espérer c’est que le RSA mette le feu aux poudres. Et si ça se fait, ça partira d’un fait-divers, pas d’une manif monstre, pas d’une grève générale, pas d’une occupation massive d’un ministère. On est là à s’exciter, tous, mais ce site c’est qu’un défouloir. Rien ne se passera. Les gens ont la trouille. Tant qu’ils auront encore quelque chose dans leur assiette, une télé pour recouvrir leurs beaux yeux de merde et le droit d’utiliser leur bagnole comme bon leur semble, il ne se passera rien, camarade.

    • Bonjour, tu dois avoir "un"peu raison........ justement il faut "arrêter" les critiques de bistros, il faut se servir de la toile (web ! ) pour faire bouger cette merde politicarde-mensongère, nous sommes tellement plus pauvres,tellement plus concernés,et "Surtout" TELLEMENT PLUS NOMBREUX........la résistance,la rébellion,le refus,l’écœurement,le ras le bol, les salaires de merde,le Rmi,le chômage,et maintenant une saloperie de plus......LE RSA, payé par des millions de gens qui n’ont pas grand- chose.....NOTRE RÉSISTANCE EST LÉGITIME, il n’y-a-plus besoin de bruler des voitures,de briser des vitrines , de se faire massacrer par la police, par les crs, il faut changer de système d’actions ........car ils nous attendent au détours des rues, il faut mettre en place "une intelligence" de résistance ! il faut communiquer entre nous,et bloquer leurs systèmes, il faut livrer une guerre totale et secrète, nous avons les moyens techniques à notre disposition, réfléchissez......... seul dans votre coin, nous sommes plus intelligent, plus nombreux........ et sans casser,sans blesser,sans bruler,............ça-y-est ,vous commencez.......à voir le début d’un plan ????? ok !

    • Le début d’un plan , oui . Réhabiliter dans la conscience des individus une exigence humaniste . Car c’est essentillement en celà que nous sommes concernés .

      C’est pas gagné .... le mal agit sur une psychologie de masse dont une partie est encore préte a se satifaire du clinquant consumériste pour faire l’économie d’une remise en cause . ( aliénation )

      Si guerre il doit y avoir , inutile qu’elle soit secréte Notre résistance est légitime .

    • l’exigence humaniste, très juste, mais ca veut aussi dire ne pas tomber dans les travers du premier poste qui part du principe que tous les travailleurs ordinaires qui ont une télé et encore quelque chose dans le frigo sont des sales cons/vendus. Si c’est ca être de gauche, alors sans moi, la réalité est bien moins simple. Il y a des orga, avec des gens qui sont payés à réfléchir à plein temps à ces questions, qui sont censées avoir quelque chose à dire, je suis convaincu que si elles tombent vraiment juste sur ce qu’ellles disent, le fameux "sales cons" se bougerons de leur fauteuil.

    • remarquez que ca ne veut pas dire quej’ai beaucoup de respect pour les partis actuels (LCR, LO, PT). Il se peut aussi qu’ils oscillent entre décisions de droite et discours trops gauchistes et que rien ne se passe. mais dans ce cas la faute leur incombera entièrement.