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Licenciements à la française (en Egypte)

Publie le vendredi 11 avril 2008 par Open-Publishing

Exrtait du Blog de Sylvie Nony, Prof au Lycée Français du Caire (Egypte)
http://snony.wordpress.com/

Licenciements à la française

13 mars 2008 par snony

Y a des jours comme ça, on n’est pas fier d’être français, même dans un pays qui continue, on ne sait plus trop pourquoi, à estimer profondément la France.

Au nom d’une restriction budgétaire, la mission culturelle française en Égypte vient d’annoncer une quinzaine de licenciements de personnes travaillant dans les deux centres culturels : Mounira au Caire, et Alexandrie. Ces personnes -toutes égyptiennes- ont été convoquées par le Conseiller culturel et invitées à démissionner puisqu’elles sont en CDI. Certaines ont signé et ont accepté l’indemnité (correspondant à leur salaire déjà budgétisé pour 2008, soit 8 mois), d’autres ont été priées de quitter sur le champ les lieux après avoir manifesté leur volonté de refuser. L’un d’entre eux travaillant dans le service informatique s’est même vu remettre ses effets personnels dans un sac poubelle avant d’être éconduit.

Ce qui n’était sans doute pas prévu dans le scénario c’est la rébellion qui a grandi dans les différents services de l’ambassade, les deux centres culturels, le consulat. Une grève de trois jours, démarrée dimanche, a rassemblé chaque jour un peu plus de monde pour finir à près de 200 grévistes. Un chiffre record si on veut bien considérer que le droit de grève n’est pas particulièrement reconnu en Égypte (et la loi égyptienne s’applique ici) sans compter le climat général de répression dans le pays.delacroix_001f.jpg

Ce qui est encore plus incroyable, c’est ce qu’ont fait les responsables de ce service culturel pour tenter de juguler le mouvement : pressions sur les personnels qui annonçaient leur intention de participer à la grève, mise en congé d’office de certains pour la semaine, et le summum : communication des noms des leaders du mouvement à la Sécurité Nationale égyptienne.

C’est carrément consternant.

Tout le monde sait ici le sort des syndicalistes dans les commissariats locaux. Que la France, si prompte à faire des leçons de droit de l’homme dans la région (au moins à la Syrie) ait pu avoir une telle attitude fait froid dans le dos. La FSU locale ne s’est pas privée d’écrire ce qu’elle en pensait dans une lettre adressée à l’ambassadeur. Et cela pourrait faire quelques remous…