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Lyon : DHL attaquée pour "harcèlement moral"

Publie le jeudi 1er octobre 2009 par Open-Publishing

C’est à la plateforme de Vénissieux, que, selon la CGT, les faits se seraient déroulés entre 2003 et 2006 / D. R.

Le procès a lieu cet après-midi devant le tribunal correctionnel. Des salariées disent avoir subi de violentes pressions psychologiques de la part d’un cadre du site de Vénissieux

En plein débat sur la souffrance au travail chez France Telecom, le tribunal correctionnel de Lyon ouvre un dossier auquel la CGT s’est employée à donner un maximum de retentissement médiatique. C’est celui du procès de l’entreprise de messageries DHL et d’un cadre de la plateforme de Vénissieux, poursuivis pour harcèlement moral présumé à l’encontre de trois employées administratives de ce site.

Des faits qui se seraient déroulés, selon le syndicat, entre 2003 et 2006, et dont l’entreprise nie catégoriquement l’existence. L’audience a lieu cet après-midi à partir de 14 heures, et elle se déroulera en présence des plaignantes, qui n’ont pas souhaité s’exprimer avant la tenue des débats. Toutes travaillaient dans un service où elles assuraient notamment le suivi de l’expédition des colis en Europe. Depuis, l’une d’elles a démissionné, l’autre est en congé parental, et la dernière a changé de service.

Les accusations qu’elles profèrent à l’encontre de leur ancien responsable sont graves : elles disent avoir subi de sa part des pressions psychologiques répétées sur le lieu de travail, qui seraient allées, entre autres, jusqu’à l’utilisation banalisée du mot « femelle » en guise d’interpellation verbale. « Dans ce service, les femmes avaient mal au ventre en allant travailler, il y a eu des dépressions, des arrêts-maladies, et une dizaine de démissions, des personnes qui aujourd’hui encore, ont peur de témoigner », affirme Olivier Martel, délégué CGT chez DHL à Vénissieux, qui espère un procès exemplaire au terme de trois ans d’investigations.

C’est le comité d’entreprise (CE) et le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de l’établissement qui avaient initié la procédure en 2006. Après un rapport du cabinet d’expertise Cidecos, cette procédure avait abouti à un signalement de l’inspection du Travail, tandis que le CE de DHL Vénissieux et l’union locale CGT de Vénissieux décidaient de porter plainte en 2007. « Ce procès revêt une importance particulière », enchaîne Alain Duflot, l’avocat des salariées et de la CGT. « Il est rare, observe-t-il, que le procureur poursuive au pénal sur ce chef d’infraction car les faits sont souvent difficiles à prouver faute de témoins.

Et [le problème] ne concerne pas en l’occurrence un salarié pris isolément, mais tout un service. » Dans cette affaire, plusieurs personnes ont accepté de témoigner sous le couvert de l’anonymat devant l’inspecteur du Travail, puis devant les enquêteurs. Le tribunal devra mesurer la valeur de leurs dires. « Nous ne reconnaissons aucune situation de harcèlement et nous présenterons tous les éléments nécessaires pour le démontrer », prévient la direction de DHL à Paris, qui sera représentée à l’audience par son seul avocat.

Les faits de harcèlement moral au travail sont passibles d’un an de prison et de 15 000 euros d’amende. Les plaignants, qui vont se constituer partie civile lors de l’audience, demanderont en outre « plusieurs dizaines de milliers d’euros de dommage et intérêts ».