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M I G R A N T S

Publie le vendredi 15 décembre 2006 par Open-Publishing
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de Giustiniano Rossi

Au siège historique du PCF, place du Colonel Fabien à Paris, a eu lieu une rencontre-débat pour une autre politique de l’immigration – à laquelle ont adhéré le Collectif Bellaciao et le Cercle de Paris de Rifondazione Comunista – ; elle s’articulait autour de deux tables rondes.

A la première "Doit-on enfermer les étrangers ?", animée par Fernanda Marrucchelli, dirigeante nationale du PCF, était prévue la participation de Giusto Catania, du GUE, député européen de Rifondazione Comunista (absent pour des raisons de santé), de Anne de Loisy, journaliste, auteur d’un livre-témoignage sur la zone d’attente pour étrangers "illégaux" ou présumés tels, de l’aéroport de Roissy, de Filippo Miraglia, responsable immigration de l’ARCI, de Claire Rodier, juriste du GISTI et de Migreurop et de Aminata Traoré, ex-ministre de la Culture du Mali (absente à cause d’un autre engagement).

A la seconde "La répression et la fermeture des frontières peuvent-elles être aujourd’hui la seule politique de l’immigration ?", animée par Sophie Celton, dirigeante nationale du PCF, participaient Nicole Borvo, sénatrice, dirigeante nationale du PCF, Caroline Intrand, de la CIMADE et Emmanuel Terray, anthropologue (Giusto Catania et Aminata Traoré auraient aussi dû participer à cette deuxième table ronde).

Fernanda Marrucchelli, introduisant le débat indique combien le problème des migrants est au centre de la campagne électorale en vue des élections présidentielles d’avril prochain, étant donné que la politique de l’immigration de l’actuel gouvernement et de son ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, candidat de la droite à la présidence de la République, est un attentat au droit des personnes et au droit d’asile.

Claire Rodier souligne que la seule politique commune des pays de l’Union Européenne en matière d’immigration est de filtrer les migrants nécessaires à la stabilité du marché du travail, en réduisant en même temps le nombre des demandeurs d’asile. L’Union Européenne fait sous-traiter la gestion de ses frontières par les pays de plus forte émigration, ceux du Maghreb, le Sénégal et certains pays d’Europe de l’Est, mais aussi la Libye, en subventionnant l’ouverture de centres de rétention s’ajoutant à ceux qui existent sur son territoire, en Mauritanie, au Sénégal, en Libye, en Algérie, où renvoyer les étrangers des zones d’attente des aéroports. La politique de l’immigration des gouvernements européens est sévère, qu’ils soient de droite ou de "gauche" dans la mesure où les deux pôles sont majoritairement convaincus qu’elle est porteuse de voix.

Filippo Miraglia informe que, alors qu’il y a plus de 500 000 étrangers à avoir fait cette année une demande de travail en Italie avant la date limite du 14 mars (leur régularisation apportera à l’Etat une somme correspondant à celle d’une loi de finances), auxquels beaucoup d’autres se sont ajoutés par la suite, ceux qui sont arrivés à Lampedusa et qui demandent l’asile ne sont qu’environ 20 000, dont la moitié sont des Marocains. Cette donnée contredit les images transmises quotidiennement par la télévision, véritable source des idées des Italiens sur l’immigration. Les centres de rétention non seulement sont en contradiction avec les droits des personnes, mais ils sont inutiles et très coûteux (selon les données publiées par la Cour des Comptes, chaque personne retenue coûte 30 000 euros) : 20% seulement des expulsés proviennent des centres de rétention.

Anne de Loisy parle des situations de violence, fréquentes dans les zones d’attente des aéroports dont elle a eu connaissance grâce aux six mois passés à Roissy comme employée de la Croix-Rouge.

Dans le public, on dénonce l’existence en France d’une économie parallèle, surtout dans les secteurs de la construction, de la confection, de la restauration et de l’agriculture saisonnière qui fonctionnent grâce au travail illégal (non pas clandestin).

Les Chantiers Navals de l’Atlantique ont dénoncé pour diffamation l’animateur du site Internet Bellaciao pour avoir diffusé un communiqué syndical sur les conditions d’exploitation de travailleurs polonais dans les Chantiers, de la part d’une entreprise de sous-traitance.

Caroline Intrand, de la CIMADE, annonce une campagne de l’association dont elle fait part sur les aspects les plus aberrants de la politique de l’immigration du gouvernement français et des gouvernements européens.

Nicole Borvo, sénateur du PCF, fournit certaines données, dont il résulte que l’immigration "irrégulière" est désormais stable, entre 300 000 et 400 000 personnes, tandis que s’y rajoutent chaque année 25 000 personnes grâce au regroupement familial. Les sénateurs communistes ont demandé sans l’obtenir une commission d’enquête sur les employeurs au noir tandis qu’une commission d’enquête a été instituée sur l’immigration clandestine.
Emmanuel Terray informe que 80 associations ont lancé une campagne pour la régularisation de tous les Sans Papiers. La liberté de mouvement est impossible à supprimer, et c’est aussi la raison pour laquelle la politique basée sur les contrôles n’est pas réaliste.

Dans le public, on dénonce le marché des visas dans les pays d’émigration, la dégradation des conditions de vie dans les pays pauvres due à l’exploitation de la part des pays riches, l’importance pour l’économie européenne du travail illégal.

Paris, le 9 décembre 2006

Messages

  • Ces dernières semaines la répression contre les sans papiers et leurs soutiens a franchi un nouveau palier ( arrestations musclées, enfants recherchés par la police dans les écoles, expulsion violente avec usage de moyens disproportionnés de la famille Raba , expulsions ou tentatives d’expulsion express, menaces de poursuites contre les passagers qui s’opposeraient aux expulsions, institutrice accompagnant un jeune dans une préfecture, arrêtée et menottée, membre de RESF convoqué par la police…)

    En 2006, Sarkozy s’est fixé l’objectif de 25000 expulsions. Peu lui importent les familles brisées, les vies saccagées, notamment des jeunes en cours d’études, des enfants déportés dans des pays dont ils ne connaissent rien à commencer par la langue ; peu lui importent le suicide d’un homme de 22 ans, père de deux enfants au CRA Marseille ou la vie de cet autre en grève de la faim depuis plus de soixante jours.

    En 2007, l’objectif sera-t-il de 30000, 40000 expulsions ?

    Avec le début de fait de la campagne présidentielle, il y a lieu de craindre une recrudescence des expulsions d’immigrés, véritable fonds de commerce de Sarkozy.

    Nous devons arrêter cela au plus vite !

    Tous les partis, toutes les associations, tous les républicains , tous les démocrates doivent se lever et exiger un moratoire de fait ou de droit des expulsions au moins jusqu’à l’entrée en fonctions d’une nouvelle majorité.

    Les immigrés n’ont pas à servir de boucs émissaires à un démagogue.