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M. Schröder et le SPD obtiennent des syndicats une pause dans leur opposition aux réformes

Publie le vendredi 9 juillet 2004 par Open-Publishing
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de Adrien de Tricornot

Les dirigeants les plus critiques se défendent de vouloir faire le jeu de la
droite aux élections.

Francfort de notre correspondant

Après des mois de critiques syndicales contre les réformes du système social
menées par la coalition sociale-démocrate-verte au pouvoir et une nouvelle
escalade verbale, le week-end dernier, entre le président du syndicat des
services Ver. di, Frank Bsirske, et le chancelier Gerhard Schröder,
celui-ci a obtenu une pause. Le chancelier - qui doit réunir, vendredi 9
juillet, le gouvernement à huis clos pour faire le point sur son action
avant la pause de l’été - avait clairement réaffirmé, lundi soir, aux
dirigeants syndicaux membres du SPD, réunis à Berlin dans le cadre du
conseil syndical du Parti social-démocrate, qu’il n’y avait pas
d’alternative, pour la gauche, à la politique de réformes en cours.

Dirigée par le président du SPD, Franz Müntefering, la rencontre a donné
lieu, selon plusieurs des participants, à une explication personnelle
parfois vive entre le chef du gouvernement et les syndicalistes. Celle-ci a
porté ses fruits. "Les deux parties ont des problèmes, pas seulement l’une
envers l’autre, aussi chacune elle-même", a reconnu ensuite le président du
DGB, la fédération des syndicats allemands, Michael Sommer, dans une
allusion aux tensions internes que connaissent aussi les organisations de
salariés.

Le lendemain, à l’issue d’une réunion de son directoire, le DGB a indiqué
qu’il saisirait "l’offre de dialogue ouvert du président du SPD Franz
Müntefering".Les syndicats espèrent notamment influencer l’application de la
réforme des allocations-chômage qui prévoit que les sans-emploi ne
percevront plus que l’aide sociale, l’équivalent du RMI, après douze mois de
chômage ou dix-huit mois pour les plus de 55 ans. Par ailleurs, un groupe de
travail SPD-syndicats devrait proposer des mesures pour les bas salaires en
octobre.

Même le président de Ver.di, qui martelait récemment que "le gouvernement a
échoué", a fait savoir qu’il était prêt "à parler à nouveau des décisions
importantes des prochains mois" avec M. Schröder. Ce dernier lui avait
répliqué vertement, dans un entretien publié par le magazine Der Spiegel :
"Pour les syndicats allemands, la question qui est posée est de savoir si
des gens qui n’ont rien à proposer sur le fond, comme M. Bsirske, doivent
déterminer leur stratégie." Dans le huis clos du conseil syndical du Parti
social-démocrate, auquel M. Bsirske, adhérent des Verts, n’assistait pas, M.
Schröder a "répliqué à coups de massue"aux critiques des responsables
syndicaux. Le président du syndicat IG Metall, Jürgen Peters, opposant très
critique au programme de M. Schröder, qu’il qualifie de "démontage social",
temporisait, à l’issue de cette réunion : "Nous ne voulons pas changer de
gouvernement, nous voulons changer de politique avec ce gouvernement."

MM. Bsirske et Peters se sont vu reprocher, ces derniers temps, par d’autres
dirigeants de syndicat, comme celui des mines, de la chimie et de l’énergie
(IG BCE), présidé par le proche du chancelier Hubertus Schmoldt, de se
placer sur le terrain de la contestation politique, aux côtés du mouvement
altermondialiste, plutôt que de la défense des salariés. La décision d’une
quarantaine de rebelles du monde syndical et du Parti social-démocrate de
créer une "Alternative de vote, travail et justice sociale", embryon d’un
parti dissident du SPD, a alimenté la tension. Le DGB s’en est démarqué en
assurant qu’il n’apporterait aucun soutien "en infrastructures, en personnel
ou financier" à ce projet. Parmi ses initiateurs figure Klaus Ernst,
responsable bavarois d’IG Metall, un proche de son président. "Le SPD peut
faire ce qu’il veut, mais pas nous demander une prime au démontage social.
Quand les problèmes fondamentaux demeurent, peu importe qui gouverne",
explique M. Ernst. Exclu du SPD il y a deux semaines, celui-ci justifie
l’initiative par les 500 000 manifestants descendus dans la rue contre les
réformes en avril.

PROCHAIN TEST

Jürgen Peters, qui doit compter avec son numéro deux, Berthold Huber, classé
parmi les "réformistes", s’est défendu de favoriser une victoire des partis
de droite lors des prochaines élections, accusant ceux-ci de vouloir
"découper en morceaux la protection sociale". Le prochain test aura lieu en
septembre avec les élections locales de Rhénanie du Nord-Westphalie. Le DGB
a dénoncé les appels des "forces conservatrices" à généraliser la hausse du
temps de travail sans hausse de salaire, à l’exemple des accords passés par
Siemens pour revenir aux 40 heures. "Nous serions sans doute mal conseillés
si nous agissions pour faciliter l’arrivée au pouvoir de l’opposition", a
déclaré Martina Helmerich, la porte-parole d’IG Metall, tout en justifiant
les "peurs fondées" d’une remise en cause des protections contre les
licenciements.

Adrien de Tricornot


Tony Blair privé de financement syndical

L’un des principaux syndicats britanniques, le GMB (700 000 membres dans
tous les secteurs d’activité), a annoncé, mardi 6 juillet, qu’il retirait
son soutien financier au Parti travailliste de Tony Blair, préférant
désormais allouer ses contributions aux députés au cas par cas en fonction
des idées qu’ils défendent. Traditionnellement, les syndicats versent des
sommes conséquentes au Labour pour l’aider à financer ses campagnes
électorales. Selon le GMB, le parti lui avait demandé 744 000 livres
sterling (1,11 million d’euro) pour les élections générales prévues au
printemps 2005.

Mécontents de la politique de Tony Blair en matière de mise en concurrence
des services publics avec le secteur privé et de l’absence de protection des
travailleurs contre les licenciements - le Trade Union Congress (TUC), la
confédération des syndicats, a rappelé récemment que la Grande-Bretagne a
perdu 770 000 emplois industriels depuis l’arrivée au pouvoir des
travaillistes, en mai 1997 -, les syndicats semblent décidés à frapper le
parti du premier ministre au portefeuille.

http://www.lemonde.fr/web/recherche_articleweb/1,13-0,36-371982,0.html

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