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MA FRANCE : Valérie Boukobza, directrice d’école résistante
Publie le samedi 28 avril 2007 par Open-Publishing5 commentaires
La Mésange de Belleville
"Parce qu’à prononcer leurs noms sont difficiles, chantait l’Aragon de "L’Affiche Rouge"...Ils s’appelaient Epstein, Manouchian ou...Henri Krasucki, dit "La Mésange".
Ce doux surnom d’oiseau lui avait été attribué par les "indics " du Sarkozy de l’époque...Ils cherchaient sans succès à mettre un nom sur la silhouette mince, coiffée, d’une insolente houppe de cheveux noirs comme le jais, surmontant le visage émacié par la tension, et par la faim, d’un de ces adolescents juifs au nez en forme de bec d’oiseau, issus de familles d’immigrés communistes venus de la lointaine Pologne, qui furent les résistants des heures noires...
Fiché comme un des plus dangereux "chefs de bande" de ce quartier de Belleville, Rampal, Ramponeau, où "La Mésange" et ses jeunes "potes", les "beurs" de l’époque, évoluaient "comme des poissons dans l’eau" dans un lacis impénétrable de tortueuses ruelles, aux taudis ouvrant sur des réseaux de caves, le jeune résistant fut traqué des semaines entières.
Il finit pat "tomber", "donné" par "La Rouquine", une jeune juive du quartier, dont les parents avaient été arrêtés, et qui craqua sous la pression. Pour les sauver de la mort, et surtout, de la torture, elle "balança" "La Mésange"...
Ayant enfin pu mettre un patronyme sur ce profil insaisissable, qui avait fini par hanter leurs cauchemars, la police de l’"Etat Français" (guillemets) du vieux Pétain, l’Etat du "déclin de la France" de la "rupture" et de la "repentance", finit par repérer sa planque. Ils y découvrirent un flingue dans sa cachette. Ils embarquèrent "La Mésange". Qui fut alors livré aux interrogateurs de la Gestapo.
– Au gamin de 15 ans qui cachait sous le lit de sa chambre clandestine un énorme revolver, on amena sa mère, elle-même juive polonaise, communiste du Komintern, française de cœur, et membre du même réseau de Résistance bleu-blanc-rouge de ce même quartier de Belleville-Rampal-Ramponeau...Ils le menacèrent de la torturer sur le champ, devant lui. Elle hurla (en yiddisch) à son jeune fils de la boucler ! Faute de quoi elle le renierait, et le maudirait jusqu’à la fin de ses jours... Une menace bien inutile. Il n’avait pas l’intention de parler. Même dans cette situation atroce. Il ne parla donc pas, et protégés tous deux de l’exécution immédiate par une menace de Staline de liquider aussitôt, en riposte, des fils de dignitaires nazis détenus en otages, ils ne furent que.. déportés, l’un et l’autre, à Buchenwald.
Plus tard, Henri Krasucki, libéré du camp de concentration, intégré avec le grade de lieutenant aux Francs Tireurs et Partisans de France (FTPF) de Charles Tillon (devenu ministre du général de Gaulle, et maire PCF d’Aubervilliers), refusa qu’on "punisse" Katia, "la rouquine" - appelée à devenir une demi-mondaine de grand style, puis une des reines du grand proxénétisme parisien...Epargnée, elle servit de son mieux la PJ, les RG, et en même temps, reconnaissante, les discrets services de renseignement de sa victime, devenue, par grandeur d’âme, autant que par intelligence stratégique à long terme, son sauveur. Krasucki fut désigné comme chef du service d’ordre du Parti Communiste des années houleuses du début de la guerre froide. Trente ans après, succédant à l’opportuniste Séguy, l’homme de mai 68, des sifflets à Billancourt, de la reprise forcée du travail, et des accords de Grenelle, il devint le meilleur secrétaire général qu’ait jamais eu la CGT.
Entre temps, il avait fait un crochet du côté de la Vistule, pour aller récupérer sa vieille Maman, à nouveau menacée : des bouffées d’antisémitisme, maquillé en "antisionisme" rendaient malsain, même pour cette héroïne, l’air de sa terre natale. Madame Krasucki mère, elle-même, aussi, couverte des décorations les plus glorieuses, mourut donc en France, sa patrie d’adoption, acquise au prix du sang, avant son fils ; et nous ne fûmes, un peu plus tard, hélas, guère plus qu’un bon millier à nous rassembler, au cimetière du Père Lachaise - à distance de tir de Belleville - pour les obsèques de "La Mésange". Sans drapeau à étoile de David bleue sur fond blanc : communiste universaliste autant que patriote français, "Krasu" avait su résister, jusqu’à la fin de sa vie, et même sous Robert Hue, aux sirènes de la régression"ethniciste" du sionisme - ; sans rabbins ni prêtres d’aucune église, ou d’aucune secte ; sous une forêt de drapeaux rouges, et dans les vibrations immortelles d’airs de grande musique classique - "La Mésange" avait vécu les dernières heures de l’épopée que fut sa vie dans la sérénité, toujours dans son quartierde Belleville, à écouter des disques de Tchaïkovski ou des mélodies de Chopin- parfums de Pologne, parfums d’enfance...Le service d’ordre de la CGT du Livre faisait une garde d’honneur, devant sa tombe.
Mais aujourd’hui, Belleville a de nouveau sa "Mésange".
"Difficile" à prononcer ou pas, son nom est Boukobza, Valérie : directrice de l’école maternelle de la rue Rampal, à la tête d’un soulèvement de résistance aux rafles à la porte des écoles, arrêtée, placée en garde à vue, puis finalement libérée au bout de plusieurs heures de tension, sous la pression d’une centaine de manifestants de toute origine et de toute couleur, enseignants et parents d’élève de ce quartier populaire, bigarré, soutenus par les derniers descendants de l’ancienne population juive ashkenaze de Belleville, et même par les sépharades venus plus récemment d’Afrique du nord, souvent moins unitaires, et par ces redoutables collégiens "en capuche" qui donnent aux sueurs froides aux "tuniques bleues"...
Et Sarkozy, sous la pression, recule, de déclaration en déclaration, et d’heure en heure dans sa version des faits. Comme dans l’affaire des deux petits électrocutés de Clichy.
– "Non, déclare, dans son communiqué officiel,le procureur Jean-Claude Marin - un gaulliste de conviction, doublé d’un magistrat indépendant et rigoureux...- "il n’est pas vrai" que la descente en force des gorilles à matraque, avec chiens policiers muselés ou démuselés, dans le petit café pépère, proche de l’école, où fut embarqué le vieux grand-père chinois "en situation irrégulière" venu chercher ses deux petits-enfants à la sortie de l’école, ait eu lieu "sur réquisition du parquet", et donc de la justice...
Il s’agit bien, souligne ainsi le haut magistrat, d’une initiative des policiers aux ordres du ministre de l’intérieur, communiquée, certes, pour la forme et pour simple "autorisation", au parquet.
"Idem", révèle l’excellent Michel Deléan, dans le Journal du Dimanche, pour la décision de piéger la directrice de la maternelle, en la convoquant au commissariat pour "témoignage", avant de la mettre sous clé, en garde-à vue.
"Décision judiciaire", "prise par un procureur de la république indépendant", jurait, main sur le cœur et les yeux dans les yeux, l’impérial vendeur d’aspirateurs au porte-à-porte, candidat de la droite ultra à la Présidence de la République Française.
– "C’est un OPJ" (un officier de police judiciaire, un flic, agissant sous le contrôle et sous les ordres de la hiérarchie policière, et de personne d’autre), "qui a pris la décision, et en a avisé le parquet ", rétorque sèchement le procureur Marin.
"Il n’y a pas de quoi en faire une polémique", dit aujourd’hui, marri, de la Martinique, où il est allé prendre le soleil, loin de la dalle d’Argenteuil, comme de Belleville, et de ses promesses de retour...le menteur professionnel enferré dans ses propres turpitudes... Ses rafles électorales lui claquent au bec comme un retour de boomerang...
Pas de polémiques inutiles, en effet... En se couchant devant les voitures de police pour empêcher le grand-père chinois raflé de disparaître vers une geôle, puis vers l’exil, les profs, refusant, selon le juste mot de la candidate de l’ "ordre juste", de se comporter en "auxiliaires de police", les parents d’élèves, et les "jeunes à capuche", "céfrans" noirs, ou maghrebins, lointains héritiers des "bandes de jeunes" de l’époque de la (première) "Mésange", et de l’ancienne et glorieuse Résistance, ont démontré la force, la solidarité et l’unité, d’un quartier de Paris uni contre la "racaille" policière, refusant le "kärcher" des rafles racistes d’aujourd’hui, comme de celles d’hier contre les contre les combattants de l’ombre...Un quartier riche d’Histoire, qui refuse tout destin de "ghetto", et fier de sa directrice d’école au nom à consonance juive, qui n’a fait que son devoir de femme, de mère, d’enseignante républicaine, de responsable, et peut-être aussi qui sait ?, de croyante, en allant, non, comme disent, encore,les menteurs assermentés du Ministre de la Flicaille, "tambouriner sur les vitres d’une voiture de police", mais en se présentant, sans peur, face aux "tonfas" coudés noirs, et aux matraques, fendant le nuage de gaz, en tant que directrice citoyenne, pour défendre ses petits élèves, leurs parents réfugiés de tous les continents, le grand-père chinois, et l’honneur d’ un peuple multicolore uni contre la Honte.
JEAN PAUL CRUSE
Messages
1. MA FRANCE : Valérie Boukobza, directrice d’école résistante , 28 avril 2007, 21:16
L’opportuniste G.SEGUY comme son camarade H. KRASUKY, est aussi un rescapé des camps de la mort. Ces gauchistes ne respectent rien,et ce son eux qui, la petite crapule de CONH BENDIT en tête ,bardés de leur morgue et de leur arrogance de petits bourges venaient donner les leçon de révolution aux travailleurs de BILLANTCOURT. Ecoeurant
L. BOURSON militant PC
1. MA FRANCE : Valérie Boukobza, directrice d’école résistante , 28 avril 2007, 21:48
Tu crois franchement que JM Thibaud est mieux ?
François
2. MA FRANCE : Valérie Boukobza, directrice d’école résistante , 28 avril 2007, 22:08
Tu voulais dire Roger Pierre ?
Francis de Quincy
3. MA FRANCE : Valérie Boukobza, directrice d’école résistante , 29 avril 2007, 09:54
Vous jouez à quoi vous trois ci-dessus en répondant à ce récit sur les "Mésanges" de Belleville, l’ancienne et la nouvelle. Je les aime moi ces mésanges. J’aime que ce récit me rappelle le courage de la première et celui de son fils, et mette ce courage en lien avec celui "ordinaire" - elle n’a fait que son travail - devenu de fait "extraordinaire" du fait de l’intervention violente que nous savons, de la directrice de l’Ecole de la rue Rampal. Pour le reste... Vous ne croyez pas qu’il y a autre chose en faire en ce moment que ces souvenirs qui ne servent à rien et qui surtout demain ne pourraient servir à rien ?! Vous avez oublié que demain nous pourrions bien avoir le président de la République que pour beaucoup nous ne voulons pas, et que cela aura été sur fond de la gauche divisée et redivisée jusqu’au fond du fond de ce que Freud appelait le narcissisme des petites différences ! Alors était-il utile d’en rajouter une couche ? Ce n’est pas en ressassant des rancoeurs inutiles qu’on inventera un nouveau visage pour demain. Vous voulez des exemples de la vie telle quelle est ailleurs que dans les ressassements ? On a relogé à Bordeaux les Don Quichotte - enfin une grande partie de ceux qui avaient été pris en charge par cette association à l’HP. Et certaines d’entres elles viennent "opportunément ", "par hasard" si vous préférez, de saccager le lieu d’expression de cet HP que l’on sait au combien dérangeant et dont on souhaite(rait) la disparition. Une affaire qui d’ailleurs pourrait bien être à suivre.
A chacun(e) ses souvenirs : Paul Celan et Primo Levi se sont suicidés un jour d’avril. Chacun écrasé à sa manière par Auschwitz. Auschwitz et son portail qui raconte que le travail c’est la liberté, ça vous rappelle quelque chose ?! Histoire de resituer les souvenirs quoi ! Dans une perspective plus dynamique et surtout plus utile.
Odette Toulet
2. MA FRANCE : Valérie Boukobza, directrice d’école résistante , 27 octobre 2007, 13:22
malheureusement je n’ai pu aller à belleville, ton texte est beau et m’a fait chialer comme un gosse, juste une phrase de la "mésange"lecteur de Kant : " ne sais pas où et quand ça va peter il faudra etre là"merci camarade ecrit .