Accueil > MAISON DE LA CULTURE EN DANGER

MAISON DE LA CULTURE EN DANGER

Publie le mercredi 8 octobre 2008 par Open-Publishing
1 commentaire

La Maison de la Culture de Bobigny, la MC93, est en danger. Un projet concocté par le ministère de la Culture consiste à lui promettre comme avenir… d’être une annexe de la Comédie Française. Il ne s’agit pas de dénigrer cette institution dont le travail, celui de sa troupe, est remarquable.

La question posée est double :
 que devient le projet de décentralisation de la création théâtrale ?
 comment sont prises les décisions ?

Georges Valbon, ancien maire de Bobigny et premier président du Conseil général lors de la création du département de la Seine-Saint-Denis adressait, dès qu’il était informé du projet un message à l’équipe de la MC 93 :

« Je suis évidemment consterné, et on comprendra que je tienne à réagir et à dire mon opposition totale à ce qu’il faut bien appeler un mauvais coup. Je ne peux accepter de voir rayés d’un trait de plume et à la sauvette trente ans d’histoire et de complicité artistique et culturelle entre ce lieu, la ville et le département. On voudra bien considérer, avec les fonctions qui ont été les miennes, que j’ai quelques raisons de concevoir la MC 93 comme « un enfant » cher à mon coeur, auquel je tiens et qu’il n’est pas question de mettre à mal. Au demeurant, il n’y a pas que l’histoire et mon implication personnelle qui sont en cause : la MC 93 n’a cessé d’étendre son rayonnement et d’élargir son public au fil du temps, et elle est aujourd’hui un exemple même de réussite artistique dans un département que l’on frappe tant et qui a tant besoin de création vivante et de culture. »

Entre la prise de position de ce communiste historique du département et l’intreview de Francis Parny – en charge de la Culture au CN du PCF -, on en était venu à croire que la politique reprenait le dessus.

Patatras ! Oubliés, Jean Vilar, Gabriel Garran, Jean Dasté, Paul Puaux, le TNP, les Rencontres d’Avignon… Lors de la conférence de presse « officielle » et alors que Jack Ralite manifeste avec les artistes, L’Humanité rapporte que :

“La maire de Bobigny se félicite longuement de la venue de la Comédie-Française à Bobigny : « Les noces de la création et du public populaire n’ont pas débouché sur une union solide. La population de Bobigny revendique le droit au beau dans tous les domaines de la vie. Il m’est proposé que soit implanté le plus beau théâtre du monde à Bobigny. Quel maire digne de ce nom refuserait une telle opportunité ? Quel maire refuserait la tour Eiffel, les arènes de Nîmes ou le Stade de France ? », questionne l’édile de la ville. La ministre porte pour sa part « un intérêt très vif à ce projet » qui n’aurait d’au- tre ambition que « de bâtir quelque chose de neuf, d’ambitieux qui réunisse les deux institutions », Comédie Française et MC93. Elle ajoute : « Il s’agit d’ouvrir un nouveau chapitre avec tout ce qu’il y a de mieux. »”

Trop content de l’aubaine, le Président – socialiste désormais – du Conseil général joue le Ponce-Pilate :

“Claude Bartolone met, pour sa part, beaucoup de si dans ses propos : « Si sentiment d’humiliation à la MC93 ; si les moyens financiers ne suivent pas ; si le travail se fait en commun ; si projet culturel commun… Pourquoi pas ? »”

Comment faut-il interpréter le grand écart entre les déclarations de principe et la réalité ? J’ai retrouvé récemment cette déclaration de Marie-George Buffet durant l’été 2005 :
« ...Le chantier de la construction d’une alternative est ouvert à tous les citoyens qui ne se résignent pas à un monde qui se défie de l’humain. Les artistes, dont les oeuvres nous aident à comprendre le monde et à le rêver, peuvent y contribuer grandement. Il y a besoin d’une gauche courageuse, qui porte des propositions audacieuses et un projet de justice sociale, qui oeuvre à la transformation sociale. Pour cela, il faut s’en prendre aux puissances d’argent et combattre le libéralisme. Tout cela, nous devons le bâtir ensemble, sur la place publique.
Parce que la gauche n’est rien sans le peuple... »

Ceux qui ont découvert le théâtre grâce aux Maisons de la Culture, grâce aux scènes nationales décentralisées partageront la conclusion de la journaliste de L’Huma :

“La Comédie-Française à Bobigny, ce sont les politiques qui en parlent le mieux. Il n’y a qu’eux pour le croire. C’est peut-être pour cette raison-là que les artistes ont toujours été tenus à l’écart de cette étrange histoire…”

La première Maison de la Culture s’est ouverte en 1961, au Havre. Lorsqu’au côté du maire communiste Robert Montguillon, André Malraux coupe le traditionnel ruban d’inauguration, de la voix, il accompagne son geste :
« Sachez bien que l’on se dira que c’est ici, aujourd’hui, que tout a commencé ».

Il est grand temps d’intervenir, pour qu’il ne soit pas dit :
« Sachez bien que l’on se dira que c’est ici, aujourd’hui, que tout a pris fin »

Signez la pétition de soutien à la MC93 : ici, rubrique « La MC93 menacée »

Messages