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MECANICIENS : Fs, le dégraissage continue, tous contre l’ "homme mort"

Publie le jeudi 23 décembre 2004 par Open-Publishing


de FRANCESCO PICCIONI

Des mécaniciens sur les voies de la gare Termini (Rome, NdT) hier matin. Pendant
trois heures ils ont tracté, sonné leurs trompettes et expliqué aux gens les
raisons de leur protestation, pour lesquelles ils s’apprêtent à déclarer 72 heures
de grève nationale dans les premiers six mois de 2005.

La mobilisation a pour but d’empêcher le passage à l’ "agent unique" en cabine
de conduite, c’est-à-dire à un seul mécanicien au lieu des deux qui sont la norme
depuis 1949. Pour remplacer un mécanicien vivant les Fs prétendent installer
en cabine de conduite un "homme mort", c’est-à-dire un dispositif à actionner
au pied toutes les 50 secondes environ, passées lesquelles il déclenche une sonnerie
pour rappeler l’attention du conducteur.

L’ "homme mort" est décrit comme une "nouveauté technologique" en mesure d’augmenter la "sécurité" des convois, mais en réalité c’est un mécanisme "vieux comme le monde", expliquent les mécaniciens (il fut appelé exactement ainsi, en Europe, tout de suite après la guerre, quand il y avait pénurie d’hommes adultes). La décision de Trenitalia (la société désincorporée des Fs qui assure le trafic voyageurs) devrait entraîner une réduction de 4 050 postes chez les mécaniciens (il y a à peine 15 ans ils étaient 28 000, maintenant ils sont presque la moitié). Toujours hier, Trenitalia annonçait que dans les trains de nuit on ferait monter des gardes assermentés, des "vigiles" en somme, au nom de la "sécurité". Et alors on va avoir des choses à tirer au clair, disent les cheminots. S’il y a l’argent pour une sous-traitance de ce genre, on ne comprend pas pourquoi on doit renoncer à la "sécurité physique" des voyageurs et des personnels. Une étude réalisée par l’université de Tor Vergata (Rome, NdT) - signée par les prof. Sebastiano Bagnara et Antonio Bergamaschi - a en effet établi que l’ "homme mort" (en jargon technique "Vacma") "entraîne des dommages ultérieurs pour la santé et un amoindrissement des réponses" de la part du mécanicien. Pour le comprendre il suffit de penser a ce que, concrètement, devrait faire l’ "agent unique" : river ses yeux sur les rails et la console, enregistrer tous les signaux dont est parsemé le réseau (sémaphores etc.) et simultanément "battre la mesure" sur la pédale de l’ "homme mort". Au niveau des réactions physiologiques et psychologiques - expliquent les professeurs de Tor Vergata - l’automatisme induit par le Vacma ne résoud certainement pas le problème de la vigilance". Il est plus facile que le mécanicien soit distrait par le "pédaler" sans arrêt, plutôt que le contraire. En somme, concluent les professeurs, "l’imposition du dispositif s’avère risquée et complètement négative".

N’importe qui à ce moment-là se serait arrêté. Mais pas les Fs. Ces dispositifs ont déjà été achetés, les licenciements programmés et, surtout, l’"homme mort" est la norme dans les trains européens. Qui justement subissent beaucoup plus de graves accidents que les trains italiens (un homme seul peut se distraire ou avoir un malaise, dans ce cas le second intervient).

Libéralisation et privatisation - cela a déjà été démontré par la débâcle des chemins de fer britanniques (où Blair a été contraint de nationaliser à nouveau le réseau) - permettent, peut-être, quelques économies ; mais au prix d’une augmentation des accidents. Et il devient très clair que la violation programmée des droits des travailleurs se traduit - contrairement aux affirmations idéologiques des "libéraux" - par des prix plus élevés pour un service d’utilité publique et par une réduction de la sécurité vitale des "consommateurs" du voyage. Et quelques "vigiles" ne suffiront certainement pas à maintenir les trains sur les rails.

Traduit de l’italien par Karl & Rosa de Bellaciao

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