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MORT DU DOCTEUR ASSADI : MA RÉACTION PERSONNELLE APRES LE RAPPORT D’AUTOPSIE

Publie le dimanche 16 janvier 2011 par Open-Publishing

Abdoulatuf Bacar
Université Paris VIII
Saint-Denis France
Paris le 16 janvier 2011

MORT DU DOCTEUR ASSADI :
REACTION PERSONNELLE SUITE AU RAPPORT AUTOPTIQUE

Si l’on suit les propos tenus par l’équipe médicale à la tête de laquelle un médecin tanzanien et diffusés par la chaine nationale ORTC, la mort du docteur Assadi semble naturelle. Elle semble naturelle car elle peut ne pas l’être. Le rapporteur de la Commission chargée de suivre les opérations autoptiques qui s’est exprimée en langue nationale et en français a fait ce constat sur la mort de Assadi. Il l’a dit lui-même devant la caméra de l’ORTC qu’ils l’ont fait dans la transparence. Hélas, je ne le pense pas et je m’explique. Il ne s’agissait pas de jouer avec la forme pour manipuler des Comoriens sur place capables de voir de cette opération médiatique le caractère et la volonté de ne rien cacher par ce qu’on s’exprimait à la télévision. J’ai envie de demander : vous vous êtes exprimés pour dire quoi en fin de compte ?

Or la transparence s’est beaucoup manifestée dans la forme en laissant le médecin légiste parler en premier, histoire de démontrer que l’équipe s’appuyait sur lui. Cette transparence est formelle surtout, dans la mesure où le médecin s’est exprimé en langue étrangère (tanzanien) en s’adressant à tout un public comorien de l’intérieur et de l’extérieur perdu et déçu de ne pas avoir un journaliste derrière pour traduire tels propos si attendus du médecin dépêché. Cette transparence autoritaire ne devrait pas nous convaincre pour une autre raison : les paroles du médecin national qui a succédé le tanzanien laissent comprendre que les analyses faites de l’autopsie sont tirées uniquement d’un constat fait au niveau du cœur.

Je pense que c’est trop oser concernant une équipe d’experts choisis pour la véridicité d’une telle circonstance. A-t-on attendu juste pour qu’on nous dise que le cœur du médecin a tremblé avant de mourir ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Pourquoi les éléments évoqués par le médecin comorien non identifié (pour ceux qui ne le connaissent pas de vue) concernant la probable analyse sanguine ou autres n’ont pas été cités par le responsable juridique ? A-t-on patienté juste pour apprendre que le décès du docteur résulte d’une mort normale comme s’il était décédé chez lui, en conduisant ou en se battant ? Qu’est-ce que nous devrions comprendre de ce rapport si mesquin et si lamentable ? Le lamentable est de vouloir faire comprendre aux Comoriens que c’est le destin du docteur, donc l’indiscutable. Je pense que nous avions attendu pour rien car la montagne a accouché d’une souris. Ne me dites pas que je voudrais savoir ce que j’attendais avoir de cette autopsie. Je suis entrain de vous démontrer que la transparence ne côtoie jamais l’énigme. Or le rapport qui nous est livré en direct ou en différé par l’ORTC est caractérisé par cet aspect mystérieux visible dans le fond.

Tirer de telles conclusions sans analyser le sang, sans nous parler des analyses digestives ou abdominales, c’est si faible comme constat. Quelle transparence nous parle-t-on ? Rappelons que le docteur Assadi en liberté conditionnelle, était accusé d’auteur de faux témoignages dans l’affaire Combo. La mort brutale d’une telle personnalité en pleins tourments judiciaires constitue en soi un problème. En m’engageant encore une fois dans ce combat, ça ne peut qu’être un cris de désespoir. Mais comme nous prédisait déjà le fameux dicton flatteur comorien, une main que tu ne peux pas plier, tu l’embrasses finalement.

Abdoulatuf Bacar