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Maghreb : La presse baillonnée
Publie le dimanche 26 novembre 2006 par Open-Publishing3 commentaires
Le Maghreb libre
Convergences démocratiques et autonomie de pensée
25.11.2006
Maghreb : La presse baillonnée
Par Madjid LARIBI
Dans son rapport annuel 2006 qu’elle vient de publier (voir le rapport RSF dans la rubrique Maghreb), l’ONG Reporters Sans Frontières nous rappelle combien il est difficile, voire impossible, d’exercer librement le métier de journaliste au Maghreb. Les tenants du pouvoir dans les cinq pays, dont la légitimité au sommet de l’Etat est contestée, usent de tous les moyens, possibles et imaginables, pour étouffer la liberté de la presse. Pour que personne ne rende compte des atteintes, systématiques et quotidiennes, que ces régimes, honnis et vomis par les populations, portent en toute impunité aux droits de la personne humaine. Toute idée libre et porteuse de démocratie est muselée et toute voix qui tonne pour dire, haut et fort, que tout va mal dans ces pays est sur le champ réprimée, lorsque elle n’est pas éteinte à jamais. « Tu dis, tu meurs, Tu te tais, tu meurs ; Alors dis et meurs », écrivait le regretté Tahar Djaout.
Algérie
En Algérie, la presse a été durement punie et continue d’être la cible de l’oligarchie militaire. Le bilan est lourd : des dizaines de journalistes assassinés, des dizaines d’autres emprisonnés et plusieurs journaux interdits ou suspendus. Un arsenal judiciaire des plus répressifs est mis en place pour ne laisser aucune marge d’expression à la liberté, à la démocratie.
En Algérie, tout a été libéralisé et privatisé sauf l’édition et la manne publicitaire restent entre les mains de l’Etat. Les journaux satellisés sont quotidiennement arrosés à coups de millions en publicité, en plus de toutes les largesses qui leurs sont offertes au niveau de l’édition. Alors que ceux qui refusent d’être inféodés au système, ils voient leurs titres s’éteindre à petit feu. Ils n’ont pas accès à la publicité monopolisée et, au niveau des imprimeries, tous les subterfuges sont utilisés pour ne pas les éditer. Sans oublier que pour lancer un journal en Algérie, l’éditeur est tributaire d’un quitus délivré par le procureur de la République, le digne représentant de l’appareil répressif. Ces dernières années, Benchicou, directeur du journal Le Matin, a été emprisonné pour avoir écrit un pamphlet contre Bouteflika. Il a été incarcéré deux ans pour des motifs fallacieux. Et dernièrement, c’est le correspondant du Figaro et de Ouest France à Alger, le journaliste Arezki Ait-Larbi, qui a été interdit de sortie du territoire algérien également pour des raisons insidieuses.
Tunisie
La presse tunisienne aussi n’échappe pas à la répression, quasi constante, qu’exerce sur elle le despote Ben Ali qui semble s’installer au pouvoir à vie. En novembre 2005, le régime policier tunisien s’est distingué, lors du sommet mondial sur la société de l’information organisé par les Nation unis, devant toutes les caméras du monde braquées sur la Tunisie, par une impitoyable chasse aux journalistes, aux militants des droits de l’homme et à certaines figures de l’opposition. Ce qu’a subi Robert Ménard, président de RSF, à l’aéroport de Tunis, illustre indéniablement l’acharnement de Ben Ali contre la liberté de la presse. Les griefs reprochés au gouvernement tunisien sur ce registre sont aussi nombreux et sinistres que le nombre des policiers chargés d’asphyxier l’expression libre en Tunisie.
Alors que le gendre de Ben Ali a l’es coudés franches pour gérer une chaîne de télévision, la deuxième en Tunisie, et au moment où des journaux comme Al-Chourouk et Al-Hadith distillent quotidiennement la propagande gouvernementale, des journalistes sont interdits de tenir des assises en vue de créer un syndicat et qu’une voix dissidente, Sihem Bensedine, est jetée en pâture à travers une campagne de presse des plus abjectes.
Maroc
Idem pour le Maroc. Le royaume chérifien ne permet pas aux journalistes de franchir certaines lignes rouges. El makhzen veille à ce que la presse ne contrarie pas le palais sur notamment la question politico-religieuse et celle du Sahara occidental, comme ils ne doivent pas mettre le doigt sur certains trafics où des hauts responsables sont impliqués.
Pourtant, durant l’année 2004, le royaume marocain a affiché une certaine ouverture jugée encourageante pour la liberté de la presse. Cette période de grâce, comme celle vécue en Algérie en 1990, n’a été que de courte durée puisque elle n’a pas tardée à laisser la place aux vieux réflexes de l’oppression. C’est dire que les vielles habitudes ont la peau dure et Chasser le naturel, il revient toujours au galop. En plus des journaux suspendus et des journalistes présentés devant les juges, la condamnation, par la cour d’appel de Rabat le 23 juin 2005, de Ali Lmrabet à ne pas exercer son métier pendant 10 ans, renseigne sur les méthodes que le Maroc utilise, à l’instar de ses voisins algérien, tunisien et libyen, pour réprimer les journalistes qui refusent de se soumettre aux injonctions du palais. Le 24 octobre écoulé, se sont deux journalistes norvégiens qui ont été interdits d’entrée sur le territoire marocain, alors qu’ils avaient déposé leurs demandes de visa depuis janvier 2006.
Libye
En Libye, le constat est des plus sinistres. Le colonel ne tolère aucune critique à son égard et à sa politique. Tous les moyens de communications sont inféodés au Zaim et il n y a pas de liberté de presse tout court. Les comités révolutionnaires n’hésitent pas à passer à la liquidation physique et Daif al Ghazal, tué dans des circonstances obscures, en fait les frais le mois de mai dernier. Le journaliste Abdullah Al- Sanoussi est incarcéré depuis 1973 dans un lieu inconnu. Il a été emprisonné son procès et d’aucuns se demandent s’il est encore en vie.
Mauritanie
Pour ce qui est de la Mauritanie, les militaires arrivés au pouvoir, en août 2005 suite à un coup d’état qui avait déposé Ould Taya, ont promis d’instaurer la démocratie et l’organisation Reporters sans frontières a été associé à l’élaboration de la nouvelle loi sur la presse. Reste à savoir si Vall et son équipe iront au fond de leurs promesses, celles d’organiser les élections législatives et présidentielles et se retirer du pouvoir en l’espace de deux années.
Il ressort du rapport de RSF, que beaucoup reste à faire pour que la liberté de la presse devienne irréversible au Maghreb. Les assassinats et les arrestations de journalistes, les suspensions de journaux et d’autres écueils que les pouvoirs en place utilisent pour empêcher les journalistes de faire leur travail, et partant tous les problèmes que rencontre cette profession, ne peuvent être posés séparément,en dehors du cadre démocratique. Pour que la liberté de la presse devienne effective, il est nécessaire de la coupler avec la lutte pour la démocratie. C’est une question éminemment démocratique et ne trouvera sa solution que dans un environnement réellement démocratique et non d’un une multitude de journaux, tous aux ordres, dont l’existence sert de vitrine à vendre à la consommation étrangère.
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Le Maghreb dans tous ses états
Par Ahmed Kaci
La situation des droits de l’homme ne cesse de se détériorer partout dans les Etats du Maghreb : atteintes physiques à l’intégrité des personnes, assassinats, tortures, disparitions forcées, déni de justice, privations des libertés, abus d’autorité, répression et faits de prince en plus de la corruption et de la fraude aux élections. En somme, les Etats du Maghreb dans leur ensemble semblent plus que jamais hermétique aux transformations démocratiques qui traversent le monde. Pour ce mois-ci nous donnons juste un échantillon plus ou moins fidèle de ce que les peuples maghrébins endurent comme oppression de la part de pouvoirs soit frappés d’illégitimité soit non encore convaincus de la nécessité historique de faire participer librement leurs peuples aux décisions engageant leurs avenirs.
Algérie
Des journalistes régulièrement harcelés : l’Algérie ou plutôt l’Absurdistan détient depuis plus d’une décennie la palme des pays où les journalistes subissent la loi des puissants pour leurs écrits. Plus de 70 journalistes ont été tués depuis 1993, des dizaines traduits devant les tribunaux, plusieurs sont portés disparus. Le dernier en date est le correspondant du Figaro à Alger Arezki Aït Larbi. Ce dernier vient tout à fait par hasard de découvrir qu’il fait l’objet d’un mandat d’arrêt en allant retirer son passeport après avoir déposé un dossier un mois plus tôt à la daïra de Chéraga. Le fonctionnaire lui apprend alors que son document de voyage est bloqué par la police pour une histoire de diffamation enregistrée auprès du tribunal d’Alger. Le hic de l’histoire est que le journaliste A.A.L. n’a jamais été convoqué ni informé de l’affaire et que sa condamnation à six mois de prison ferme s’est déroulée par défaut et un mandat d’arrêt a été lancé contre lui le 4 août 1997. La plainte, émanant d’un directeur central chargé de l’application des peines au ministère de la Justice, concerne un écrit paru en avril 1994 dans l’hebdomadaire L’Evénement. Sur la base d’un témoignage, l’article mettait en cause ce responsable sur les sévices infligés aux prisonniers de Lambèse (Tazoult) dans la wilaya de Batna. Triste réalité de l’Absurdistan où dix ans après on se rend compte qu’un journaliste est sous le fait d’une condamnation alors qu’en 2000, ce même journaliste a pu obtenir sans problème un nouveau passeport. L’on se demande alors qui a réellement bénéficié de la grâce amnistiante de M. Bouteflika annoncée en grandes pompes le 3 mai 2006 à l’occasion de la journée de la liberté de la presse si tout cela n’était qu’un effet d’annonce ? Pour Arezki Aït Larbi, il ne fait aucun doute : cette affaire « ne saurait relever d’un simple dysfonctionnement bureaucratique mais elles sont liées à la volonté des autorités de lui refuser son accréditation en tant que correspondant d’un quotidien étranger » et « aux pressions récurrentes visant à l’empêcher d’exercer son métier ».
La disparition depuis le 1er octobre dernier de Abdel Qahar, âgé de 18 ans fils de Ali Benhadj le numéro 2 de l’ex-FIS réveille en Algérie les démons de la « décennie rouge » avec son bilan macabre de plus de 200 000 morts et quelque 20 000 disparitions forcées. Selon sa famille, le jeune homme a quitté son domicile vers 4 h 30 du matin pour se rendre à la mosquée Haï el-Badr aux alentours de Kouba (banlieue d’Alger) afin d’y accomplir la première prière de la journée. Son père a déclaré à la presse que « nous avons cherché dans tous les hôpitaux et les commissariats de police et nous avons enquêté dans tous les lieux où il aurait pu se rendre, sans parvenir à éclaircir le mystère de cette disparition ». Certains journaux algériens, connus pour leur proximité avec le DRS (renseignements militaire) n’ont pas tardé à annoncer que « le fils d’Ali Benhadj est monté au maquis et a rejoint le GSPC » (le Groupe salafiste pour la prédication et le combat). Et pour cause, selon ces journaux qui le suggèrent à demi-mot, Benhadj aurait lui même poussé son fils à prendre le maquis dans l’espoir de rebondir politiquement après que le retour en Algérie de Rabah Kébir -un autre leader du FIS- l’ait jeté dans l’ombre. Pour rappel, Ali Benhadj n’a pas soutenu la démarche de « réconciliation nationale » initiée par le régime d’Alger et continue d’appeler à une véritable solution politique. Pour lui aussi il n’y a aucun doute : « si mon fils a été kidnappé, c’est pour me faire changer de position politique, c’est habituel en Algérie ». Ali Benhadj, qui rappelons avait purgé 12 ans de peine de prison depuis 1991, persiste et signe : « s’ils veulent réellement une réconciliation nationale, si on veut trouver une solution pacifique dans ce pays, elle doit se faire entre les deux parties et les services de sécurité doivent cesser d’être présents partout... Nous n’avons ni multipartisme, ni Parlement, ni gouvernement : les "services" sont dans les mosquées, les hôpitaux, les journaux, les maquis ». Et d’ajouter : « On profite que les adolescents n’aient ni travail ni avenir : c’est facile de les manipuler et de les enrôler au maquis. » A elle seule cette histoire montre combien est l’ignominie du pouvoir algérien et la stupidité d’une presse aux ordres.
Qui a tué Rabah Aissat et pour quel motifs ? « C’est le GSPC ! », répond presque à l’unisson la presse algérienne. Alors que l’on sait à peine la version de l’assassinat du cadre du FFS Rabah Aissat et président de l’Assemblée populaire de Tizi Ouzou (Kabylie) et sans qu’aucune enquête ne soit déclenchée officiellement les mêmes plumitifs à la soldes d’officines aguerrie dans l’intox décrètent que derrière ce forfait il y’a la main du GSPC. Et en veux-tu en voilà pour preuves : le regain de violence en Kabylie, l’annonce ( !?) du mouvement en question de son opposition à la démarche de réconciliation de Bouteflika et ses liens avec El Qaeda. Pêle-mêle, ces « arguments » sont mis bout à bout et souvent sans cohérence entre l’un et l’autre juste pour démontrer que c’est l’oeuvre du GSPC et bien évidemment faire passer pour légitimes les options sécuritaires du régime, le maintien de l’état d’urgence, le bâillonnement de la société et la poursuite de la prédation. Qui a donc tué Dda Ravah, comme on l’appelle affectueusement dans son village ? Le GSPC ? Pour quelle raison et pourquoi en ce moment précis ? Et pourquoi le GSPC redouble de férocité en Kabylie et non pas ailleurs et surtout pourquoi l’acharnement de certains à endosser la responsabilité au GSPC alors que le groupe en question n’a pas revendiqué les faits qu’on lui colle ? Il y’a quelques jours, l’analyste américain, William Quandt et spécialiste de l’Algérie, a affirmé s’agissant du GSPC que « c’est un groupe assez petit, marginal qui lutte juste pour survivre ». William Quant fait partie des grands noms de la diplomatie américaine : conseiller au NSC, le Conseil de sécurité nationale, pour les affaires du Proche-Orient sous la présidence de Richard Nixon, de 1970 à 1973, puis de Jimmy Carter, de 1977 à 1980. Parlant des connexions de ce groupe avec El Qaeda, William Quandt ajoute que celle-ci peut toujours soutenir les actions du Gspc mais ce dernier entretient de très rares contacts avec l’organisation de Bin Laden. Réduit à sa portion congrue, le GSPC, à l’instar du GIA jusqu’à la fin des années 90, serait-il en en passe de devenir, comme le soupçonnent tous les observateurs honnêtes, le nouvel instrument aux mains de la junte algérienne pour « casser » la Kabylie et domestiquer cette région frondeuse.
Maroc
Les effluves nauséabonds du scrutin du 8 septembre n’en finissent pas de soulever l’indignation des citoyens du Royaume de M6. Suite à de nombreux et multiples témoignages portant sur des achats des voix des « grands électeurs », les juges d’instruction auprès de diverses cours d’appel vont mettre en examen une dizaine au moins de nouveaux conseillers ayant fait l’objet de plaintes de leurs concurrents et/ou d’enquêtes de la police. Parmi les suspects 3 relèvent du parti de l’Istiqlal, 2 du Mouvement populaire et autant du RNI et du PPS et 1 de l’USFP. Un candidat du FFD qui n’a pas été élu fait aussi partie de la liste. Un conseiller du MP avait été surpris en flagrant délit de tsamsir (marchandage) avant jour du scrutin dans un moulin avec une dizaine d’électeurs de la région Tadla-Azilal. Nombre de ces conseillers sont impliqué dans trafics notamment de drogue. Fouad Ali Hima ministre délégué à l’Intérieur s’interroge : « Peut-on valablement accepter que les institutions soient livrées aux trafiquants de drogue ? Peut-on accepter que siègent au parlement ceux forts de leur argent sale et qui n’hésitent pas à acheter les consciences et un siège sous la coupole ? » Du coup tout le monde craint la répétition de ce scénario lors des législatives de 2007. Un journal marocain Tel Quel impute cela à la faute de certains partis qui « tout en cautionnant des candidats véreux, beaucoup demandent la réforme, voire la suppression de la Chambre des conseillers, par où le mal est arrivé ». C’est dire si les 95% de jeunes qui boudent la politique au Maroc ne sont pas dupes. Conçue pour être une arme entre les mains du pouvoir au cas où la chambre des représentants serait dominée par l’opposition, la Chambre des conseillers au royaume (l’équivalent du Sénat) possède des pouvoirs quasi-identiques à ceux de la Chambre des représentants : elle possède le pouvoir législatif et surtout le pouvoir de renverser le gouvernement. Un cas unique dans les régimes politiques qui établissent un bicamérisme et qui se prétendent démocratiques. En somme, le Makhzen a tout simplement pris les devants au cas où...
Au moment où des parlementaires véreux se la coulent douce au royaume de M6, cinq (5) dirigeants de syndicats paysans de la région de Ouzioua à Taroudant sont poursuivis par la justice après la marche rouge qu’ils ont organisée le 07 mai 2006 pour leurs droits. Le procès qui devait se tenir le 28 septembre dernier a été reporté au 2 novembre prochain. Il s’agit de Aakik Driss, secrétaire général du syndicat des paysans pauvres, Amal Lahoucine, président de l’association Ifghelen, Chkib Boubker, vice président de l’association Atlas, Bouichou Mohamed, paysan pauvres membre de l’association Atlas et membre du conseil de la commune de Ouzioua. Dans cette région, 35 douars ne sont pas branchés au réseau national de l’électrification et de l’eau potable. Ceux qui ne disposent pas de ces petites commodités élémentaires mais utiles de l’ère moderne sont obligés de payer 4900 dirhams par maison pour en bénéficier. Et dire que leur situation déplorable est la conséquence de la construction du barrage El Mokhtar Essoussi. Après avoir perdu leurs terres et leurs ressources naturelles contre des remboursements modiques, pour survivre les paysans de la vallée de Souss sont obligés de travailler dans les fermes d’agrumes de gros propriétaires. L’exploitation qu’ils subissent dans ces fermes rappelle à beaucoup d’égards les conditions juridiques du moyen âge. En attendant que la campagne de mobilisation en leur faveur aboutisse à un résultat positif, on s’interroge où est passé l’argent qui devait effacer les effets négatifs de la construction de barrages dans cette région connue pour ses forêts d’arganiers.
Libye
Les autorités libyennes observent un silence total sur les événements du 4 octobre dernier dans la prison de Bouslim au sud de Tripoli durant lesquels un prisonnier a été tué et neuf autres ont été blessés. Selon les informations dont nous disposons, ce sont les responsables de la prison, à leur tête Abdelhamid Essayeh, qui ont fait usage de leurs armes sans motif majeur et de façon exagérée. Affichant un total mépris pour la vie des prisonniers et de manière général aux droits de l’homme, Moamar Kadafi et sa hachia (cour) a dépêché sur les lieus le responsable du journal Ezzahf al Akhdhar Hamed Boujbira pour recueillir et donner foi évidemment à la version semi-officielle d’une émeute déclenchée par les prisonniers de Bouslem connu pour abriter la majorité des prisonniers politique de la Jamahiria. Pour revenir aux causes de ces événements, selon la Ligue libyenne des droits de l’homme (LLDH), il s’agit de personne incarcérées abusivement et condamnés par une cour d’exception -dissoute depuis- pour leurs opinions politiques. De guerre lasse et désespérés de voir leurs jugements reportés d’année en année, ils ont opté pour la protestation en refusant de rejoindre leurs cellules par crainte de mauvais et dégradants traitements, leur pain quotidien dans cette prison. En guise de réponse, ils ont eu droit à davantage de répression et de bastonnades suivies de tirs à balles réelles. Le rapport dressé par le procureur de la république du sud de Tripoli dans le secret absolu les traite de « maquereaux » sans même prendre la peine de les entendre. Par le passé, exactement en juin 1996, des centaines de prisonniers d’opinion pour la plupart (un millier selon des sources) ont été massacrés dans cette même prison par les ceinturions de Kadafi. C’est dire que dans « l’Ile de la peur », pour reprendre l’intellectuel libyen Aissa Abdelquayoum, le goulag fait partie des reliques qu’on préserve précieusement pour que rien ne change !
Mauritanie
En Mauritanie, après les espoirs suscités par les promesses d’une véritable démocratisation, le temps est à la morosité. A l’approche des échéances électorales, les esprits s’échauffent et d’aucuns parlent déjà de panne du processus engagé par la junte et en l’occurrence le Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD). Malgré les engagements pris par le colonel Ely Ould Mohamed Vall le chef du CMJD, l’opposition croit dur comme fer que les hommes du régime ne sont pas prêts à aller chacun « s’occuper de son champ » pour reprendre les propos d’Ely Vall lors de son passage à paris. On reproche à la junte de susciter des candidatures indépendantes. « Des personnalités sont régulièrement convoquées par le président du CMJD qui leur demande de quitter leurs formations politiques pour se présenter en candidat indépendant à la demande du CMJD », a affirmé pour sa part Messaoud Ould Boulkheir le président de la Coalition des forces du changement pour la démocratie (CFCD), regroupement de onze formations politiques mauritaniennes. Convié par Ely Vall à un « ftour-diner-débat » autour d’une tasse de thé, de dattes, d’une soupe, d’un tajine et d’un plat cuisiné dans son palais, les partis politiques ne sont pas sortis rassurés. Et pour cause, leur hôte les a tous simplement rabroué poliment mais fermement. Pour le président de la junte on a fait « trop de bruit pour rien », mais les mauritaniens qui ont crû à cette expérience redoutent qu’il ne s’agisse que d’un coup de Jarnac de plus d’un régime essoufflé pour se laver de tout péché. Les jours qui viennent en diront certainement plus sur ce qui se passe dans ce pays et si quelque part la transition démocratique dérange intra et extra-muros au point qu’on veut la dynamiter.
19:05 Publié dans maghreb | Lien permanent | Commentaires (1) | Trackbacks (0) | Envoyer cette note
Algérie : Lepacte social et économique
Criminalisation de l’action syndicale
Par Ahmed Kaci
Après avoir interdit tout débat sur la sale guerre par une pseudo « Charte pour la paix et la réconciliation nationale » et décrété l’impunité au profit des responsables de cette tragédie, le régime d’Alger vient de passer à un autre stade dans ses tentatives de bâillonnement de la société algérienne. Le pacte économique et social qui vient d’être signé lors de la 12ème réunion tripartite qui a réuni le gouvernement, les patrons privés et la centrale syndicale UGTA entérine, pour sa part, la criminalisation de toute contestation d’ordre syndical et social.
Comme à son habitude, le régime a pris le soin de ne convier à cette rencontre que les organisations syndicales qui lui sont acquises, en particulier le syndicat maison UGTA et les patrons du public et du privé. Les syndicats autonomes, reconnus pourtant par la constitution, ont été exclus de cette réunion parce que le régime ne veut pas d’interlocuteurs bruyants mais d’élèves appliqués à l’exemple du secrétaire général de l’UGTA Abdelmadjid Sidi Said -mouillé jusque-là dans l’affaire Kahlifa. Ce dernier, laissant ses fanfaronnades de côté a cautionné la petite carotte de 2000 dinars (environ 20 euros) d’augmentation du salaire national minimum garanti (SNMG) qui atteindra 12 000 dinars (environ 120 euros) consentie par les tenants de la rente et les maîtres de l’import-export. « En tenant compte des ressources financières du pays, ni l’indice des prix à la consommation ni les critères du Pnud définissant le seuil de pauvreté entre 1 et 2 dollars par jour et par personne et ceux du ministère de la Solidarité [algérien, ndlr] définissant le démuni comme celui dont le revenu individuel n’excède pas 3750DA par mois, ne correspondent à une si faible augmentation », note Louisa Hanoune, la présidente du Parti des travailleurs
L’UGTA dans le rôle du barbouze
Tout cela aurait pu passer pour une énième mascarade à laquelle l’ Absurdistan nous a depuis longtemps habitué si une admonestation en bonne et due forme n’est pas venue rappeler aux réfractaires les lignes rouges désormais fixées par le PES pour une période de quatre ans. Face à la colère des postiers d’Algérie Poste qui déplorent leurs conditions de travail, le secrétaire général de la Fédération UGTA des postiers, Mohamed Tchoulak n’a pas trouvé mieux à leur dire que de les menacer en déclarant : « nous allons sanctionner ceux qui sortiront de la légalité ». Et pour cause, aux yeux de ce caïd sorti droit de l’époque de l’indigénat, « personne n’a le droit de faire la grève après la signature du pacte social ».
Si depuis l’indépendance à ce jour, l’UGTA s’est distinguée dans le rôle de pompier de service, avec la signature du PES elle enfile tout simplement les habits du contremaître, voire du barbouze ayant pour mission de faire régner l’ordre et la loi dans le monde du travail. Ainsi donc et conformément à cette logique, les articles de la constitution qui garantissent le droit de grève et l’activité syndicale sont suspendus jusqu’au prochain pacte social. Le temps apparemment -jugé suffisant- pour les réseaux de la prédation et de la mafia d’assurer la reconversion en paix des fortunes amassées dans les activités économiques dites « clean » ou propres. C’est que l’argent et notoirement l’argent sale en Algérie, y’en a qui en en détiennent à ne plus savoir quoi en faire. L’investir -on parle d’essorage- bien sur pour s’acheter respectabilité et le fructifier serait la meilleure des solutions, mais pour cela il faut mettre en place un climat propice et surtout neutraliser toute velléité au niveau du front ouvrier.
En 1994, le premier pacte social a permis surtout de faire passer la pilule amère du FMI et de son plan d’ajustement structurel. Une période qui s’est soldée par la fermeture de milliers d’entreprises locales, le licenciement de centaines de milliers de travailleurs, le blocage des salaires, la dévalorisation du dinar et partant la chute vertigineuse du pouvoir d’achat sur fond de violences inouïes attribuées aux « islamistes ». Si d’un côté, les travailleurs sont tenus en laisse par les dispositions de l’état d’urgence et ses lois d’exception qui interdisait tout mouvement de protestation, de l’autre côté, les barons du trafic, de la prédation, du racket, des sociétés écrans en particulier dans l’import-export, bref les réseaux mafieux avaient -ont toujours- les mains libres et faisaient main basse sur les richesse du pays et les revenus tirés de la rente pétrolière. Une situation qui rappelle les temps répugnants de l’accumulation primitive du capital dans les sociétés pré-capitalistes et le caractère violent et dégradant de son processus de déploiement.
La chasse aux syndicats autonomes
Dans la continuité du PES de 1994, celui qui vient d’être conclu n’en poursuit pas moins la guerre livrée à la société en général et au monde du travail de façon singulière depuis l’interruption en 1992 du processus d’ouverture démocratique. L’objectif recherché à terme est de permettre aux tenants de fortunes colossales amassées durant la « sale guerre » de s’assurer non seulement la préservation de leurs capitaux par une reconversion dans l’économie officielle mais également sa reproduction loin de toute menace sociale. Dans une économie où le taux de chômage bat son plein, même les brigands apparaîtront bientôt comme de divins bienfaiteurs. C’est que les positions de domination quand de surcroît elles ont été imposées dans le feu et le sang pourraient s’avérer fragiles si avec le temps elles ne sont pas transformées en hégémonie. D’où la mobilisation de l’Etat et de ses appareils de répression et de régulation (police, justice, administration, etc) pour faire taire les syndicats récalcitrants et conforter les bénéficiaires de la « sale guerre » à tous les niveaux : politique, économique et social. L’avenir est des plus sombres pour les syndicats autonomes ainsi que pour toutes les forces qui en Algérie luttent pour bousculer l’ordre établi et remettre en causes la domination des oligarchies militaires, bureaucratiques et civiles qui ont profité des années de violence pour s’introniser maître du pays.
Signes qui ne trompent pas sur les intentions du régime vis-à-vis du mouvement social est le fait qu’au moment où l’on pactisait dans la fratrie de la maison de l’obéissance et où on décidait de l’avenir de millions de travailleurs, les syndicats autonomes, à l’origine des mouvements sociaux qui ont marqué la scène syndicale, sont exclus de la négociation et leurs animateurs sont traînés devant la justice. Aujourd’hui, plus d’une centaine de syndicalistes sont aujourd’hui poursuivis par les tribunaux pour fait de grève, déconsidération d’une décision de justice et divers griefs qui criminalisent l’activité syndicale. Le dernier en date est Osmane Redouane, porte-parole du Conseil des lycées d’Alger (CLA), dont le procès a été reporté à la mi-octobre. Museler les porte-voix et les acteurs de la revendication sociale est devenu pour les autorités l’objectif prioritaire. Ce qui explique, comme le porte-parole du CLA « l’instauration d’un régime quasi naturel de recours à la procédure des référés pour suspendre les grèves et impliquer nominalement des responsables syndicaux alors que les grèves sont une décision votée collectivement ».
Les sanctions administratives touchent également des syndicalistes du CNES, du SATEF, du SNMTA, des Douanes, du SNAPAP, du port et de la marine marchande. Plusieurs militants du Cnapest sont sous contrôle judiciaire et sont obligés de se présenter au tribunal tous les quinze jours. Entre autres revendications des syndicats autonomes regroupés dans un Comité national des libertés syndicales (CNLS), un SMIG fixé au minimum à 30 000 DA, le payement du 13e mois en puisant dans la colossale cagnotte des œuvres sociales, en particulier pour les travailleurs de l’éducation où « des milliards sont dépensés chaque année » dans des prodigalités sans nom.
Un pacte factice pour verrouiller la société
En plus de l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire pour venir à bout des tensions sociales et étouffer les revendications des travailleurs, l’administration use aussi de divers subterfuges pour marginaliser les syndicats autonomes. Elle se sert notamment de l’article 35 de la loi 90-14 relative aux relations de travail pour empêcher la constitution de confédérations interprofessionnelles qui concurrencerait la centrale UGTA sous prétexte d’insuffisance de représentativité. Par ailleurs, la constitution légale de syndicats et de fédérations ou de confédérations syndicales est tributaire de la délivrance d’un récépissé d’enregistrement auprès de l’administration. Ce récépissé n’est jamais délivré ni pour les syndicats ni pour les journaux du reste en voie de création, car cela obligerait l’administration à répondre dans les trente (30) jours et à motiver un éventuel refus de légalisation de leurs activités puisque dans le cas contraire ils sont réputés légaux.
Cet accord factice entre le régime et ses fidèles relais sociaux, qui lui assurent régulièrement et de façon symbolique une grande marge de liberté d’action dans la formulation des choix et des politiques qui conviennent à sa survie, vient d’être remis en cause avant même son application par de nombreux secteurs autonomes de l’UGTA en plus de l’opposition déclarée des syndicats autonomes. Outre que le PES ne satisfait aucune des revendications légitimes des travailleurs, il prépare le gel des revendications syndicales et la disparition à terme des organisations syndicales autonomes. Bouteflika et ses parrains militaires veulent en réalité une société muette avec des partis muets, des syndicats muets et des citoyens muets. En un mot, le PES est, à l’instar des dispositifs de « parachèvement des institutions », la « charte pour la paix et la réconciliation nationale », la négation même des libertés et du droit. Mais dans le même temps une énième fuite en avant qui ne fera qu’approfondir la crise algérienne et exacerber les tensions à tous les niveaux. Et jamais la répression quelque soit la forme qu’elle puisse épouser ne pourrait venir à bout des aspirations des Algériens à vivre libres et en démocratie. Encore moins empêcher les jonctions entre les forces politiques, syndicales et les mouvements citoyens qui luttent pour la réalisation de cet objectif.
Messages
1. > Maghreb : La presse baillonnée, 26 novembre 2006, 18:24
Et dire que l’impérialisme américain est responsable de tout ça !
2. > Maghreb : La presse baillonnée, 26 novembre 2006, 21:47
Nadie
Bonsoir, ici : la France libre encore un peu ?, une citoyenne tente, quand le temps libre est suffisant, de lire toutes sortes de revues de presse d’un monde dit global où sans cessse les Droits humains sont attaqués.
Lecture de journaux et journalistes courageux
ELWATAN —Arezki Aït Larbi récupère son passeport—jeudi 23 novembre 2006-—Arezki Aït Larbi, journaliste et correspondant à Alger du quotidien français, Le Figaro, a récupéré son passeport bloqué depuis le mois de mai 2006. « Les autorités viennent de me remettre, aujourd’hui à 14h30, mon passeport », a indiqué le journaliste dans un communiqué rendu public hier.La récupération du dit document ne constitue, selon Arezki Aït Larbi, qu’une réparation partielle d’une injustice dont il a été victime. Notre confrère demeure, en effet, menacé d’emprisonnement d’autant que la condamnation par défaut à six mois de prison ferme et le mandat d’arrêt, prononcés à son encontre en 1997 pour « diffamation » n’ont pas été levés....etc..........
SOIR et MATIN enseignement technique supprimé dans les lycées ? etc...
Les journaux algériens ont cessé d’être harcelés par la justice, mais restent confrontés à l’opacité d’un système politique qui n’a pas évolué.
« L’ÉPOQUE » a cessé de paraître. Inspiré du Canard enchaîné, le journal a mis la clé sous le paillasson faute d’annonceurs privés. Le marché publicitaire est pourtant florissant, grâce au boom économique généré par un pétrole à 60 dollars le baril. ...etc...
Liberté, a été repris en main. Le conseiller en communication du groupe industriel auquel il appartient n’est autre que le colonel H Z, un ex-haut responsable des services spéciaux. Lorsqu’il oeuvrait au Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le bras politique de l’armée, ce gradé aux faux airs de Groucho Marx avait en charge la surveillance des médias...etc...
Encore une fois, le secrétaire général du Conseil des lycées d’Alger était hier déféré devant le tribunal pénal pour incitation à la grève, obstruction et non-respect des décisions de la justice. Le juge du tribunal de Baïnem a encore une fois décidé du report du procès au 25 décembre prochain. Des syndicalistes du Cnes, du Cnapest, des militants du MDS et des militants des droits de l’homme sont venus soutenir le numéro un du CLA....etc...
1. > Maghreb : La presse baillonnée, 28 novembre 2006, 18:09
Pour ce qui est de liberté, le plus important ce n’est pas Hadj zoubir, mais celui placé dans ce journal comme directeur de la rédaction, à savoir Mounir B(boudjemaa) un élémenrt actif et nuisible de Toufik(général).
Madjid Laribi