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Maison à 15 euros : crédit sur démesure !

Publie le jeudi 12 juin 2008 par Open-Publishing
4 commentaires

Lancé par le gouvernement en avril, suite à l’échec des maisons à 100 000 euros, le pavillon à 15 euros par jour est vendu sans le terrain qui le porte, ce qui n’est pas sans risque à long terme.

La formule est d’une simplicité séduisante. Pour 15 euros par jour, devenez propriétaire d’une maison de 85 à 100 m2. Présenté mi-avril par la ministre du Logement Christine Boutin, le dispositif vise à favoriser l’accession des familles modestes à la propriété. Il est ouvert à tous ceux qui ne sont pas déjà propriétaires, qui ont deux enfants et dont les revenus ne dépassent pas certains plafonds (voir ci-dessous). Les candidats à l’accession sont éligibles au prêt à taux zéro et à l’allocation pour le logement. Avec en plus un prêt standard à 5 % (sans les assurances) sur 20 ou 25 ans, plus une aide de quelques milliers d’euros de la commune ou d’une autre collectivité locale, la somme à rembourser doit avoisiner les 15 euros par jour. C’est du moins ce que montrent les simulations du Pass-Foncier, un guichet spécialement mis en place par l’État et le 1 % logement pour cette opération. Tentant ? Pas forcément, pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, la maison à 15 euros par jour est vendue sans le terrain sur lequel elle est construite. Inspirée du droit rural, cette séparation des deux propriétés a déjà été expérimentée pour aider des jeunes ménages à acheter leur logement dans des communes touristiques où les résidences secondaires font monter les prix. Dans le cadre de la maison à 15 euros, c’est le 1 % logement qui se porte acquéreur du sol.

Bien entendu, les ménages qui le souhaitent pourront acheter leur terrain, une fois qu’ils auront fini de payer leur maison. Au bout de 25 ans, ils commenceront donc à rembourser sur 15 ans un autre prêt, d’un montant de 40 000 ou 50 000 euros. Quinze euros par jour, oui, mais pendant 40 ans.

Les faits sont têtus. Une maison pour quatre personnes coûte aujourd’hui 150 000 à 200 000 euros. Le Pass-Foncier ne s’affranchit de cette réalité qu’au prix d’un allongement dangereux des délais de remboursement de l’ensemble formé par la maison et le terrain. Personne ne sera obligé d’acheter ce dernier, certes, mais ceux qui voudront revendre leur maison dans de bonnes conditions devront le faire. C’est alors qu’ils découvriront son véritable prix. Ils risquent fort de trouver l’addition douloureuse.

Le foncier pose une autre difficulté. Comme les moyens du 1 % logement ne sont pas inépuisables, l’idéal serait que les municipalités lui offrent des parcelles, estime le gouvernement. « C’est même une condition essentielle du succès du programme », soutient Brigitte Barrèges, maire de Montauban (82), et présidente de l’Association française pour l’accession populaire à la propriété (Afap). Malheureusement, les villes où la crise du logement sévit manquent par définition de foncier. Inversement, celles qui pourraient offrir des terrains pour des maisons à 15 euros par jour sont des communes rurales sans réel besoin en logements ! Voilà qui fait fâcheusement penser au distrait qui cherche ses clés la nuit sous un réverbère, bien qu’il les ait perdues ailleurs, parce que c’est le seul endroit où il y a de la lumière...

Les plafonds de revenus pour la maison à 15 euros par jour

Zone A Zones B et C

1 personne dans le foyer 27 638 euros 23 688 euros
2 personnes dans le foyer 35 525 euros 31 588 euros
3 personnes dans le foyer 40 488 euros 36 538 euros
4 personnes dans le foyer 44 425 euros 40 488 euros
5 personnes et plus dans le foyer 48 363 euros 44 425 euros

Zone A : grande agglomération parisienne, Côte d’Azur et Genevois français.
Zone B : Île-de-France hors zone A, agglomérations de plus de 50 000 habitants, quelques secteurs littoraux ou frontaliers.
Zone C : le reste du territoire.

Erwan Seznec (que choisir)

Messages

  • C’est de la même eau que les prêts US,vous savez les subprimes ?

    Comme ça marche pas trés fort c’est qu’il y a méfiance des plus modeste et aussi poches vides !

    JCG

  • Réflexion à compléter en regard de la situation espagnole où des prêts à 50 ans se font et font peser un risque individuel énorme et un risque systémique dément.

    Ces prêts déments .... qui fragilisent les plus pauvres et les ruinent fatalement.

    L’effroyable conséquence....
    qui fait exploser le chôamge...

    Sur un an le chômage dans le BTP espagnol, qui était un des moteurs de croissance de l’économie espagnole, a explosé de + de 60%....,

    250 000 chômeurs en plus en 3 mois....en Espagne .

    La question de l’insuffisance des salaires combinée à la tentation de prêts intenables par leurs taux et leurs durées ne concerne pas que les USA ou les banques mondiales qui ont goinfré du subprime !

    En France, l’explosion des prix, l’insuffisance des salaires caillassée par le gouvernement et un patronat avide, comme ailleurs en Europe font peser de mêmes risques pour les couches populaires de l’UE, les mêmes risques de crise économique.

    Soyons vigilants comme le travail précis et exhaustif de cette association.

    • l’idéal serait que les municipalités lui offrent des parcelles, estime le gouvernement. « C’est même une condition essentielle du succès du programme »,

      Comme par hasard le gouvernement charge la mule parce qu’il y a plus de mairies de gauche que de droite ! Reste à ces mairies de ne rien cacher aux citoyens, et de leur expliquer comment l’état ump s’emploie à leur balancer régulièrement des coups foireux !

      Et Neuilly, il fait quoi lui pour ces maisons ?

      Quant à l’Espagne, elle a été dopée artificiellement par les aides de Bruxelles pour rattraper le niveau, misant tout sur le BTP, avec un pays complètement défiguré, supprimant les traces du passé, et c’est l’heure de vérité aujourd’hui, elle s’enfonce inexorablement dans la crise. C’est le passif d’Aznar le droitiste. C’est pour cela que Zapatero met le paquet sur l’école, pour que les espagnols puissent rebondir en trouvant de nouveaux débouchés. Ils nous étonneront eux ! En Irlande, c’est la même histoire, leur économie florissante, soutenue artificiellement par les aides de l’Europe, commence à montrer des signes de faiblesses, sans doute parce que Bruxelles pensant que le oui l’emporte, a déjà commencé ses méfaits de restrictions, de taxes qui arrivent petit à petit ?!

  • Mieux vaut être locataire que propriétaire et, sans ce montage qui dissocie l’achat de la maison de l’acquisition du terrain, un tel prix pour une maison d’au moins 85 mètres carrés sur un terrain de 250 mètres carrés n’aurait pas pu être atteint. Mais la cible visée (des ménages gagnant 1 500 à 2 000 euros net mensuels)-le gouvernement souhaite désengorger les HLM-n’est-elle pas trop modeste ? L’engagement n’est pas minime : 15 euros par jour, c’est 450 euros de mensualité de remboursement par mois. Mais la mensualité n’est pas fixe : le projet bâti avec les Caisses d’épargne repose sur un crédit (5 % maximum) à taux variable. Si les taux d’intérêt venaient à grimper, comme cela a été le cas dernièrement, les acquéreurs pourraient supporter des variations de taux de 3 %, soit des hausses de mensualité de 30 %. A la durée de remboursement de la maison (dix-huit à vingt-cinq ans) s’ajoute également celle du terrain (dix à quinze ans), sachant que le prix de ce dernier sera revalorisé de 1,5 % par an. Mieux vaut ne pas divorcer ou perdre son emploi !