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Manifestations géantes en Israël pour des changements sociaux

par TEL AVIV

Publie le dimanche 4 septembre 2011 par TEL AVIV - Open-Publishing
6 commentaires

par Ari Rabinovitch

Des centaines de milliers d’Israéliens ont défilé samedi soir dans différentes villes du pays pour réclamer une baisse du coût de la vie ainsi que des changements sociaux, gagnant leur pari d’une forte mobilisation pour faire pression sur le gouvernement de Benjamin Netanyahu.

Cette plus grande manifestation dans l’histoire d’Israël a rassemblé plus de 450.000 personnes selon les organisateurs, au moins 300.000 d’après la police, un chiffre à rapporter aux 7,7 millions d’habitants que compte l’Etat juif.

Cette pression publique, qui a d’abord été le fait de groupes d’étudiants installés sous des tentes, a augmenté spectaculairement depuis juillet pour devenir une mobilisation de classes moyennes à l’échelle du pays.

"Toute une génération veut un avenir", proclamait une banderole brandie à Tel Aviv. Des manifestants sont aussi descendus dans les rues de Haïfa ou de Jérusalem. Certains criaient "le peuple exige la justice sociale".

"Ce soir, c’est le moment culminant d’une protestation historique", a déclaré Amir Rochman, 30 ans, militant du parti israélien des Verts.

Les promoteurs de la manifestation avaient qualifié ce samedi de "moment de vérité".

"LÀ POUR DURER"

Même si la participation n’a pas atteint le million de personnes un moment espéré, les commentateurs estiment que le mouvement marquera l’histoire d’Israël en propulsant les questions économiques au coeur de la politique israélienne, longtemps dominée par les questions de sécurité et de diplomatie. Les réseaux sociaux ont également joué un rôle dans la mobilisation, inspirée en partie par le printemps arabe.

"Ce soir, la société va se diviser entre un ancien type d’Israélien qui se contente d’accepter les choses comme elles sont et un nouveau type qui va se joindre à nous pour insister en faveur du changement", a dit un dirigeant du mouvement, Itzik Shmuli, responsable du syndical national des étudiants.

Bien que le pays connaisse un faible taux de chômage (5,5%) et un taux de croissance élevé, les disparités salariales inspirent des frustrations à beaucoup d’Israéliens. Une forte proportion de manifestants viennent des classes moyennes, qui supportent un lourd fardeau fiscal.

Face à des manifestations hebdomadaires, Benjamin Netanyahu a mis sur pied un comité d’experts qui étudie une révision de la politique économique. Le gouvernement a également annoncé des réformes en matière de logement et de consommation.

Le Premier ministre a cependant averti qu’il ne serait pas en mesure de satisfaire aux revendications de tous les manifestants, qui vont des réductions fiscales au développement de l’enseignement gratuit en passant par une augmentation des budgets affectés au logement.

"Des priorités doivent être fixées, une chose se fait aux dépens d’une autre", a déclaré samedi Roni Sofer, porte-parole du Premier ministre, sur Radio Israël. Il a souligné que le gouvernement ne saborderait pas son budget.

Les organisateurs du mouvement ont annoncé une pause dans les manifestations au cours des prochaines semaines afin de donner au comité d’experts le temps de livrer ses conclusions, mais Itzik Shmuli, le dirigeant étudiant, a assuré lors du rassemblement de samedi que le mouvement était "là pour durer".

Même si le gouvernement de coalition ne semble pas immédiatement menacé, ces manifestations soulignent l’impact électoral potentiel d’une classe moyenne rassemblée sous la bannière de la justice sociale.

Philippe Bas-Rabérin et Jean-Stéphane Brosse pour le service français

http://www.lepoint.fr/fil-info-reuters/manifestations-geantes-en-israel-pour-des-changements-sociaux-04-09-2011-1369677_240.php

Messages

  • Enfin, la gauche israélienne se réveille !

    L’information vient de l’organe bourgeois Le Point...conséquence = L’article insiste sur les "classes moyennes" et oublie les classes populaires ...si la vie est trop chère pour les "classes moyennes", comment est-elle pour les catégories populaires ?

    • c’est peut-être justement que ces "classes moyennes" excluent délibérément les classes populaires ?

      Ce mouvement dit des "indignés" se dit là aussi "apolitique", de peur d’apparaitre comme un mouvement de "gauche", et pour le cas d’Israël, de rompre le consensus sioniste

      Il est remarquable que dans aucune revendication, le coût de la guerre et de l’occupation ne soient pas mis en avant

      Il est surtout remarquable que ce mouvement laisse largement à l’écart les Arabes

    • Le mouvement dépasse de très loin les limites de la gauche israelienne et c’est ce qui fait toutes ses contradictions mais aussi son caractère géant. Mais surtout elle est fondamentalement de classe, et de plus en plus.

      La farce sur les classes moyennes propagée par les droites vaut par rapport aux colons venues du reste du monde et que le gouvernement gave de largesses et de colonies sur les terres palestiniennes, colons considérés comme pauvres...

      Le chômage a atteint le plus bas en une trentaine d’années, les taux de croissance économiques pètent le feu, mais cet état est franchement une caricature des états capitalistes du monde, paranoïa sécuritaire, concentration corruptrice démente des richesses, spéculation immobilière délirante, dirigeants politiques jouant de l’état de guerre permanent pour contraindre une population et lui faire accepter n’importe quoi, construction d’une haine deviseuse et prédatrice contre les palestiniens .

      Le n’importe quoi a maintenant dépassé les bornes et la concentration des richesses ressemble bien plus à une muburakisation, une benalisade, une assadisation, avec les mêmes énormes budgets pour les forces de répression .

      Une étude de la Banque d’Israël, dix-huit familles et quelques individus contrôlent à eux seuls des sociétés générant la moitié du PIB d’Israël.

      Quelques familles riches bouffent presque tout, ce qui reste est dévoré par le cout de la colonisation et l’armée. Le ministère de la défense engloutit 20% du budget de l’état.

      Une enquête de l’UBS a indiqué que le cout de la vie n’est que de 10% inférieur au cout de la vie à New York alors que les salaires sont bien plus bas.

      Les loyers ont augmenté de 50% et les salaires de 17% en 5 ans. Et en un an les loyer de 32% à Tel Aviv, de 17% à Jérusalem, un plein délire, maltraitant les plus pauvres dont les 20% de palestiniens israeliens.

      Un certain nombre de manifestants emploient le terme de "vache sacrée" en parlant de l’armée.

      La bataille pour la justice sociale est au centre premier de cette société travaillée par les contradictions et en rébellion.

      Ce mouvement côtoie le pire et le meilleur, des fachos qui ont attaqué la tente 1948 pour arracher le drapeau palestinien, jusqu’à des foules applaudissant une palestinienne voilée rejoignant un cortège ou des tentes mêlant arabes et juifs.

      Ce mouvement a explosé le 14 juillet et une fausse guillotine est apparue brièvement pour donner le ton de l’exaspération.

      C’est une des premières fois depuis longtemps où l’insécurité sociale se met à concurrencer le climat d’insécurité physique créé par la logique de guerre permanente contre les Palestiniens.

      Pour autant le nationalisme et le retour au sionisme social des origines marque profondément ce mouvement, et la bataille pour sortir d’une logique de guerre et d’annexion, de vol des terres palestiniennes et ’humiliation du peuple palestinien demeure une des questions importantes de ce mouvement qui continue de se développer.

      Ce mouvement est également dans le champ des révolutions du monde dit arabo-musulman, où on sent un souffle profond avec bien des contradictions mais qui ouvre une nouvelle période.

      Les futurs sont ré-ouverts, pour le meilleur comme pour le pire. Ce qui est sur c’est que les masses les plus larges ont là dans le viseur pour une fois autre chose que des palestiniens, elles ont dans le viseur l’ultra-libéralisme et la clique concentrée de la grande bourgeoisie.

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    Palestine occupée - 4 septembre 2011
    Voix de Tel Aviv, voix d’al-Araqib

    Par Abdel Hakim Mufid

    Abdel Hakim Mufid est écrivain et journaliste à Sawt al-Haqq, Palestine 48.

    28 août 2011 - Les conflits exacerbés nous permettent de temps à autre de prendre connaissance des différents points de vue, pour les comprendre et les expliquer. En général, l’idéologie n’est qu’un outil pour comprendre et expliquer la réalité, et prendre position vis-à-vis de cette réalité. Les tentes dernièrement dressées dans l’avenue Rothschild à Tel Aviv, relatives à la crise du logement et d’autres questions sociales, nous ont permis de prendre connaissance de certaines explications fournies par ces idéologies.

    Voix de Tel Aviv, voix d’al-Araqib

    Hakma al-Turi devant sa maison détruite pour la énième fois à Al-Araqib, mars 2011
    Il est incontestable que l’institution israélienne a brillamment réussi à élaborer une idéologie a-historique et hors du parcours humain, et a brillamment réussi à généraliser une idéologie spécialement consacrée aux juifs, et par les juifs, leur accordant une vision et des explications spécifiques à leur situation et leur statut, et leur a permis de consolider et d’approfondir, dans le cadre de ce parcours, ce concept de peuple choisi par Dieu, ce parcours qui a associé le concept théologique religieux à une base idéologique nationaliste, en associant de manière stupéfiante la religion en tant qu’idéologie formulée pour les juifs hors d’un contexte humain, où ne s’appliquent pas sur eux les lois humaines ordinaires, au sionisme en tant qu’idée terrestre qui s’est réalisée dans le contexte de « la promesse divine » sur terre.

    Il est possible de prétendre par exemple que « la bourgeoisie juive » a réussi à égarer le « prolétariat juif » en le faisant participer à une bataille nationale pour s’assurer de sa domination et de sa suprématie. C’est ainsi que nous pouvons réduire toutes les formes de luttes depuis la Nakba, et même avant. Une alliance entre la bourgeoisie et les détenteurs d’intérêts, les riches et les capitalistes, face aux travailleurs et les classes opprimées, et ainsi, se perdent les différences nationales, la lutte sociale et la lutte de classes étant l’essentiel, alors que les autres conflits demeurent marginaux, mais peuvent être utilisés et engagés pour égarer et détourner les regards du conflit réel, qui est la lutte de classes.

    Ceux qui ont adopté cette explication pour aborder ce qui se déroule à Tel Aviv vivent dans un passé très lointain. Pour eux, une explication classique de la réalité des conflits se déroulant dans les sociétés humaines, conflits nationaux, conflits culturels et ethniques, et même des conflits à caractère religieux, des conflits de civilisation dans leur ensemble, tout cela devient extrêmement marginal au profit au conflit central, qui est le conflit de classes. A un moment où même les marxistes n’acceptent plus d’expliquer ainsi les conflits internes aux sociétés ou entre celles-ci, certains insistent pour le faire et ont essayé d’expliquer les protestations de Tel Aviv sur ce mode, en vue de susciter un état d’affinité entre Tel Aviv et al-‘Araqib, car il n’y avait aucun moyen de convaincre les Arabes de la nécessité de rejoindre les tentes de Rothschild sauf en neutralisant les autres conflits au profit du conflit de classes, le conflit avec le capital, avec les 18 familles gouvernant Israël, la mondialisation, la privatisation, tout cela dans un seul sac, bien mélangés, où l’on ne puisse retrouver aucune différence entre les victimes.

    Les gens comme nous ne sont pas les victimes de la politique du marché, de la privatisation, du capital et de la mondialisation, dans son ensemble, mais nous sommes, au départ, les victimes d’une situation politique, et en ce sens, nous nous distinguons fondamentalement des tentes de la classe moyenne à Tel Aviv, et même de ses victimes dans les quartiers pauvres, aux périphéries des villes du centre, Kafarshalim, Jassi Cohen, à Holon, et les quartiers Hatikva, Katmounim dans al-Qods, et le quartier D dans Beer Saba’ ; ceux-là même, qui sont les victimes de la classe moyenne qui manifeste à Tel Aviv, ceux-là sont décidés à marquer leurs différences entre eux et les habitants des tentes de Rothschild. Pourquoi nous demande-t-on à nous, de les supprimer ?

    Photo
    "Révolte des Tentes", Boulevard Rotschild à Tel Aviv, août 2011

    Le printemps de « Tell Rabi’ » (le village palestinien sur lequel est construit Tel Aviv) est notre automne.

    Malgré tout ce qui s’est dit sur le fait d’introduire les revendications des Arabes dans la liste de celles présentées au gouvernement, par les protestataires, cela peut être vrai et ce n’est pas mal, le problème ne réside pas là. Le problème et le différend concernent le fondement, la nature des revendications, la voix qui émane de Tel Aviv, des tentes de l’avenue Rothschild est une voix autre, elle ne peut être la même que celle qui émane d’al-‘Araqib, et lorsque nous disons cela, il ne s’agit pas d’un « repli nationaliste », et il n’y a là aucun chauvinisme, c’est une vérité objective, nous ne pouvons effacer les différences entre les deux voix rien qu’en prétendant que cela ne fera « qu’isoler les Arabes » et les pousser au repli. La voix de Tel Aviv n’est pas dirigée contre le département des terres, ni contre les patrouilles de la destruction, ni contre la confiscation des terres, ni contre les zones d’utilité, ni contre la judaïsation, et c’est précisément le contenu de la voix d’Al-Araqib. Et si nous voulons poursuivre notre chemin dans l’avenue Rothschild, non loin de là, à peu près à la fin de la rue du côté sud, en y allant à pied, chacun peut voir, à l’œil nu, sur le terrain, d’autres réalités d’une ville qui s’appelle Yafa, un quartier qui s’appelle Al-Ajami, les maisons qui se construisent dans ce quartier après avoir été entièrement détruit. Les habitants des tentes demandent la baisse des prix des maisons construites dans le quartier Al-Ajami, à la place des maisons arabes qui ont été supprimées. Comment peut-il y avoir une seule voix ?

    Contrairement à la demande de « profiter de l’occasion » que réclament les autres, ce moment est important pour affirmer la différence, car on ne peut créer une affinité entre la voix de Tel Aviv et la voix d’al-Araqib, sauf au détriment de la « voix d’al-Araqib ». Et le fait que les protestataires « aient accepté » d’intégrer les revendications telles que la reconnaissance des villages non reconnus dans le document présenté au gouvernement israélien, n’est pas une alternative à la lutte populaire et ne supprime ni les frontières ni les différences.

    La question importante que l’on se pose quant à la tentative de rapprocher et de joindre Tel Aviv et al-Araqib, est de savoir au profit de qui les différences sont-elles supprimées ? Le fait d’affirmer ces différences entre Tel Aviv et al-Araqib ne fait pas des Arabes des chauvins, ni des « nationalistes ridicules » mais rend les choses plus claires.

    Lorsque nous demandons que les différences soient marquées, où certains ne voient qu’un moyen de « repousser » ou de « repli sur soi », nous voulons par là, au contraire, confirmer la scène de la rencontre et de l’éloignement, entre les deux parties, c’est-à-dire ce qui est commun et ce qui est différent entre al-Araqib et entre Tel Aviv.

    A présent, et lors de ces événements, plus particulièrement, il est nécessaire de montrer les limites, les différences et ce qui est commun, car le problème ne gît pas seulement dans ce qui est commun, mais dans les bases mêmes. La différence entre les bases de Tel Aviv et al-Araqib n’est non seulement très vaste, mais elle est fondamentale, c’est la différence que certains essaient de supprimer ou de ne pas prendre en considération, rien qu’en menant une division « de classes », les riches contre les pauvres, le capitale contre le prolétariat.

    Mais pourquoi nous est-il toujours demandé à nous de nous rapprocher de l’autre ? Pourquoi est-ce nous seulement qu’on accuse de « repli sur soi » si nous n’allons pas à Tel Aviv, et si nous n’élevons pas notre voix à Haïfa ? Pourquoi ce sentiment que certains insistent à considérer comme un « complexe » et qu’on nous demande de résoudre, pour prouver notre bonne volonté ? Pourquoi n’avons-nous pas trouvé, tout au long de 63 ans, une voix de Tel Aviv qui dirige contre elle-même cette accusation ?

    La confirmation de la différence entre Tel Aviv et al-Araqib est extrêmement importante, nous ne pouvons la supprimer par un discours qui traite de manière égale la victime et le bourreau, disant que nous sommes tous victimes de la même politique et des mêmes politiciens, le capital et l’extrême droite. Pourquoi certains veulent-ils nous coincer auprès de ce mur pour que la lutte ait un sens ?

    Mais malheureusement, nous ne sommes pas les victimes de la même politique, le capital et l’extrême-droite, nous sommes également victimes de la classe moyenne et de la classe ouvrière israéliennes, peu importe qu’ils soient eux-mêmes victimes du capitalisme qui les a fourvoyés. Nous sommes également les victimes de la classe moyenne qui vote pour la gauche israélienne, la droite israélienne et le centre. Nous sommes les victimes de Meretz avant d’être les victimes de la droite, et savez-vous pourquoi ? Parce que la voix de la droite est très clairement contre nous, quant à celle de Meretz, de la « gauche » et des classes moyennes de Tel Aviv est une voix qui se veut « supérieure », qui ne souhaite pas que nous soyons à ses côtés, précisément comme la voix de la Paix Maintenant, qui refuse qu’il y ait des Arabes dans ses rangs.

    Tout ceci n’empêche pas cependant qu’il y ait des actions communes ciblées, avec des parties qui affirment être antisionistes. Il est extrêmement important de comprendre la voix émanant de Tel Aviv, que nous comprenions ses motivations et ses limites. Il ne s’agit pas pour nous d’un fait sans importance, cette voix et ses revendications sont claires, elle réclame l’amélioration du niveau de vie, et nous, nous demandons la vie. Il n’est peut-être pas compréhensible que des gens réclament, en ce siècle, le droit de construire leurs maisons sur leur terre ! Ce genre de choses a fait rire beaucoup d’Européens qui ont visité les villages non-reconnus.

    Al-Araqib est en train d’être détruit alors qu’à quelques mètres de là, se trouvent les maisons vides de la ville de Beer Saba’. Dans Al Araqib, les villageois sont interdits de construire leurs maisons, et leurs tentes ont été détruites à plusieurs reprises, et à Beer Saba’, les gens quittent la ville pour se rendre à Tel Aviv après que leur vie y soit devenue difficile. Des maisons qui se vident, alors qu’elles sont proposées à des conditions alléchantes, au niveau des prêts au logement et des taxes.

    Il en est de même en Galilée. Au cours des dernières années, le projet de judaïsation s’est poursuivi dans la Galilée et al-Naqab. Dans les colonies également, les conditions furent très alléchantes, des centaines et même de milliers de familles avaient déménagé pour y habiter ces dix dernières années. Là aussi elles ont considéré qu’il était plus avantageux de revenir vers le centre après que leur vie soit devenue difficile là-bas. Des milliers de familles revenues du Naqab, de la Galilée et des colonies ont aidé à aggraver la crise du logement à Tel Aviv et dans le centre. C’est une des causes de la crise, et la voix de ceux-là ne peut être celle de la population d’al-Araqib.

    Source : Sawt al-Haq

    Traduction : Rim al-Khatib

  • Plus qu’ailleurs peut-être, en raison du martyre de la Palestine occupée , ce mouvement mérite qu’on chausse des lunettes dialectiques..

    Tel aviv ne réunit ni de façon "trans-classes" de simples contestataires d’austérité se méfiant comme de la peste des"rouges".., ce n’est pas non plus une remise en cause directe de ce que coûte te a peuple israélien , la politique criminelle de ses gouvernements successifs.

    Cet article me semble intéressant

    http://www.communisme-ouvrier.info/spip.php?article532

    extraits

    Sur la présence active des combattants qui rejettent l’ideé encore majoritaire hélas que la "sécurité "d’ISRAEL autorise la terreur de Tsahal en Palestine occupée et la répression policière contre les défenseurs du peuple palestinien

    l y a, en Israël, de nombreux mouvements et campagnes que l’on pourrait qualifier de progressistes, des mouvements de femmes, des mouvements contre le racisme, contre le militarisme, pour les droits des homosexuels face aux religieux, pour la paix contre l’occupation, ainsi que des petits groupes d’extrême-gauche anarchistes ou trotskistes. Le Parti Communiste d’Israël n’est probablement pas le parti révolutionnaire qui pourrait permettre à la classe ouvrière de faire la révolution et de prendre le pouvoir. Par contre, c’est le seul parti qui n’est ni sioniste ni nationaliste arabe, et il organise des militantes et des militants, juifs et arabes, qui luttent en direction de la classe ouvrière, combattent le racisme et l’occupation en Palestine, pour les droits des femmes ou les droits des homosexuels, etc. Dans le mouvement actuel, les militants du Parti Communiste sont très actifs, on le voit aux drapeaux rouges dans les manifestations, ils organisent certains des campements en particulier dans les villes et villages arabes du nord,

    plus loin le militant insiste :

    Question

    Ce mouvement ne permet-il pas de remettre en cause l’idée d’un Israël monolithique et homogène, avec une population qui serait soudée autour d’un projet national sioniste, colonialiste, relais de l’impérialisme américain, comme certains s’appliquent à le dépeindre ? Le pays n’est-il pas tout autant, sinon davantage, traversé de contradictions liées davantage à la lutte des classes comme pour tout autre pays ?

    Je pense que je vais t’étonner et étonner des lecteurs, mais à mon avis le « projet sioniste » est bel bien mort et enterré en Israël. Bien sûr, à part le Parti Communiste, les nationalistes arabes, les islamistes et quelques ultra-orthodoxes de Méa Shéarim, tous les partis se réclament du sionisme, mais ça me semble être un résidu idéologique, un peu comme le pan-arabisme en Syrie. En tout cas, il n’y a plus de « projet sioniste », les nouveaux arrivants en Israël, qui viennent de l’ex-URSS, sont plus des immigrés économiques que des pionniers sionistes, les kibboutz sont devenus des entreprises capitalistes comme les autres, et même en ce qui concerne les territoires occupés en Palestine, la quasi-totalité de la population et même des politiciens, savent que tôt ou tard ils devront les quitter. Cela ne signifie pas, bien sûr, la fin de l’occupation dans un futur proche, les gouvernements successifs ne savent pas comment quitter les territoires palestiniens, mais le projet d’annexion pure et simple de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza, du « Grand Israël » de la mer à la rivière (le Jourdain) n’est plus à l’ordre du jour, sauf pour quelques fanatiques nationalistes. Lors des dernières guerres menées par Israël, comme au Liban en 2006 ou dans la Bande de Gaza en 2008, le discours du gouvernement se basait non pas sur un projet sioniste, mais uniquement sur la « sécurité ». Il n’y a donc plus, à mon avis de « projet sioniste », en tout cas de projet sioniste capable de mobiliser la population, et même au-delà je dirais que la bourgeoisie israélienne, comme la bourgeoisie de bien des pays du monde, n’a même plus de projet mobilisateur du tout, elle se contente de gérer pour défendre ses intérêts au jour le jour.

    Des décennies de conflits, par contre, ont longtemps permis à la bourgeoisie israélienne d’imposer une union sacrée autour de ses intérêts. Je t’avais parlé, lors d’un précédent entretien, comment lors d’une menace de grève à l’aéroport Ben Gourion, le patronat avait hurlé qu’une telle grève serait « pire que le Hezbollah ». Les politiques nationalistes et guerrières, où que ce soit dans le monde, ont toujours comme but et conséquence d’enchainer la classe ouvrière à la bourgeoisie, du moins jusqu’au jour où cela craque.

    L’État d’Israël est à mon sens un État bourgeois comme un autre, et cela n’a rien de sioniste ou de pro-israélien que de dire ça pour un communiste qui vise à la destruction de tous les États bourgeois et du système capitaliste à l’échelle mondiale. L’occupation de la Palestine ou les bombardements sur le Liban ou la Bande de Gaza, sont bien entendu barbares et inhumains, tout comme l’est la politique de la France en Afrique, des États-Unis en Irak, de la Russie dans le Caucase, les interventions militaires de l’Iran et de la Turquie au Kurdistan, etc

    . Mais toutes ces guerres et interventions militaires, si elles sont payées par le sang et les morts dans les pays où elles ont lieu, sont aussi payés par la classe ouvrière des pays qui interviennent. Quel est le prix en dollars de l’occupation de l’Irak pour les États-Unis et combien d’écoles, de logements sociaux, de programmes de santé ou autres politiques sociales auraient pu être financées avec cet argent ? Même chose en Israël, où la population subit à la fois la recherche du profit maximum par la bourgeoisie et doit en plus supporter le coût de l’occupation et du militarisme, au détriment de services utiles pour la population.

    Pour Israël, les nationalistes des deux bords ont toujours cherché à nier ou à masquer les conflits de classes. Mais comme je l’indiquais avec quelques chiffres au début de l’interview, Israël est loin d’être une terre promise pour les ouvriers, qu’ils soient juifs ou non. Le mouvement massif auquel nous assistons permet de rappeler au monde que ce pays du Proche-Orient est bien un pays comme un autre, avec une classe ouvrière, des pauvres, bref des gens qui souffrent de l’exploitation capitaliste et des politiques bourgeoises, et qui sont capables, comme tous les prolétaires sur cette terre, de se révolter

    . Le soulèvement de 2009 en Iran a mis fin à cette idée répandue en Occident d’un peuple iranien fanatisé par la religion et uni derrière les mollahs, les révolutions en Égypte et en Tunisie ont définitivement balayé l’image de populations arabes soumises aux dictatures, et de la même façon, le mouvement actuel en Israël met fin à l’image d’un gouvernement israélien représentatif de la population du pays. En gros, les préjugés contre telle ou telle population, les délires réactionnaires sur le prétendu « choc des civilisations », tout cela vole en éclat dans les faits, montrant aux quatre coins du monde, face aux bourgeoisie, des exploités qui se révoltent et luttent pour le pain et la liberté, pour un avenir meilleur. Les révoltés d’Israël s’inspirent de ceux d’Égypte, et à n’en pas douter, les protestations en Israël auront aussi un impact et une influence sur les prolétaires palestiniens… quelle meilleure illustration de la nécessité d’une politique internationaliste, de cette phrase de conclusion du « Manifeste Communiste » de Karl Marx et d’Engels, « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous » !

    (entretien réalisé par Stéphane Julien)

    Là aussi, comme ailleurs et sans qu’on puisse tout comparer, l’essentiel c’est que la Crise du Capital provoque indignation, révolte, manifestations dans une situation mouvante, en entrainant sur la planète des millions d’Hommes et de femmes.

    Alors que les contradictions inter capitalistes dans la crise systémique impose au K..d’obtenir non pas le consensus enthousiaste..mais au moins la résignation , le fatalisme.

    ..là, nous sommes au moment du "rien n’est joué"

    Même s’il campe à Tel Aviv contre son gouvernement tout en étant solidaire de la répression à Gaza, le manifestant lambda du "ni droite ni gauche"... objectivement, aide l’émancipation , donc les ....palestiniens..

    A.C