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Maroc : Communiqué des salariés du Journal Hebdomadaire
Publie le samedi 6 février 2010 par Open-PublishingMaroc : Communiqué des salariés du Journal Hebdomadaire
Casablanca, le 3 février 2010
Nous, salariés de la société Trimedia, société éditrice du Journal hebdomadaire,
Tenons à préciser quelques points concernant la décision de justice prise à l’encontre de Trimedia, dont la conséquence a été la perte de nos emplois :
Nous protestons contre la mise sous scellés de nos locaux, alors que la mise en liquidation de Trimedia vient seulement d’être prononcée.
Nous protestons contre la brutalité de cette décision, qui s’est faite sans aucune explication.
Nous considérons que cette mise sous scellés nous prive abusivement de nos emplois et constitue une interdiction de fait du Journal hebdomadaire.
En effet, nous ne sommes pas dupes de cette condamnation qui, sous couvert de défendre les intérêts des salariés et d’assurer leur protection sociale en faisant appliquer la loi,nous jette dans la précarité.
Curieuse façon en effet de défendre les droits des salariés que de les priver du jour au lendemain de leur outil de travail et donc de leurs emplois.
Nous ne sommes pas dupes, car nous ne doutons pas de la bonne volonté de nos employeurs. Nous sommes convaincus que, s’ils n’ont pas payé les cotisations dues à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et au fisc, c’est parce qu’ils n’étaient pas en mesure de le faire, et non parce qu’ils ne souhaitaient pas le faire.
Nous n’entendons pas être présentés comme des victimes que cette décision de justice viendrait délivrer.
Dans ce pays, où 40% de l’économie est totalement informelle, des centaines de milliers de personnes travaillent dans des conditions difficiles, sans aucune protection sociale et sans aucun droit. Ils sont livrés à la plus grande précarité.
Nous ne nous étonnons pas de la condamnation qui frappe, à travers Trimedia, l’ensemble du personnel du Journal hebdomadaire.
Car nous sommes convaincus que cette condamnation est la conséquence directe d’une ligne éditoriale, que nous soutenons unanimement.
D’une ligne éditoriale pour laquelle Le Journal hebdomadaire a lourdement payé, à force de pressions quotidiennes, de boycott publicitaire et de condamnations faramineuses.
La liquidation du Journal hebdomadaire ne signifie pas la fin de cette ligne, que nous nous efforcerons de faire renaître.
Source : Barricades
Le Roi, première victime de l’exécution du "Journal Hebdo"

Par Khalid Jamai
Mercredi 27 janvier à 18 heures fut passé par les larmes « le journal hebdomadaire » cette exécution capitale était programmée depuis près de 10 ans. 10 longues années où cette publication indépendante était dans le couloir de la mort, attendant l’heure de sa mise à mort.
Et ce pour ses « crimes » innombrables « perpétrés » contre les mensonges de l’Etat, l’affaire du mirage de « Talsint », les révélations sur la participation de certains dirigeants de l’USFP au coup d’Etat avorté menée par le général Oufkir, révélations aussi sur les dessous de l’affaire du CIH et tout dernièrement, sa prise de position concernant Aminatou, sans parler des frasques des puissants du régime, tels les Benaissa, le seigneur des panneaux Monsieur Majidi et autres Abbas El Fassi.
Ainsi, « Le journal Hebdomadaire » aurait commis le sacrilège de lever plusieurs tabous, mis à nu les non-dits et les magouilles d’une classe politique qui voulait garder ses cadavres dans des placards bien hermétiques. C’est dire qu’invoquer le non paiement des cotisations de la CNSS et des impôts relève de la pure mauvaise fois. Cette publication a été, pendant 10 ans, harcelée traduite en justice, condamnée à l’issu de procès, tous, iniques. Et pendant ce lynchage, l’Etat à mobilisé tous ses moyens répressifs. Que l’on se rappelle juste la manifestation orchestrée par le ministère de l’intérieur au moment où y officiait le sieur El Himma, à l’occasion de l’affaire des caricatures du prophète.
De même qu’il faut rappeler et insister sur le fait que tous les ministres de la communication qui ont sévi depuis la mise en place de la dite « alternance concessionnelle », sont issus des partis de la « Koutla » qui, dans l’opposition, se présentaient comme des chantres de la liberté d’expression : Larbi Messari, Achaari, Benabdellah et aujourd’hui l’inénarrable Khalid Naciri. Aujourd’hui, le peloton qui a passé par les armes « Le Journal Hebdomadaire » était constitué, non seulement par El Majidi et son avocat devenu ministre de la justice, le sieur Naciri, mais par Abbas El Fassi, Radi, Moulay Ismail Alaoui, chefs des partis de la « Koutla » dont les formations constituent l’ossature du gouvernement.
Par leur silence, ils ont participé à cette exécution sommaire. Il en est de même de la grande majorité de la gent, dite intellectuelle qui, elle aussi et pendant toute cette harka contre la liberté d’expression et la presse dite indépendante, a opté pour un silence assourdissant, mais combien complice. il est aussi nécessaire de préciser qu’en pourchassant cette partie de presse indépendante, la coalition makhzen- partis politiques- pseudo intellectuels ne visait pas les promoteurs de cette presse uniquement , mais avait pour cible, aussi et surtout, les citoyens et citoyennes marocains qu’elle voulait priver de leur droit à être informés.
Garder le peuple marocain dans l’ignorance, c’est pour cette coalition, jouir d’une impunité qui leur permet d’agir à leur guise, de s’enrichir indument et comme ils l’entendent, de réprimer comme bon leur semble. Mais, cette coalition n’a pas encore pris conscience que l’internet existe, que tout citoyen est devenu un journaliste, que chaque cyber peut se transformer en agence de presse comme en fut le cas lors du samedi noir de Sidi Ifni. Ces « chasseurs » de la liberté d’expression n’ont pas, non plus, compris que l’on peur mettre les gens en prison mais que l’on ne peut mettre la prison dans leur tête.
Plus encore, l’une des victimes de cette mises à mort de la presse indépendante, c’est le Roi Mohamed VI lui-même, car cette presse lui permettait d’accéder à des informations que ni les différents services de sécurités, ni les membres de son entourage le plus proche, ni ses ministres ne les lui communiquent pas la plus part du temps. Et dans les meilleurs des cas ces informations, lorsqu’elles lui sont transmises, sont incomplètes ou, pour le moins, déformées.
De même que cette presse tenait sous haute surveillance les décideurs aussi bien politiques qu’économiques. En exécutant « Le Journal Hebdomadaire », en traquant les confrères de celui, le souverain risque de trouver isolé et ne plus avoir accès qu’aux informations que l’on veut bien lui transmettre, sinon distiller, se privant d’un contre pouvoir dont tout pouvoir démocratique a besoin. Quant à l’acharnement dont est victime le directeur de cette publication, il s’inscrit dans la pure tradition makhzanéenne.
Au demeurant, « Le Journal Hebdomadaire » fait désormais partie de l’histoire de ce pays entant qu’acteur ayant œuvré pour l’instauration de la démocratie et la liberté d’expression. Il a été exécuté debout, sans quémander, sans supplier. Et ce faisant, il a cloué au pilori, et pour les années, à venir ses exécutants, véritables liberticides.
Boubker Jamai décide de s’exiler
L’éditorialiste du Journal Hebdomadaire, Boubker Jamaï, a annoncé mercredi soir avoir décidé de s’exiler pour protester contre la fermeture de sa publication décidée par les autorités pour non paiement "d’importantes dettes". "Je ne ferai plus de journalisme au Maroc et j’ai décidé d’opter pour l’exil volontaire", a déclaré Boubker Jamaï lors d’une conférence de presse à Casablanca. Les locaux du JH ont été mis sous scellés le 28 janvier après que le tribunal de commerce de Casablanca a ordonné la "liquidation judiciaire" de Média Trust, société éditrice du JH (18.000 exemplaires par semaine) jusqu’en 2003. Média Trust avait été condamné pour non paiement "d’importantes dettes" en faveur de la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS), de certaines banques et de l’administration des impôts, avait déclaré à la presse Abdelkébir Tabih, l’un des avocats des créanciers du JH. Le montant des dettes dépasse les 5 millions de dirhams.