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Maroc:Des mineurs de Jbel Aouam fêteront l’Aïd (Fête de mouton) derrière les barreaux

Publie le mardi 2 janvier 2007 par Open-Publishing

Libération
29 12 2006

Des mineurs de Jbel Aouam fêteront l’Aïd derrière les barreaux
Ils avaient revendiqué le droit de bénéficier comme leurs camarades du prêt de l’Aïd Kébir (La fêt de mouton). Mais malheureusement, ils fêteront cette occasion sous les verrous. Une grande déception a régné mercredi dans l’enceinte du tribunal de première instance à Khénifra après son refus d’accorder la liberté provisoire aux deux mineurs de la Compagnie minière de Touissit (CMT), Wahid Beyoussef et Haydar Abdelkerim. Les familles, les camarades, les amis et les voisins ainsi que le tissu associatif de la ville de Khénifra étaient choqués par ce refus en ces temps de l’Aïd Kébir.

Les deux prévenus sont poursuivis par la CMT d’“entrave à la liberté de travail”.L’audience qui a débuté vers 14h30 a été notamment marquée par l’absence des témoins de l’administration qui devraient déclarer que les deux grévistes entravaient la liberté de travail lors du sit-in tenu le 14 décembre. De sources ouvrières, les personnes que l’administration a inscrites comme ses témoins se sont abstenues, alors que des dizaines d’autres ouvriers étaient prêts à témoigner en faveur des deux prévenus. Ces derniers et à la stupéfaction de l’assistance avaient les mains menottées comme de grands criminels, tentant par-là d’intimider les autres ouvriers.

“Comment peuvent-ils être poursuivis par l’article (épée de Damoclès) 288 du Code pénal, alors qu’ils étaient tout simplement en train d’exercer l’un de leurs droits constitutionnels, à savoir une grève pacifiste qui n’entravait aucunement la liberté de travail comme peuvent en témoigner la majorité de leurs amis”, a indiqué un membre de la commission de soutien aux deux prévenus.

Les faits de cette affaire remontent au 14 décembre courant lorsque les deux détenus avaient observé un sit-in pacifique et dans les normes en guise de protestation contre leur refus pour les prêts accordés en faveur des ouvriers à l’occasion de l’Aïd, mais aussi pour revendiquer leur titularisation.

Les deux ouvriers détenus s’étaient sentis lésés dans leurs droits après ce refus du prêt de l’Aïd dont ont bénéficié tous les ouvriers titulaires et temporaires. Leur sit-in de protestation s’est soldé par une décision de licenciement et une arrestation. “A aucun moment de leur sit-in, les deux détenus n’ont entravé la liberté de travail, d’ailleurs, nous avons continué nos tâches quotidiennes, sans aucune gêne ”, souligne l’un des camarades.

Selon les mêmes sources syndicales, les deux ouvriers avaient accepté de mettre fin à leur action sur la base de la satisfaction de leurs doléances, notamment ce qui a trait au prêt de l’Aïd, mais l’administration a vite réagi en procédant à leur limogeage et en faisant appel à la gendarmerie.

La dernière bataille ayant mis aux prises les mineurs de Jbel Aouam et le patronat avait duré 13 jours au cours desquels, les mineurs avaient observé un sit-in aux fonds de la mine Sidi Ahmed. En bref, les doléances des mineurs ne dérogent pas aux droits stipulés par le Code de travail : hygiène professionnelle, respect des clauses des contrats, indemnités sur les maladies chroniques contractées lors de l’exercice de leur fonction.

Libération
29 12 2006