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Maroc : Des mouvements de protestation contre la hausse des prix des produits alimentaires de base.

Publie le samedi 29 septembre 2007 par Open-Publishing
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La suite de l’augmentation des prix des produits de base, une série de sit-in a été organisée ces jours derniers au Maroc en signe de protestation. Appuyés par la société civile, les citoyens sont descendus dans les rues pour exprimer leur colère et demander au gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour soulager la pression économique dont ils sont victimes. Un nouveau sit-in est prévu ce vendredi 28 septembre devant le parlement, à Rabat.

Dimanche 23 septembre, une manifestation organisée à Sefrou a tourné à l’affrontement violent, et plusieurs manifestants et membres des forces de sécurité ont été blessés.

Organisatrice de cette manifestion de dimanche, l’Association Marocaine des Droits Humains (AMDH) voulait en faire un rassemblement pacifique, pour protester contre la hausse des prix pendant le Ramadan. Mais la manifestation est devenue incontrôlable, lorsque des citoyens en colère ont commencé à jeter des pierres aux forces de l’ordre, qui ont répondu par des tirs de gaz lacrymogène. Les manifestants s’en sont alors pris à plusieurs bâtiments publics, auxquels ils ont mis le feu, ainsi qu’à des magasins et des voitures.

Khaled Fathi, responsable de la section de l’AMDH à Sefrou, a résumé la situation pour Magharebia, affirmant : "Nous avions organisé un sit-in à 11 heures, dimanche, qui devait durer 45 minutes. Plus de 2500 personnes y participaient. Nous sommes intervenus pour condamner la hausse des prix, puis avons demandé aux manifestants de se disperser dans le calme."

"La première étincelle a jailli lorsque les forces de police ont provoqué les manifestants en les tabassant et en les injuriant", raconte M. Fathi. "Ceux-ci ont répondu en leur jetant des pierres. Des heurts violents ont alors éclaté dans la plupart des quartiers de la ville."

Le maire de Sefrou, Mohammad Allouache, tient l’AMDH pour responsable de la tournure des évènements, affirmant que ce sit-in n’avait pas été autorisé. Il affirme également que "ces incidents ont causé des dommages sérieux aux bâtiments publics et à des biens privés".

Commentant les événements avec Magharebia, la présidente de l’AMDH, Khadija Ryadi, a répondu en déclarant : "Il existe une forte contradiction entre les propos tenus par le maire de Sefrou et les déclarations faites par des responsables du Ministère de l’Intérieur à l’issue d’une réunion organisée lundi à leur demande avec notre association. Le but de cette réunion était de nous fournir un rapport complet sur ce qui s’était passé à Sefrou. Ils n’ont jamais affirmé que nous étions responsables."
"Le directeur des Affaires Intérieures, le gouverneur de Fez, et le gouverneur de Rabat nous ont dit que le ministère n’envisageait nullement d’intervenir dans les affaires de notre association", a poursuivi Mme Ryadi. "Le gouvernement respecte le droit de manifester, ainsi que les libertés individuelles et collectives."

Un groupe baptisé Coordinations contre la Cherté de la Vie a organisé sa propre manifestation à Rabat le 26 septembre. Abdesselam Adib, le coordinateur de ces coordinations, a réitéré les demandes des manifestants, parmi lesquelles non seulement l’annulation immédiate de toutes les hausses de prix des produits de base, mais aussi le montant des factures d’eau et d’électricité, le coût des traitements hospitaliers et des autres services publics. M. Adib demande également une augmentation du salaire minimum garanti et des allocations fixes, l’application de l’échelle mobile des salaires, le recrutement immédiat des diplômés sans emploi et une remise à niveau des services publics, y compris l’arrêt de la privatisation des entreprises dans les secteurs de l’eau et de l’électricité.

Pour sa part, le gouvernement a expliqué que les récentes hausses des prix de certains produits de base étaient dues aux fluctuations rapides enregistrées sur les marchés internationaux. Lors d’une réunion organisée le 25 septembre, des responsables du gouvernement ont décidé de suspendre les droits et les taxes sur les marchés de gros pendant le mois du Ramadan. Cette mesure permettra d’alléger de sept pour cent le coût de certains légumes de base comme les pommes de terre, les oignons et les tomates. Les participants à la réunion sont également convenus de généraliser l’affichage des prix sur les marchés de gros, pour tenter de lutter contre toute spéculation sur les prix.
Les mesures prises pour soutenir le blé et la farine ont permis à ces produits de retrouver leurs niveaux de prix d’avant le Ramadan, dont le prix du pain, qui s’établit désormais à 1,20 dirham l’unité. Les responsables envisagent de tenir d’autres réunions pour s’assurer que les décisions prises sont bien appliquées.

Source :

www.magharebia.com

Repères :

AMDH : Association Marocaine des Droits Humains, ONG constituée en 1979, reconnue d’utilité publique, vouée à la défense et la promotion des droits humains au Maroc, affiliée à la FIDH (Fédération Internationale des Droits de l’Homme).

Actuellement elle dispose de 70 sections locales et 8 sections régionales et compte 8.000 membres environ dont un sixième de femmes.

Le site web de l’AMDH :

www.amdh.org.ma

Messages

  • Maroc : Le procès des 44 de Sefrou
    un raté du processus démocratique ou un retour aux années noires ?

    Vu d’Europe, les initiatives démocratiques et les diverses actions citoyennes qui émaillent la vie politique du Maroc, sont à accueillir à bras ouverts.

    Néanmoins, les derniers événements et plus particulièrement ceux de Sefrou, liés à la répression des différentes actions menées contre la hausse brutale du prix des produits de première nécessité, n’ont pas manqué d’attirer notre attention et de susciter notre crainte pour l’avenir.

    L’incarcération de 44 personnes, dont un handicapé, deux enfants de 6 et 12 ans et trois membres de l’Association Marocaine des Droits Humains (AMDH), suite à un sit-in pacifique qui a fait l’objet d’une répression violente, en est un exemple marquant.

    La section locale de cette association avait organisé cet événement pacifique afin de protester contre cette hausse qui grève le budget d’une immense partie de la population. Le responsable de l’AMDH a mis fin au sit-in, qui s’est déroulé sans incident, sur l’une des places de la localité.

    Des habitants de la ville (2500), qui subissaient de plein fouet la hausse généralisée des denrées, ont toutefois tenu à continuer leur mouvement, ce qui a déclenché l’ire de la police qui n’a pas hésité à charger sans ménagement.

    Dès lors, la tournure des événements a abouti à divers dérapages et accrochages entre forces de l’ordre et manifestants.

    Depuis lors, la ville de Sefrou est ceinturée par les forces de l’ordre et les allées et venues des habitants sont filtrées. Quant aux 44 personnes détenues, elles sont entassées dans une même cellule à la prison de Fès et attendent leur jugement dans les jours, voir les semaines qui viennent.

    En vue de promouvoir une justice équitable et impartiale, qui ne saurait punir injustement des membres d’une association de défense des droits de l’homme, ainsi que des femmes, des hommes et des enfants qui n’ont fait que crier leur peur de ne plus pouvoir se nourrir comme il se doit, nous lançons cet appel :

    Nous, citoyens de toutes origines, engagés dans la lutte pour le respect des droits de l’homme et des libertés individuelles, dénonçons avec force cette répression injustifiée, le non-respect des droits de l’homme, ainsi que les conditions pénibles de détention et réclamons :

    · l’arrêt immédiat des poursuites et la libération des détenus ;

    · le respect des conventions internationales en matière des Droits de l’Homme ;

    · le désencerclement policier de Sefrou ;

    · l’acceptation par le pouvoir marocain des revendications légitimes du mouvement contre la hausse des prix des produits de première nécessité.

    Nous lançons un appel à la solidarité et à la mobilisation pour les détenus, les habitants de la ville de Sefrou et au mouvement contre la hausse des prix au Maroc envers l’ensemble de la société civile, du monde politique et associatif.

    Comité de soutien aux prisonniers de la Ville des cerises,

    Contact : CoCAB
    Rue du Canal, 4 à 1000 Bruxelles
    Contact : Jeanpierre.boublal@mail.be
    Pétition : www.lapetition.be (Catégorie : droits de l’homme).