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Maroc : La catastrophe, l’horreur : 55 ouvriers morts brûlés vifs dans une usine de fabrication de matelas à Casablanca

Publie le dimanche 27 avril 2008 par Open-Publishing
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Cinquante-cinq personnes sont mortes et 12 ont été grièvement blessées samedi 26 avril dans l’incendie vraisemblablement d’origine accidentelle d’une usine de fabrication de matelas à Casablanca, à 100 km au sud de Rabat.

L’incendie s’est déclenché à 10H00 (locale et GMT) dans une usine de quatre étages située dans le quartier Lissasfa (bien Lissasfa) au sud-est de la ville. "Les personnes décédées sont mortes asphyxiées ou calcinées", a indiqué un sapeur-pompier.

Selon les premiers éléments de l’enquête les causes du sinistre seraient d’origine accidentelle, a indiqué à la presse une source sécuritaire. Le ministre de l’Interieur Chakib Benmoussa, qui s’est rendu sur les lieux, a parlé de "drame catastrophique" et a précisé que le parquet de Casablanca avait demandé à la police judiciaire d’enquêter sur " les circonstances de ce sinistre et d’examiner les conditions de travail afin de fixer les responsabilités ".

"Le feu s’est propagé rapidement à cause du caractère très inflammable des matières utilisées dans la fabrication des matelas", a indiqué pour sa part l’agence marocaine MAP. Des familles attendaient en larmes devant l’usine aux murs calcinés. Les sapeurs-pompiers et les secouristes ont mis plus de trois heures pour venir à bout de l’incendie. Une source sécuritaire a indiqué que les fenêtres étaient protégées par des clôtures en fer forgé et qu’il n’y avait pas assez d’issues de secours.

Le propriétaire et son fils, qui était gérant, ont été identifiés et vont être interrogés, a précisé la même source. Il y avait 155 employés dans l’usine au moment du drame, selon la MAP qui avait fait état précédemment de seulement soixante personnes. Le parquet de Casablanca a ouvert une enquête.

Tous les hôpitaux du Maroc disposant de services spécialisés dans le traitement des brûlés ont été mobilisés, a indiqué le palais royal, dans un communiqué cité par l’agence MAP.

Le roi Mohammed VI a donné instructions aux autorités pour " prendre toutes les mesures nécessaires afin de secourir les victimes et de mobiliser l’ensemble des moyens dans les hôpitaux disposant de services spécialisés dans le traitement des brûlés, y compris l’hôpital militaire Mohammed V à Rabat ", indique le communiqué.

En quelques minutes l’usine de matelas s’est transformée samedi en brasier et ceux qui n’ont pu sauter par les fenêtres ont été happés par les flammes dans l’incendie le plus meurtrier qu’a connu Casablanca, la capitale économique du Maroc. L’usine de quatre étages a pris l’allure d’une prison meurtrière, notamment pour les ouvrières qui n’osaient pas se lancer dans le vide. "Parmi les victimes figurent 35 femmes", a déclaré à la presse un officier de la police scientifique, ajoutant qu’il faudra des tests ADN pour identifier les nombreux corps carbonisés".

"J’ai sauté du troisième étage avec quatre autres camarades alors que les femmes, qui n’osaient pas nous suivre, périssaient dans cet enfer. Dieu m’a sauvé mais je n’oublierai jamais celles qui ont succombé", a confié Hakim Hakki, un tapissier de 31 ans, sur son lit d’hôpital.

Un autre miraculé, Ismaïl Benaahel, 19 ans, a expliqué que tous essayaient d’éviter le piège mortel. "Avec quelques filles, nous sommes montés au quatrième étage pour échapper à la fumée et à l’odeur atroce mais il n’y avait aucune issue de secours. Elles n’osaient plus bouger. Je suis redescendu au second et je me suis emparé d’un extincteur vide pour casser la fenêtre", a-t-il dit.

Devant l’usine éventrée d’où se dégage une odeur insupportable de produits chimiques et de corps calcinés, pleurent des femmes vêtues modestement de djellaba, venues des bidonvilles et de la campagne environnants. "Le propriétaire pensait plus à protéger ses matelas et son matériel qu’à la vie de ses employés", se lamente Fawza Badr, 70 ans, qui a perdu sa fille Hadida, 20 ans. Les miraculés comme les parents dénoncent les conditions de travail et l’absence de l’usine.

Le père d’Abdelazziz Darif, 19 ans, qui a péri dans l’incendie, affirme que son fils " touchait la modique somme de 250 dirhams (20 euros) par semaine et ne bénéficiait d’aucune couverture sociale". "Il n’y avait aucune issue de secours, les extincteurs étaient vides et les conditions de travail étaient difficiles", accuse Fadila Khadija, 28 ans, une ancienne employée.

www.aloufok.net

Maroc : les patrons de l’usine incendiée en garde à vue, sécurité négligée

dimanche 27 avril 2008.

Des portes bloquées, l’absence d’entretien des machines et des négligences dans la sécurité expliquent que 55 personnes soient mortes samedi dans l’incendie "catastrophique" d’une usine de matelas et d’ameublement à Casablanca, la capitale économique du Maroc.

Le propriétaire et le gérant de l’usine ont été placés dimanche en garde à vue alors que sur place la police scientifique poursuivait ses recherches pour établir les causes exactes du sinistre provoqué selon la Protection civile par un court-circuit.

"Le proriétaire Adil Moufarreh et son fils qui était gérant, Abdelali Moufarreh, ont été placés en garde à vue après avoir été interrogés par la police", a déclaré un responsable de la sécurité.

Après la découverte d’un corps sous les décombres dimanche matin, le bilan s’établissait à 55 morts, a précisé en milieu de journée l’agence de presse marocaine MAP. Une source responsable à préfecture du Grand Casablanca citée auparavant par MAP faisait état de 54 morts et 17 blessés.

Il s’avère de plus en plus certain, selon la Protection civile, qu’aucune norme de sécurité n’était respectée dans l’usine Rosamor Ameublement, située dans le sud-ouest de Casablanca.

"Il s’agit d’un bâtiment, composé d’un rez-de-chaussée et de trois étages, spécialisé dans la fabrication de meubles, et il y a donc des produits hautement inflammables", a affirmé à la radio Medi1 le commandant régional de la Protection civile du Grand Casablanca, Moustapha Taouil.

"Or, nous avons pu constater au cours de notre intervention que les exploitants du lieu ne respectaient pas les dispositions légales pour ce type d’industrie, comme l’entraînement et la formation du personnel", a dit l’officier.

Plus grave encore, "le propriétaire, en contrevenant à la législation, enfermait les employés à l’intérieur de l’usine pour, soit disant, éviter le détournement des matières premières. C’est cela qui les a empêchés de quitter le lieu du sinistre", a-t-il ajouté. Selon lui, un court circuit au rez-de-chaussée où se trouvaient des machines de menuiserie a déclenché l’incendie. "Le manque d’entretien des différentes machines et installations électriques est la cause de cet incendie", a affirmé le commandant Taouil.

Plusieurs rescapés interrogés dimanche par la presse sur leur lit d’hôpital ont confirmé les dires de ce responsable. "Toutes les portes étaient bloquées et personne ne pouvait fuir par les issues", a ainsi assuré Smail Benhamed, 19 ans, qui a sauté du deuxième étage.

Certains employés ont en outre dénoncé les pratiques sociales du propriétaire, affirmant n’avoir jamais eu de couverture sociale. "Sur les 400 employés de l’usine, 30 seulement sont déclarés à la Caisse nationale de la Sécurité sociale (CNSS)", a déclaré Fellah Hassan, un tapissier de 30 ans.

Les salaires sont aussi pointés du doigt. "Je gagne 350 dirhams (30 euros) par semaine sans être déclaré", a certifié Smaïl Benhamed.
Un millier de personnes et des centaines de voitures stationnaient dimanche sur le lieu du sinistre, alors que les pompiers avec des chiens et la police scientifique ramassaient méticuleusement objets ou lambeaux de chair calcinés.

Le ministre de l’Intérieur Chakib Benmoussa, qui s’est rendu samedi sur place, a qualifié l’incendie de "drame catastrophique" et a précisé que le parquet de Casablanca avait diligenté une enquête sur "les circonstances de ce sinistre et sur les conditions de travail afin de fixer les responsabilités".

Le roi Mohammed VI a donné ses instructions aux autorités pour "prendre toutes les mesures nécessaires afin de secourir les victimes".

Ce drame intervient dans un climat de tension sociale en raison de la flambée des prix. Les centrales syndicales ont refusé dernièrement les propositions de l’Etat et des organisations patronales, et certaines ont même menacé d’une grève générale.

(Avec les agences de presse - Dimanche, 27 avril 2007).

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