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Marwan Barghouti : deux ans d’une détention cruelle

Publie le mercredi 14 avril 2004 par Open-Publishing

Il y a exactement deux ans, le 14 avril 2002, Marwan Barghouti, chef du Fatah pour la Cisjordanie, était arrêté par l’armée israélienne à Ramallah. Une arrestation qui s’apparentait à un enlèvement. Un coup de tonnerre s’ajoutant pour les Palestiniens aux malheurs de ce qu’Ariel Sharon avait appelé l’opération " Rempart " : la réoccupation brutale des villes " autonomes " de Cisjordanie, décidée après un attentat suicide particulièrement meurtrier commis à Netanya. Alors qu’un crime de guerre était perpétré dans le camp de réfugiés de Jénine, quasiment rasé, l’armée israélienne profitait de la confusion générale pour s’emparer du jeune dirigeant le plus populaire de Cisjordanie. Au point que l’on parlait déjà de lui comme éventuel successeur de Yasser Arafat.

Enlevé dans la maison d’un ami, transféré en territoire israélien au mépris de la quatrième convention de Genève (qui interdit à une puissance occupante de déplacer contre leur gré les personnes vivant sous occupation), il est, depuis lors, maintenu au secret dans des conditions de détention particulièrement cruelles.

Après avoir été interrogé pendant plusieurs semaines dans des conditions qui s’apparentent à des tortures physiques - ligoté pendant des jours sur une chaise et empêché de dormir - et psychologiques - sans contact avec personne -, Marwan Barghouti, emprisonné dans une prison du sud d’Israël, attend toujours que la puissance occupante décide de son sort.

Son procès devant le tribunal de Tel-Aviv - dont le dirigeant palestinien et le comité international d’avocats qui le soutiennent ont toujours récusé la légalité - a officiellement pris fin en septembre dernier. Mais aucun verdict n’a été prononcé jusqu’à maintenant et sa détention vient d’être prolongée jusqu’en mai.

" Je ne peux pas me souvenir, dans toute ma carrière, d’un délai aussi long pour l’énoncé d’un jugement. C’est totalement inhabituel ", affirme l’un de ses avocats palestinien, Jawad Boulos, rencontré la semaine dernière à Jérusalem. " L’attitude des autorités est incompréhensible, ajoute-t-il. Il est clair que Marwan est une carte politique qu’ils veulent garder entre leurs mains. " Dans quel but ? Nul ne le sait.
Un déni de justice d’autant plus grave que les conditions de détention de Marwan Barghouti, de nouveau placé ces derniers mois en isolement total, se sont encore détériorées : " J’ai pu le voir il y a trois semaines, dit Jawad Boulos. Il souffre beaucoup de la poitrine et du dos. Il a de l’asthme et demande régulièrement à voir un médecin, mais cela lui a toujours été refusé. Il n’en pas vu depuis un an. Il n’a jamais pu voir son épouse et n’a reçu qu’une seule fois la visite de ses enfants. "

Son épouse, Fadwa, avocate elle-même et qui anime le comité pour la libération de son mari, passe par des phases de désespoir total. Un désespoir encore aggravé depuis novembre par l’arrestation de son fils aîné Kassam : étudiant en Égypte, il était en chemin pour rendre visite à sa famille quand il a été arrêté au pont Allenby, à la frontière jordanienne ; depuis, il est maintenu en détention par arrêts administratifs successifs et, comme son père, sans aucun droit de visite de sa famille. Cela au nom de la " sécurité " de l’État d’Israël et en vertu de lois d’urgence colonialistes datant du mandant britannique sur la Palestine.

http://www.humanite.presse.fr/journal/2004-04-14/2004-04-14-391894