Médias télé : "Briser les idées reçues sur les migrations" (photos)

de Fernand Nouvet

L’appel pour une émission sur les migrations à France Télévisions, lancé le 24 mai dernier par le syndicat de journalistes SNJ CGT et plusieurs associations de droits de l’homme (le GISTI, le MRAP, la LDH, la CIMADE, le CIEMI, le collectif Bellaciao et l’association Les Oranges), a récolté aujourd’hui près de 7 500 signatures. Les premiers signataires de l’appel ont reçu, jeudi dernier, la presse pour expliciter et relayer cet appel. Pour Joy Banerjee du SNJ CGT, "cette initiative est une première" qui doit interpeller la direction de France Télévisions sur ses programmes, dans lesquels cette question des migrations n’est pas traitée. "C’est une question fondamentale", estime le syndicaliste.

Selon les premiers signataires, il est logique qu’un espace soit trouvé pour traiter cette thématique. "Mais malgré ses paroles, Patrick de Carolis, président de France Télévisions, n’a toujours pas donné de réponse à la demande de rendez-vous pour déposer la pétition. Ce qui, en tout état de cause, montre le peu d’intérêt de la direction du service public de télévision."

Cet appel est le fruit de plusieurs rencontres entre les signataires. De ces rencontres sont nées les premières discussions sur une initiative à prendre. De la nécessité d’apporter aux citoyens l’info la plus pertinente pour combattre les idées reçues. « L’objectif de cet appel, explique Pedro Vianna du CIEMI (Centre d’information et d’études sur les migrations internationales), est de traiter la question des migrations par le dialogue entre journalistes, chercheurs et autres personnes du terrain dont les associations. Il faut apporter des clarifications à cette démarche sur les migrations. » Pour ce responsable du CIEMI, la façon d’accommoder l’immigration à toutes les sauces, mais toujours avec la mauvaise lorgnette, mérite qu’on y apporte des corrections. Pour « cent cinquante millions de migrants, soit 2 % de la population mondiale », il n’y a pas lieu de crier au feu fait savoir Pedro Vianna. Mais chercher à rectifier le regard de chacun sur le phénomène des migrations, en « apportant notre expertise aux journalistes qui pourront s’en servir au mieux ». Roberto Ferrario, pour sa part, appuie sur la nécessité « d’informer autrement les citoyens ». Selon ce responsable du collectif Bellaciao, dont le site Internet de gauche alternative, lancé début 2002, relaie l’appel et les signatures pour une émission sur les migrations à France Télévisions, « on ne peut pas compter sur les propositions absurdes et irréalistes du gouvernement. Il faut relancer la problématique et garder le mouvement actif ».

L’appel n’est pas, selon les signataires, d’ordre associatif, mais politique. Il nécessite de réfléchir sur les mouvements de populations. Pour Bernadette Hetier, du MRAP, « on ne peut plus parler d’immigration. Mais des migrations ». Il faut donc, avant tout, un travail de déstructuration des idées reçues. Que chacun s’interroge sur ses propres migrations. Alors seulement on arrêtera de traiter l’immigration de façon partiale et partielle.

(*) On peut signer cet appel sur le site : http://bellaciao.org/fr/article.php...