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Même chez les saisonniers, l’emploi est à plusieurs vitesses
Publie le vendredi 16 juillet 2004 par Open-Publishing
de Renaud Biondi-Maugey
Seuls quelques « vrais » professionnels de la saison tirent leur épingle du jeu
« Poste à pourvoir de suite : aide cuisinier. Hourtin. » Posée au milieu d’autres,
cette annonce de l’ANPE est significative de la pénurie de saisonniers qui touche
actuellement la côte girondine. « Il manque principalement d’emplois qualifiés,
c’est devenu une denrée très rare, surtout dans les cuisines », précise Sylvie
Leydet, conseillère à l’emploi de l’ANPE de Pauillac.
Certains chefs d’entreprises trouvent la parade en employant en cuisine des personnes
de leur famille qu’ils sont assurés de retrouver à chaque saison. Elizabeth Piano,
patronne du restaurant Chez l’Australien, à Lacanau, a moins de chance. Elle
n’a trouvé aucun cuisinier pour cet été : « Bien sûr, des gens se présentent,
mais pas des professionnels. Nous sommes obligés de former les jeunes qu’on embauche.
En attendant, c’est moi qui fais tout en cuisine. »
Une situation qui s’explique par la durée trop courte de la saison, selon l’ANPE : « Au sortir d’une école d’hôtellerie, le personnel qualifié va directement dans des établissements qui les embauchent à l’année », résume Sylvie Leydet. « Les restaurants de la côte qui proposent des contrats d’avril à octobre deviennent de plus en plus rares, car la saison a tendance à se concentrer du 15 juillet au 15 août », confirme-t-on à l’ANPE.
Onze heures payées sept. Cette pénurie est également due aux salaires, selon Marie-Paule Puch, 44 ans, responsable d’un restaurant à Lacanau : « Les émoluments sont trop bas et découragent le personnel. » Stéphanie, 24 ans, diplômée d’une école d’hôtellerie, confirme : « J’ai travaillé à Lille pendant plusieurs mois en tant que maître d’hôtel. Le salaire est de 2 500 euros pour ce métier. Ici, on me propose un peu plus que le Smic. Alors, j’ai préféré de ne pas travailler cet été. C’est la première fois cette année que je prends mes vacances pendant cette période. »
Absence de contrats signés, journées de onze heures payées sept, non-respect des journées de repos, travail au noir : certains employeurs, peu scrupuleux, découragent les saisonniers. Certains travaillent ainsi plus de six semaines sans interruption alors qu’une journée de repos hebdomadaire est obligatoire. Des situations dont les jeunes arrivant sur le marché du travail sont principalement la cible.
La plupart du temps, les « vrais » professionnels réclament, pour leur part, des garanties et un contrat signé. Le travail de saisonnier demeure donc profitable aux plus avertis d’entre eux. Arnaud, 22 ans, employé de la pizzeria Roma, de Lacanau, fait partie de ces saisonniers « professionnels », au turbin neuf mois dans l’année : l’été au bord de la mer et l’hiver aux sports d’hiver. « Cela me permet de voyager et pour moi, c’est la fête toute l’année. » Une situation qui n’est plus la règle. Même les saisonniers sont désormais une « catégorie » socioprofessionnelle à plusieurs vitesses.
« Certains travaillent plus de six semaines sans interruption alors qu’une journée de repos hebdomadaire est obligatoire »
http://33407.aceboard.net/p-33407-3044-6057-0.htm
16.07.2004
Collectif Bellaciao