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Même dans la police, on peut refuser d’obéir à des ordres iniques !
Publie le jeudi 3 février 2011 par Open-Publishing6 commentaires
Nous accrochant à l’idée qu’on ne peut désespérer de l’être humain, nous prenons sur nous en adoptant un ton modéré malgré l’indignation qui nous saisit devant la multiplication des "bavures" policières et des dérives autoritaristes provoquées par la politique que nous subissons depuis trop longtemps.
Et nous nous adressons aux membres des forces de l’ordre qui s’interrogent actuellement sur ce que le gouvernement leur fait faire, notamment des atteintes graves à la dignité des sans-papiers (mais pas seulement eux).
Mesdames et Messieurs les membres des forces de l’ordre,
Citoyennes et citoyens de France, nous souhaitons vous dire simplement notre douleur et notre fureur profondes, pour avoir été témoins ou eu connaissance d’expulsions d’enfants et de familles vers des pays où la misère et où les risques de mort sont bien connus.
Nous savons que ce n’est pas de gaîté de cœur que certaines et certains d’entre vous accomplissent de telles missions au service d’une politique « forte » qui veut effrayer, croyant (ou feignant de croire ?) que cela aura un effet de dissuasion sur les personnes qui pensent immigrer.
Ce qui est aussi très difficile à accepter, c’est la transformation du rôle de la police et de la gendarmerie. La raison d’être de ces institutions n’est-elle pas en effet de protéger la population et de lui permettre de vivre en sécurité ? Rôle dont nous mesurons pleinement l’importance et la difficulté.
Pourtant, ces personnes qui ont immigré, non seulement ne nous agressent pas, mais sont nos voisin.e.s, nos ami.e.s, nos élèves. Elles n’ont commis d’autre délit que de n’avoir pu obtenir des documents de séjour (parfois même en raison d’erreurs de l’administration, de changement des lois ou de telle politique opportuniste).
Nous nous demandons ce que peuvent ressentir celles et ceux d’entre vous qui, sous la pression des « objectifs chiffrés de résultats », acceptent un ou plusieurs des actes suivants (ou, pour quelques-un.e.s peut-être, choisissent d’aller au delà de ce qui leur est demandé) :
– aller chercher des enfants dans ou près de leur école pour les conduire en centre de rétention ;
– convoquer des familles en leur faisant croire qu’elles vont recevoir leurs papiers alors que ce stratagème conduira à leur arrestation ;
– enfoncer des portes derrière lesquelles se tiennent des enfants terrorisé.e.s ;
– utiliser des gaz lacrymogènes comme le feraient des personnels du GIGN en cas de menace imminente majeure ;
– menotter et malmener des parents sous les yeux de leurs enfants ;
– étouffer des personnes refusant d’embarquer, au point que certaines en sont mortes ;
– accompagner dans l’avion des personnes qui seront violentées ou, pour certaines, tuées à l’arrivée ;
– pratiquer le chantage, l’intimidation, brandir les termes « d’outrage » ou de « rébellion », oubliant les droits des administré.e.s ;
– menacer les citoyen.ne.s qui protestent contre de telles violences ;
– envoyer la Brigade Anti-Criminalité ayant une attitude provocante face à des collégiens soutenant pacifiquement leurs camarades menacés d’expulsion.
Nous ou nos proches avons été témoins de ces situations indignes de notre pays, la France. Les médias, des films des livres, ont déjà commenté ces actes qui choquent l’opinion publique.
Mais il y a aussi d’autres petites victimes de cette politique et, un jour peut-être ce seront vos propres enfants qui vous poseront des questions à la suite de la disparition d’un.e de leur camarade. Nombre d’enseignant.e.s et de parents peuvent déjà témoigner, hélas, des traumatismes qui frappent les enfants de leur école.
Il se peut que la lecture de ce texte suscite comme défense le sentiment de ne faire qu’obéir aux ordres. Nous pouvons le comprendre mais non l’accepter : d’autres ont déjà répondu la même chose à une triste époque pas si lointaine. L’Histoire a su reconnaître celles et ceux qui ont pris la responsabilité de la désobéissance civile et morale.
Au demeurant, nous voudrions rappeler qu’aucune loi ne dispense de respecter les droits humains fondamentaux, qu’aucun ordre ne peut conduire à humilier, molester des gens sans défense. Même dans l’armée, l’obéissance aux ordres reconnaît une limite : celle de la conscience personnelle.
Nous respectons la police quand elle contribue à l’harmonie de la société mais nous ne voulons pas que, malgré l’honnêteté d’une majorité d’entre vous, cette société ne puisse plus supporter l’image globale qu’en donne une minorité. Loin de condamner cette minorité de vos collègues, nous pensons que vous pouvez les aider à retrouver les chemins qui honorent, en tirant la solidarité vers le haut.
C’est donc à un sursaut collectif que nous vous appelons, seul espoir pour que la nation se réconcilie avec vous, avec les institutions chargées de protéger les personnes. En cela, vous aurez su tirer à temps les leçons de l’Histoire.
Si vos organisations professionnelles, vos syndicats portent sur la place publique une parole forte, témoignant de votre refus que votre mission soit dévoyée, alors, avec nous, le pays vous soutiendra.
Des citoyennes et citoyens qui défendent la dignité de toutes les personnes,
celle des sans papiers comme celle des forces de l’ordre.
année 2011
Messages
1. Même dans la police, on peut refuser d’obéir à des ordres iniques !, 4 février 2011, 08:29
Voici un petit texte que j’ai trouvé exellent sur la police : evidement il s’agit d’humour, quoi que ?
http://2ccr.unblog.fr/2010/10/26/police-personne-ne-bouge/
2. Même dans la police, on peut refuser d’obéir à des ordres iniques !, 4 février 2011, 09:25, par Avéléz
Bravo à l’auteur de ce texte.
3. Même dans la police, on peut refuser d’obéir à des ordres iniques !, 4 février 2011, 13:24
En plein dans le mille !
Exellent, notamment ceci :
1. Même dans la police, on peut refuser d’obéir à des ordres iniques !, 4 février 2011, 15:26
Enfin bon, c’est vrai que ceux qui onty fait trop de conneries qui ont entrainé des morts faut pas tout leur passer non plus/
2. Même dans la police, on peut refuser d’obéir à des ordres iniques !, 4 février 2011, 15:55, par bill d’herreberg
certe ne pas condamner mais de la à envisager la ré-education de certains éléments par l’institution elle même je n’y crois pas trop .
Il ne serait d’ailleurs souhaitable que ces élements soient détectés et orientés différemment , sans attendre les exactions .
Quel garanties de sélections opérent et sur quels critéres ?
Finalement ne pas condamner oui , mais dans la même réserve faite au statut de l’être dans sa délinquance ( si on à cette ouverture d’esprit ) . Ca n’empêche pas de juger .
4. Même dans la police, on peut refuser d’obéir à des ordres iniques !, 4 février 2011, 17:49, par richard PALAO
La loi permet à tout fonctionnaire de refuser d’exécuter un ordre lorsque celui-ci est contraire à la déontologie de la profession ou en contradiction avec les lois de la république .
Certains courageux osent le faire mais beaucoup se taisent par peur que leur action nuise à leur carrière .
Dans la police les syndicats sont corporatistes et ne défendent pas ou peu des problèmes de fond comme celui concernant la liberté d’expression ( la leur et celle des citoyens ) , or la police ne sera vraiment démocratique et au service du peuple que si les personnel qui la composent disposent des mêmes droits que tous les citoyens et ne soient pas au-dessus des lois qu’ils sont chargés de faire respecter .