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"Mettre au pas les enseignants pour imposer l’application de la "loi Peillon"

Publie le jeudi 12 juin 2014 par Open-Publishing
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Contre le formatage des enseignants, combattre la “réforme” Peillon

http://69.emancipation.fr/

Rentrée Peillon 2014 = concours “rénovés” et “formatage” des enseignants aux “missions” Peillon.

La nouvelle école Peillon, neijie

Devant la Commission des affaires culturelles de l’Assemblée le 28 mai, "Alain Boissinot, président du Conseil supérieur des programmes, n’a pas caché son intention d’implanter dans l’Ecole des curriculums” (1). Dans ces nouveaux programmes, les disciplines, l’acquisition des connaissances disciplinaires seront marginalisées (les compétences, la morale seront intégrées à ces programmes, de même que leur évaluation). Afin de mettre en œuvre ces nouveaux “programmes”, les “nouveaux” profs, de même que les plus anciens, doivent être eux-mêmes formatés selon les “compétences”. Avec le dynamitage du caractère disciplinaire, annuel et national des programmes, le cadre national de l’enseignement et les fondements même du statut des enseignants doivent aussi voler en éclat (le décret Peillon sur le statut doit faire disparaître les décrets de 1950).

Désormais, le seul objectif assigné à l’école c’est “l’insertion professionnelle” : livrer au patronat une main d’œuvre employable et responsable de son “employabilité”… C’est l’objectif de la loi Peillon, des textes d’application publiés, dont la circulaire de rentrée , et des textes réglementaires sur le point d’être publiés.

D’ores et déjà, les inspecteurs chargés de faire appliquer cette “refondation”/destruction de l’Enseignement public sont diligentés sur le terrain pour faire entrer dans les rangs les collègues attachés à l’enseignement de leur discipline.

(voir le document Évaluation de l’enseignement des langues en PJ lié à cet article sur le site http://69.emancipation.fr/spip.php?article163)

Formater aux “missions” Peillon…

Ainsi, dans l’académie de Lyon, quatre IPR d’espagnol, italien, anglais, allemand ont “visité” (inspecté) les collèges de langues vivantes en binômes pendant deux jours. Ils ont fait un bilan de 12 pages et formulé des préconisations, jugeant négatif le bilan de nombre de collègues. Ces “préconisations” devraient se traduire par 10 à 15h de travail hebdomadaire en plus ! Les IPR ont déjà annoncé qu’ils reviendraient ; ils entendent même imposer une “formation” à certains collègues.

Selon leurs grilles d’évaluation, bien que la “qualité de la relation pédagogique” soit reconnue, propice à l’apprentissage… l’enseignement donné par les collègues devrait être entièrement revu. Il faudrait tout reprendre à zéro : proscrire l’utilisation du cahier au profit du numérique et de supports vidéo, remplacer l’évaluation traditionnelle par le livret de compétences de la 6è à la 3è, s’investir en histoire des arts, s’arranger pour avoir une progression commune trans-langue, avoir des projets avec les autres disciplines…

Lors d’une grand messe à laquelle des collègues de collège ont été convoqués, les IPR ont prêché le plurilinguisme au nom du cadre européen commun (CECRL) : toutes les LV devraient être enseignées en parallèle, de la même façon. Et ils ont annoncé la réduction à 2 heures des LV2 en 5è, 4è, 3è !

Les collègues sont révoltés par cette opération de "formatage" infantilisante, dégradante…

Mettre au pas les enseignants est indispensable pour imposer cette “refondation” de l’école, marginaliser les connaissances disciplinaires au profit des compétences, selon les exigences patronales.

Et le numérique doit, dans toutes les disciplines, être le “vecteur du renouvellement des pratiques pédagogiques”. C’est ce qu’indique la circulaire de rentrée : “La maîtrise [des outils et ressources numériques] constitue une compétence de base qui conditionne la manière d’apprendre [des élèves], de lire, d’écrire de s’informer, de se cultiver et de vivre ensemble”. Le Conseil national des programmes va intégrer l’éducation aux médias dans les nouveaux programmes, les formations en ESPE, la formation continue…

… et encadrer les “alternants”

La circulaire de rentrée fait une large place à la formation des enseignants et aux ESPE. Dès la rentrée, la formation des professeurs se fera par alternance (ESPE/école-EPLE), selon le “référentiel de compétences des enseignants” et le “référentiel de formation MEEF” des métiers du professorat et de l’éducation.

* Les contenus sont donnés par ces référentiels : l’approche doit être multidisciplinaire, le travail en équipe omniprésent. Enfin, formation initiale et continue seront mêlées, la formation continue ayant pour but de favoriser les formations d’équipes en établissement.

Avec le dispositif M yx4 gistère , des formations en lignes, obligatoires et contrôlées vont être imposées en plus du travail en ESPE, en établissement et du travail personnel (préparations de cours, copies, mémoire, etc.). Le numérique permettra “l’adaptation au temps et disponibilités des profs stagiaires” (sic).

* Deux tuteurs (universitaire et “de terrain”) doivent encadrer “l’alternant” (le terme de professeur stagiaire ne figure plus dans le texte) ! “Le tutorat mixte est la clé de voûte” du système, le “cadre où se construit la culture commune des acteurs de la formation” :

 le tuteur de terrain est choisi par l’IPR pour “son engagement dans le système éducatif”, ses “compétences didactiques et pédagogiques” (circulaire de rentrée).
Il doit assurer la formation du stagiaire en conformité avec le “référentiel de compétences des enseignants” (4) et selon la redéfinition du métier en “missions” établie par le projet de décret Peillon (5) sur les statuts ; il est chargé de veiller à ce que le stagiaire ait une “perception claire des missions”, à ce qu’il “s’implique dans le travail en équipe” (lequel devient donc obligatoire).

  le tuteur de l’ESPE intervient dans la formation en ESPE, il établit les étapes du mémoire, etc.

La collaboration entre ces deux tuteurs s’exerce dans des “temps de concertation et de travail collaboratif”. Et ces tuteurs doivent se soumettre à des règles strictes : calendrier annuel du tutorat, cahier des charges de tuteurs, bulletins de visites et de rapports de stages, grilles d’observation, d’analyse comportant des “repères pour l’évaluation”, “livret de suivi électronique de l’alternant”. Ces outils fabriqués selon la logique des compétences s’imposant à tous.

Les tuteurs seront formatés à la “réforme” par des “sessions d’accompagnement avec les inspecteurs” afin qu’ils s’approprient “les outils de suivi et d’évaluation”. Le PAF comportera des formations pour les “tuteurs novices”. Ces formations coordonnées entre le Rectorat et l’ESPE s’adresseront en priorité aux “formateurs académiques” (elles déboucheront sur une mention “Pratiques et ingénierie de la formation”).

Les compétences…

Voilà qui éclaire les motivations des “visites” des IPR et le sens de leurs préconisations : la mise en place de l’école du socle et des nouveaux programmes en primaire et au collège conduit à la destruction de l’enseignement disciplinaire au profit des compétences nécessaires à l’insertion professionnelle. Tel est le sens de la “culture commune” Peillon-Hamon. Le patronat réclame des salariés dociles, avec des compétences évaluées en entreprise, capables de “poursuivre leur formation tout au long de leur vie”, à leurs frais afin de rester “employables”.

…contre l’enseignement disciplinaire

La “culture commune”, c’est la négation d’une culture générale permettant de se forger une compréhension du monde, un esprit critique… La “refondation de l’école” conduit à la mort des diplômes nationaux, des qualifications reconnues dans des conventions ou statuts collectifs, lesquelles limitent la concurrence entre les salariés.

Et la défense d’un enseignement public fondé sur l’acquisition de connaissances disciplinaires conduisant à des diplômes nationaux va de pair avec la défense du statut des enseignants et personnels.

Exiger le retrait de la circulaire de rentrée, la non publication du décret Peillon sur le statut, l’abrogation de tous les textes d’application de la loi Peillon… permet de fédérer, de centraliser les résistances, d’organiser le combat pour l’abrogation de ces lois (Peillon-Fillon).

Exiger l’arrêt immédiat des “descentes” punitives et humiliantes de l’inspection, le retrait des injonctions et des rapports sanctionnant les collègues, telle est la responsabilité du syndicat.

Cela implique que les directions syndicales rompent enfin avec toutes les instances de dialogue social d’application des lois Peillon-Fillon, se situent en défense des revendications et appellent à l’organisation de la mobilisation.

6/06/2014

69.emancipation yx4 gmail.com

(1) Boissinothttp://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/05/30052014Article635370315672207481.aspx

(2) http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=79642

(3) Rapport Évaluation de l’enseignement des langues : en pièce jointe à cet article

(4) B.O 25/07/2013 http://www.education.gouv.fr/cid73215/le-referentiel-de-competences-des-enseignants-au-bo-du-25-juillet-2013.html

(5) Analyses à lire sur le site http://69.emancipation.fr/spip.php?article158 et http://69.emancipation.fr/spip.php?article143

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